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DU CHEV. GRANDISSON.
I~
fon voyage,
&
fes obfervations fur tous les
lieux qu'il s'éroit propofé de viíiter.
11
avoit
déja
cornmencé
a
remplir cet engagemenr;
&
dans fes dernieres lerrres,
il
leur avoit de–
mandé quelques éclairciífements qui regar–
doient fon gouverneur , auxquels diverfes
raifons ne leur avoient point encore permis
de répondre.
Elles fe réduiíirent a demander fouvent
a
leur pere des nonvelles qu'elles n'efpéroient
plus de recevoir par nne autre voie ;
il
leur
répondoit avec plaifü,
&
quelquefois les lar–
rnes aux reux, qu'il avoit un excellent fils
>
un fils noble ) vertueux , digne de fes ance–
tres. Dans toutes les compagnies
il
faifoit
gloire d'en·e pere d'un fils rel que le úen.
Un
jour milord W .•• qui , depuis la mort de
fa
femme, s'eíl: accordé ouvertement des líber•
tés
dont jufqu'alors on n'avoit fait que le
foupc;onner ( dans ce úecle , ma chere , les
caraéteres vertueux font bien rares) , répon–
dit a quelques amis> qui s'étonnoient que Úr
Thomastint fon fils éloigné depuis tant d'an–
nées, qu'il n'en falloit pas chercher d'autre
raifon que la différem:e des mreurs entre le
pere
&
le
fils,
&
que
fir
Thomas n'étoit pas
capable de fupporter le parallele.
11
s'étoit
familiarifé avec le vice, jufqu'a tourner fes
défordres en badinage avec fes amis. Cepen–
dant
il
ajoutoit quelquefois que fon delfein
él:oit de prendre une conduite plus réglée,
&
qu'alors
il
rappelleroit fon lils ; mais chaque
,a11uée n'apporrant que de vaines réfolutions•