l
210
Bibliot.,!", orimtal.,
conJe~ure
qu'apres que les hérl–
'Í1c de !"fellorius
&j
d'Eutychcs eurent éré condamnées
par des c,?uciles
recull)é~iques,
plufieurs
ú~ques, prC~
ncs, religleux
&
atltres s'étant retirés dans les defe,ts
de l'Arabie
&
'de l'Egypte, fournirem
¡,
cet impoCteur
des paíf.1ges défigurés 'de !'.Ecriture Saiñre,
fX
des dog–
mes
m~l COI1~US
&
mal r¿Béchis, .<jui s'altérerent en–
~ore
en paífant par fon imagination: ce qu'il eft aifé de
r~connoltre
par les dogmes de
ce~
anciens hérétiques,
d!fpe~fés
dans,
I'alc.oran,
Le~
Juifs répalldus dans l'Ara–
pie n
y
contnbueren[ pas moms; auffi fe vament-ils que
douze de leurs princípaux doaeurs en Ollt été tes au–
te~rs
, Quoiqu'on n'aie pas de cenitude entiere Cur le pre–
mler de ces fentimens, il parolt néanmoins plus probable
~ue
le fecond; ear eomme
il
s'agiífoir eo donnal1l l'a/–
foran
de tromper totlt un peuple, le fcere¡
&
le fllen–
ce, quelque gromers que paífent eere les Arabes, n'é–
toient-ils pas les voies les plus fares pour accréditer la
frau,de?
,&
n'étoit-j[ pas
it
e(aindre que dans la mulritu–
de 11 ne fe reneomrir quelques eCprirs aífez éclairés pour
ne regarder pas comme infpiré, un ouvrage auquel tane
de mains auroient eu' pan?
- Mais les
M~[ulrnans
eioyent eomme un anicle de
fOi, que leur prophete, qu'i1s difent avoir éré un hom–
me limpIe
&
fans lcttres n'a rieo mis du Cien dans
ce livre; q¡¡'il I'a
¡'e~a
de bieu par le miniflere ' de l'an–
ge Gabriel, écrir [ur un parchemin
fai~
ele la peau du
bélier 'qu' Abraham immola
a
la
place de fon pis
lfa~c,
~
qu'il ne lui fU[
commllniqu~
que fuccemvement ver–
fet
ii
"'erfet eo diff¿rens tems
&
en difréreos lieux pen–
dam le cours de vingt-trois aos. C'eft
a
la faveur de
ces interruptions
qu'il~
prétendent juilífier la confu fion
qui regne dans tout I'ouvrage; confuCion qu'il eft fi im–
poffible d'éclairFir ; que leurs plus habiles doaeurs y ont
Iravaillé vainemcnt: car 1\tlahomet, ou
Ii
I'on veut fon
copillé~
ayant ramaífé
pele-m~le
toutes ces prétendues
révélations ;'
ji
n'3 plus éré poffible de retronver dans
f:luel ordre elles om été enyoyées du cíel ,
Ces yingt-trois ans que
l'
Ange a employés
a
2ppor–
ter
I'alcoran
a
Mahomet, fom, comme on voi!, uoe
meryeilleufe relfource POut les feaaleurs: par-ta i1s fau–
vellt une !nfinité de COQtradlaions palpables qui fe ren–
contrent dans leut loi ,
lIs
leS rcjettent 'pie'ufement fur
D ieu merne,
&
difent que pendani ' ce Ipng ' e[pace de
~ems
il corrigea
&
réforma plulieurs des dogmes
&
des
préceptes qu'il avoi! précédemment envoyés a fon pro:
pbete ,
'
'
"
, Quant:i ce que contient l'
alcoran,
ce que nous en
allons dire , avec ce (¡u'on trouvera
aft mot
M
A H
o~
M E'T
I
S
M
E,
tlÍffira pour donner une idée jufle'
&
com–
plete de la rcligion mahométane ,
.
' ,
, On peut rapporter' en général ' toute fa doarine aux
poims hilloriques
&
dogmatiql!es: les premiers a"ec
quelqtles rraces de vérité, font ¡nelés d'une infiniré de
fables
&
d'abCtlrdités, Par cxemple, on y lit qu'auprcs
le charimeni de'la premiere poile¡ité des
~nfans
d' Adam,
qu'on y "oomme
le 'phu ""cien del prophetes,
l'foé
a–
voit réparé ce que les premiers avoient perdu; ql1'Abra–
ham avoit fuceédé
a
ce fecond, Jofeph an rroilieme,
qu'un miiacle ávolr produir
&
confervé ¡Ylóyfe; qu'
!!ofin faint Jean étoit venu
pr~cher
l'Evangi!e; qU€ Je-
1its-Chrill,
con~11
funs coriuption dans le [d n ' d'unc
Vierge excmpte des tentations du démon, créé du fouf–
tle de Dieu,
&:
animé de fon rain!' Efprit, étoit yenu
l'étublir,
&
que 'M ahomet I'avoi! confirmé, J':n don–
Dant ces éloges au Sauveur du monde, que ce Iivre ap–
pelle
le verbe, la verttl,
l'
ame ,
&
la f orce de Dieu ,
il nie pourtanr
1:,
g¿nération érernelle
&
fa divinité,
&
mele deS' rabies extravagantes 'aux vérirés I:,inres de oo'
fre Religion;
&
rien n'eft plus ordioaire que d'y trou–
ver
a
coté d'une chofe fenfée, les imaginations les plus
ridieules ,
'
j
Quant au dogme, les peines
&
les réeompenfes de
la
~ie
future étam uo motif tres-puiífunt pour animer
ou reteoir!e hommes,
&
M ahomet ayam affaire
:l
un
peuple forl adonné aux plaifirs des fens , il a cro de–
vmr 'borner
la
félicité érernelle
:l
une faciliré faos bor–
nes de contenter 'Ieurs deCirs
a
cet égard;
&
les cM,
timens, principalement
'a
la privation de ces plaillrs,
accompagoée pOUrtaDt de. quelques chfttimens terribles,
moins par
leu~
durée que par leur rigueur,
, En
conféquen~e
iI
eofeigne dans
I'alcoran
qu'il y
a
fept paradis;
&
le )ivre d'Azar aJol1ce que Mahomet
les vit rous;
lnon\~
IUr'
1'~lborak , ~nima!
de taille mo–
yenDe, entre celle -de I'aoe
&
celle du mulet: que le
premier ell d'argent fin; le [eeond d'or; le rroiCiemc de
pierres précicufes, 011 fe trouve un aDge, d'um: main
,ALe
duquel
~
¡'autre il
y
a Coixante-dix mille
joum~es,~.
"ec un bvre,qu'i,1 lir
rO~lours;
le quarrieme eft d'éme–
raude ; le
C111q?le~ne
de
cryo.al; Ic flx ieme de couleur
de fe,u;
&
le lepueme eft un Jardin délicieux arro[é
d~
fontall,les
&
de rivieres de lait, de miel
&
de "in,
n–
vec dlvers arbres totlJours verds, dom les pepins fc
chanJ5em en d,es filies li belles
& fi
douces? que
f1
I'u–
ne d elles avolt cr2ehé dans la mer, Peau n'en auroir
plus d'amertume,
11
aJoate quc ce paradis eft gardé par
des anges, dont les uns om la. tere d'une
,v~ehe,
qui
pone des comes, lefqu'elles Ollt quarante mllle oreuds
&
comprennent quaraute journées de ehemin d'un nreud
a
I'au[(e,
Les
autres anges une 70000 bouches , chaque
bouche 70000 langues,
&
chaque Jangue loue Dieu
70000 fois le jour en 70000 fortes d'idl mes différeos ,
D evam le ¡I¡rone de D iel1 fom quatorze cierges allu:
més qui contiennem einquame journées de chemin d'ull
bout
it
l'autre, Tous les appartemens de ces cieux ima–
glllalres [cront ornés de ce qu'on peut COlleevoir de plus
brillant; les erQyans y feroO! [ervis des mets les plus
rares
&
les plus délicieux,
&
épou[eront des
ho"riJ
ou
jeunes filies, qui, malgré Ic commerce contil1uel que
les Mufulmans auroO! avec elles, feront toajours vier–
ge;, Par ou I'on voit que Mahomet faie
eonfio.ectou–
~e
la béatitude de fes prédeftinés dans les vojupcé's ejes
feos,
L'enfer coolifte dans des peines qui finiront un jour
par la bonté de Maho¡net, qui lavera les réprouvés
dans une fomaine,
'&
les admcttra
iI
un feClin compole
~es
reCles de celui qu'i1
~ura
faie aux
bien~eureux!
lt
admet auffi un JugemeO! apres la mon,
&
une efpece
de purgatoire, c'eft-a-dire, des peines dans le tombeau
&
dans le feir] de la rerre , pour les corps de ceux qui
n'auront pas parfaircmem accompli fa loi,
V.
1\11
u
!{–
XIll
él
NE K IR,
Les dCl1x' points fondamentaux de
I'alcoran
fuffi roiel1t
pour eo délllontrer la fauífeté: le premier ell
la
préde–
flination , qui eonCifte
a
croire quc tour cc qui arrM'c en
tellemcO! dérern¡ioé dans les idées érernelles , que ríen
n'efl capable d'en empecher les eflecs;
&
1'0n fait
it
quel
¡>oim les lV1ufulmaos fom infarués de cetre opil1ion ,
Le fecond eft qU¡; la
r~ligion
mahomécane doit etre éra–
blie fans miracle, fans c!i[pute, fans contradia ion; de
fone que tous ceux qui
y
répugnent doiveO! erre mis
¡.
more,
&
que les lVIufitlmans qui tuent ces illccédu–
les, méritent le paradis: auffi l'hiCloire fait-elle foi qu'eHe
s'efl encore moins érablie
&
répandue par la féduaion,
que par la violence
&
la force des armes ,
, ji
en bOIl d'obferver que
I'a/coran,
tam que véeul
1\I1ahomcr, ne fut confervé que fur des feuille volan–
tes;
&
que ce ti¡t f\boubekre fon (ucceífeur, qui le
premier lit de ces feuilles vqlantes un volume, dollt
il
contia la garde
a
Hapsha ou Aiicha, veuye de Maho–
met, comme I'original auquel on pur avoir recours en
cas de di[pure;
&
comme il y avoir déja un nombre
illfini de copies de
I'a/coran
répandues dans l' Afie, Orh–
¡llall; fueceífeur d'AbQ.ubekrc ', en lie faire plllfieurs
~on
formes :\ l'original qui étoir entre les maios d'Hapsba,
&
fupprima tomes les autres,
Quelque~
auteurs préten–
dent que Mohavia, ealife de Babylone, ayaot faie re–
cueillir les différentes copies de l'
alcora",
confia :\ lix
doaeurs des plus habiles le foin de recueillir tout ce qui
~toie
vérirablement du fQndateur de la feae,
&
tit Jet-
ter le refle dans la riviere, Mais malgré I'attenrion de
ces doéleurs
a
établir un feul
&
meme fonde{llenr de
leur doarine, i1s devinrent' néanmoins les chefs de qua-
tre feaes
diff~rel~ees,
La premiere
&
la plus lup.erftitieufe
ell celle du doaeur Melik, fuivie par les ,Maures
~
par les Arabes. La feeónde, qu'on nomme
l'bne»ia'le,
conforme
a
la traclition d'Ali, eft fuivie par
I~s
Per–
faos, Les Turcs onl embraífé ecHe d'Omar qUl
di
la
plus libre;
&
celle d'Odman, qu'on rcgarde
c~mrne
la' ,
plus Cimple, efl adoptée par les Tanares; qUOlque tous
s'accordem
~
regarder Mahomet comme le plus grand
des prophetes ,
Les principales différenees qul foient furvenues aux;
copies faites poftérieurement
3
celle d'Aboubekre, con–
fiftent en des points 'qui n'étoient pas en uCuge du tems
de Mahomet,
&
qui y
on~
éré
aJo~tés
par les com–
mentateurs pour fixer
&
dércrminer la "eritable
le~on,
&
cela
a
l~exemple
des Maíforetes, qui out aun¡ mis
de pareils points au tene hébreu de
l'
Ecriture,
Voya:
POlllT , '
, Tout
I'alcoran
ell divifé en furas ou ehapitres,
&
les furas fom foufdivifées en petirs verfets mal .coufus
&
fans fuite, gui reífemblenJ plus
a
de la profe qu'a
de la poéfie , La divifion de
l'
ahoran
en furas eft mo-
deme,