ACTE II, SCENE VI.
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n'est point daos l'éclat dont le sort m' enviro1~ne :
La gloire le promet; l'amour ·, dit-on, le d.onue .
J'en conserve un dépit trop indigne de moi;
Mais au moins je voudrais qu'elle connt1t son roi ,
Que son reil entrev,t, du sein de la bassesse ,
De qui son imprudence outragea la tendresse;
Qu'a l'aspect des grandeurs, qu'elle edt pn partager ,
Son désespoir secret servit
a
me venger.
OCTAR.
Mon oreille, seigneur, était accoutumée
Aux
cris de la victoire et de la renommée,
Au hruit des murs fumants renvcrs és sous vos pas
~
Et non
·a
ces discours , que je ne con<;ois pas.
GENG
IS.
Non, depuis qu'·en ces lieux mon ame fut vaincue ,
Depuis quema fierté fut ainsi confondue ,
Mon creur s'est désormais défendÚ saos retour
Tous ces vils sentiments qu'ici l'on nomme amoul'.
Idamé, je l'avoue, en cette am-e égarée
Fit une impression que j'avais ígnorée.
Dans nos antres du Nord, dans nos stériles champs ,
11 n'est point de beauté qui subjugue nos sens ;
De nos travaux grossiers les compagnes sauvages
Partageaient l'apreté de nos males courages.
Un poison tout nonveau me surprit en ces lieux ;
La tranquille ldamé l e portait dans ses yeux :
Ses paroles, ses traits respiraient l'art de plaire.
Je rends grace au r efus qui nourrit ma colere;
Son inépris cLssipa ce charme suborneur,
Ce charme in concevabl c et souverain du creur.
Mon bonheur m'eút perdu; n1on a_me tóut entierc
Se doit aux grands objets de ma vaste carriere.
Théñtre. 6.
11¡