ABL
'P.nrce que l'erprit
y
aj0\1t~
un nouveau ul'port, une
.Iouvelle v'Íle. Quelle efi ce[te vl1e ou rapport qu'un
l~l
ablat;f
déli,¡;.ne? ell.-ce le [ems, ou la maniere, on
le prix, ou 1 mfirument , ou la caufe,
&c.
Vous
trouvere¡. ¡ollJours que ce rapport fera quelqu'une 'de
ces vlles de l'efprit qui COllt d' abQrd énollcées indéti–
n iment par uije prépo/ition , & qui font enfui[e d¿[er–
minées par le nom qui fe rapporte a la
prlpr¡/ition:
ce
Dom
~ij
f¡¡it l'applic3[ion; il en efi le complémcm.
A infi
l'
ap/atir,
comme tous les autres cas, nous
donne par
la
nomenc1ature l' idée de la choCe que 'le
mot
/jg,liti~;
tempore,
tem¡;,
fufte,
baton,
mar""
main ;
paere
,.
pere,
&
t.
mais de plus nous connoiífons
par la [erminaifQn de
I'ab/t<eif,
que ce n'efi pas la la
premiere
~énomination
de ces mors; qu'ainú ils
pe
fom
pas le fUJet de la prop0f¡¡ion, puifqu'ils font dans un
cas
obliqu~:
or
l~
vue de l'efprit qui a fait mettre le
mot dans ce cas oblique, efi ou exprimc:e par une
pr!poji/i.n ,
ou indiquée
fi
c!airement par le fens des
autres mo[s de la phrafe, que l'cfprjt apperyoit aiCémcm
la
¡'IRajieion
qu'on doir fuppléer, quand on veut ren–
dre ralfon de la confiruélion. Ainfi obferve?:
I.
Qu'i1 n'y a poinr d'
ab/atif
qui ne fuppo!e une
pré–
pojieion
exprimée ou foufentendue.
2:
Que dans la confiruaion élégante on fupprim e
fouvent la
pr(pojieion,
10rCque les autres mors de la
ph~afe
fonr emendre aifément quelle efi la
prlpojieion
qut efi fouCcntendue; comme!
imeeranee C d!Jare
,.111-
g ftfto, Chrijltll natul eft:
on voit aifément le rappon
¡je tems,
4
l'on foufelltend
ft,b .
3·
Que lorfqu'il s'agil de donner raifon de la con
fil'\laion, comme dans les verlions interlinéaires, qui
ne fom faires que dans cette v-ue, on doir exprimer la
pr!pojition
qui ell foufelltendue dans le [exte élégam de
r
au[eur dont on fait la conllruaion.
4·
Que les meilleurs auteurs L atias, tant Poctes
qu'Orateurs, ont Couvem exprimé les prépolirions que
les maltres vulgaires ne veulent pas qU'OD exprime,
m~PIe l<?rfqu'il ne s'agit que de rendre raifon de la con–
firualon: en voici quelques exemples.
Sd!pe ego correxi
SUB
te tenJore libel/'l.
OVode Pon–
lO, fV . ep. xij. v.
2j.
]'al fouvent corrigé mes ouvra–
ges fOllS vOtre critique.
Marto
SUB
judite palle,.
Perfe,
fato v.
0'01 decet--e./J'e hominllm, ta/i
SUB
printipe mo–
"el .
Marr. liv.1.
I
F/orent
SUB
Cd!{t.u /'<gel.
OVo JI.
Fall. V.
'41. Vacare
ti
negotiiJ.
f'hred. lib.
JI!.
Prol.
~.
2.
P urgare
ti
fo/ij¡.
Cato, de ce rufiid, 66.
D e in-
1"
r ,,; '1ueri.
Cre/ar.
Stlp" re 'lueri.
Hora[.
Vti ¿e
¡¡/i'llto.
Cic.
Vti de '/Jiéloriá.
Secvius.
N olo me in
lempore h.. '/Jideat J.,,,x .
Ter. And.
aa.IV. v. ult.
A~t~J
extrcitationeijue virtutum ;n omni celaJe
"dtce ,
m/~ifito,
afferunt jrltélltl.
Cic. de Senea. n. 9.
Do–
élrma nulJi tanta in il/o tempore.
Acfon. Burd. Prof.
~.
f,r .
'j'.
Omni de parte timendol.
Ovo de Ponto,
l Ib. IV. epifi. xij.
V.
25'.
Frigida de tota fronf.e ca–
Il~¡'at
a'lua.
Prop. lib. JI. eleg. xxij.
Nu mihi Jo/fti–
Ilum '1uid'lllam de noélibul aufert.
Ovid. Trill. lib. V.
cl~g.
x. '.
Temp{1Im de marmore.
Virgo & Ovid.
Vi–
'!',tur
e;r
rapto.
Ovid. Me[am.
I.
V. 144.
Facere de
,"duftna.
T er. And.
aa.IV.
D e plebe Deul;
un Dieu
du commun. O via. Metam. lib.V. v.5'95'.
L a prépolition
ti
fe trouve fouveOl exprimée dans
I~s
bons auteurs dans le meme fens que
poft,
apres :
amli lorfqu'elle ell fupprimée devant les
ab/atift
que
les Grammairiens vulgaiees appellenr
abJo/ul,
il faut
la fuppléer, fi l'on veut cenere caifon de la confiru–
élion .
CltjUl
ti
morte, hie t"till1
&
tricejimul eft annltl.
Cic. 11 y a rrente-trois ans qu'il efi mor[:
a
m.rte ,
depuis fa mon.
SlIr¡ret, ab hil, folio.
Ovid. J
l.
Met.
ou vous voye? que
ab hil
veut dire, apres ces chofes,
apres quoi .
"fam ab re di./iná
,
credo appareblmt do–
mi .
Plaut. Phrenul.
Ab re di'/Jiná:
apres le Cervice di–
vin, apres l' office, au fonir du Temple, ils viendront
a
la maifon. C'efi aillli qu'on di[,
ab " rbe conditá,
de–
puis la fondation de Rome:
ti
tamá,
apres Couper:
Je-
6"ndul
a
rege,
l~ prcmie~
apres le roi. Ain(j quand on
trouve
ttrbe captá t"illmpha'/Jit
;
il faut dire,
ab IIrbe
()apta,
apces la ville peire, ,
L ~élit .
ellit. /itteri.l, '/Jeni–
mm in Jenatllm;
fupplée?
a /,
tt.nltml leéltl;
apres
avoir 1
a
votre leme.
On trouve dans Ti[e-Live, lib.1 V.
ab re maJe gefta,
apres ce mauvais fucce s;
&
ab re bene gefta,
L.xXIII.
apres ce[ heureux fUCGes . E t dans Lucain, L . 1.
poji–
l iJ ab armil
apres avoir mis les armes bas; & aans
O vid. JI. T:ifi.
"deat ftlperato mi/el ab hofte;
que le
foldat revienne apres avair vai.ncu l' ennemi. Ainfi
dan~
ABL
ces oacallons on donne
a
la prépo(jtíon
ti,
quí fe con'
firuil avec l'
ablatif,
le
m~me
feus que l'on donne
i
la pn!polition
poft,
qui fe conllrui[ avec l'
flCcu{atif .
C'efi ainli que Lucain au liv. JI. a dit
poft me d1ltem;
& Hornee, 1. liv. Od. iij.
poft ignem d!theriá
dom~
Jubdttélum;
on vous voye? qu'i1 auroit pu dire,
ah
i/!,n. "'theriá domo ft,bduélo,
ou limplemem,
igne d!the–
riá domo ft,bduélo .
La prépofition
Jub,
marque aum for[ fouvcnt le
tems: eHe marque ou le tems mcme dans lequel la
chofe s'en paífée, ou par extenlion, un peu avant oa
un peu apres I'évcnemem. Dans Como Nepos , Atr.
xij.
0~0,
ft,b ipJa proJcriptiono peril/ufore f,út;
e'efi-a–
dire , aans la méme tems de la prolcription . Le me–
me anteur
a
la
m~me
vie d'Auicus, ch.
10j.
dit,Juh
o«aft' Jo/it
,
vers le coucher du COleil, un peu avant
le coucher du foleil. C' efi dans le méme fens que
Suétone a dit, Ner. 5'.
majeftatit '1u0'l''', Jub exceJlt,
Tiberii , rettl,
ou il ell évident que
¡ub exceifu Tiherii,
veut dire vers le [ems, ou peu de [ems avant la morr '
de Tibere , Au conteaire, dans Florus, liv. 111. c.5'.
ftlh
ipro hofoiJ receffit, impatiente, Jo/i, in afua, ft,al re–
ji/uemnt: [ub
1
fo h'!ftil receifu
veut dlre,
l.'"
de
teml apr<l '1ue
/
ennemi Je fut retiré;
¡¡
peine 1ennemi
s'c!'toi[-i1 retiré.
Servius fue ces paroles du V . liv. de l' lEneid.
'1u.
deinde Juh ip[o,
obferve que
ft,b
veut dire
¡¡¡,
poft ,
apres.
-
Claudien pouvoit dire par l'ablatif abfolu ,
grat,u fe –
ret'fr, te tefte, labor
;
le travail fera agréable fous
vos yeux: cependant il a exprimé la prépolition
gra–
tuhue feretltr ft,b te teft. labor.
Claud. IV. Conf.
Honor.
A l'égard de ces fa<j:ons de parler,
D eo dltce, D éo
jlt7Jant', MttfiJ fa'/Jeneibul,
&c. que l'on prend pour
des
ab/aeifl abJo/ul,
on peut foufemendre la prépolirion
ft,b
ou la prépOlltion
tltm ,
doOl on trouve plulieurs
exemples:
{e'luere hae, mea gnata, tltm D iit 'Vo/enti–
bUlo
Plaut. Perfe. T ite-Live , au Liv. 1. D ec. iij. dit:
agite cltm Diit bene j"'/Jantibul.
Ennius cité par Ci–
ceron, dir :
d0'fue 'lJo/entibul ttl". magnit DiiJ.-
& Ca–
ton au chapitre
XIV .
de
Re
ruft.
dit:
tirmmagi tttm
di'/Jit .
Je pourrois rapporter plu(jeurs autres exemples, pour
faire voir que les meilleurs auteues om exprimé les pré–
po(j[iolls que nous difons, qui fom
foufentendu~
dans
le cas de
l'ab/atif abJo/u.
S'agir-il de I'infirumem? c'efi
ordinairement
tltm,
avec, qui efi fouCcmendu,
ar".,;'
&onfligere;
Lucius a dit,
acriblu ínter fe
crtm
armis
conftigere ternit .
S'agi[-il de la caufe, de l'ageut? Sup–
pléez
ti ,
ab, trajeél1l1 enJe,
percé d'un coup d'époe.
Ovid. V. Fafi. a dit,
Peélora trajeélul L ynceo Caftar
ab enJe:
& au Cecond livre des Trilles,
Neve peregri–
nil tanetl"., defendar ab armit.
Je finirni ceue an ide par un pa!T"age de Suétooe, qui
femble
~[re
fair expres pour appuyer le fentiment
qu~
je vicns d'expoCer. Suélone dit qu' Augulle, pOllr don–
ner plus de clané
a
fes expremons, avoit courunie
d'exprimer les
prépojitio/tl
don! 1a Cuppreílion, dit-il,
jetle quelque fone d'obfcuri[é dans le difcours, quoi–
qu'eJle en augmeme la grace & la vivaci[é . Sué[on.
C. Aug. n. 86. Voici le pafiage tou[-au-Iong.
GemII
eloquendi J..lttUl eft ./eganl
&
tel1cJperatltm: '/Jitath
ftlltentiarllm incptij,¡, atque inconcinnitatc,
&
reGon–
ditorum '/Jerborum, ut ipJe ditit, f<t!toribltl: pr",ipu_
am'l'te ttlram d"xit, Jenft,m animi '1ltam apertiJllmc.
exprimere : 'lttod '1uo faei/illl e!freeret , alt' nembi le–
llorem vel auditorem obtltrbaret a&
morart!t/lr,
net¡ue
prrepo(j[iones
'/JerbiJ addere, ne'l',. conj'tnélionel Ñpilll
iterare d"bito'/Jit, '1Ud! detraéld! offerltnt a/i'l1/id-obJct<- •
ritatiJ, etfi gratiam
(lltg~nt.
Auffi a-[-on dit de cet empereur que fa maniere de
parler étoi[ facile & limpIe, & qu'il évitoÍ! tour ce
qui pouvoil ne pas fe préfemer aifémem
iI
l'e[prit de
ceux
11
qui il parloit.
A1/gltfli p.!omta ac proft1/enJ '11''''
dceebat ¡rintipem e/ofllentia j'trit.
Tacit.
In di'/Ji A ltgufti epijlo/iJ, e/egantia oraeioniJ, ne'll"
morofa 1Je'lue anxia: Jed faci/iJ herc/e
&
jimp/ex ,
A . Gell.
..
Ainli quand
iI
s'agit de rendre raifon de la confiru_
aion grammaticale, on ne doi[ pas faire difliculté d'ex–
primee les
prépojitionJ,
puifqu'Au~ufie
meme le expri·
moit fouvent dans le difcours ordinaire, & qu'on les
rrouve fouvent exprimées dans les meilIeurs auteurs.
A l'égard du Frao<j:ois, nous n'avons poipt
d'ab/atif
abJo/"
,
puifque nous n'avons point de
eaJ:
mais nQus
aVQns des
fayo.nsde
p~rler
abfolues. c'ell-a-dirc, des
phra-