THÉORIE DE L'AME
HUMAINE:
11
°.
Eft-il indigne de Dieu, d'étre La Caufe e.fficiente du mou–
vement qui -ren{erme quelque chofe d'i!licúe; qui efljoint
a
quelque
péché ,
a
quelque crime
?
Pour répondre philofophiquemem
a·
cette quefüon, il
fa
ut néce{fairement difiinguer deux chofes •
dans toute aB:ion illicite
&
criminelle : favoir, ce qu'il
y
a
de
phyG.que ,
&
ce qu·il y a de moral , dans cette aétion.
11
ne
s'agit
ici,
comme on le
fent
aifément, c¡ue de l'atl-ion
&
du mouvement des· Créatures intefügenres
&
libres : pnifque
ce
font
les feules
a
qui
pniífo.Pterre attribuées des aél:ions
illic:ites
&
criminelies..
Q
u'eíl:-ce que
le Phyjique
d'une aél:ion illicite
&
cri11Jinelle?
C'ےl:
cette aét.ion
meme,
envifagée indépendamment de
la
volonré libre qui la choiíit, qui la détermine , qui en veut
l'exWence. Qu'eíl:-ce que
le
Moral
d'une aB:ion illicite
&
crimi-nelle
?
C'eíl: le
déréglement
de
la Yolomé libre,
qui choi–
fit, qui détermine, qui veut l'exiíl:ence de cette aél:ion; mal–
,gré la Loi divine ou humaine , qui lui cléfend d'en choifir
~
cl'en d~terminer, d'en vouloir l'exifience.
Aucim Mouvement qu elconque,
pris dans ce qu'il _
a
de
phyjique,
n'eíl: mauvais
&
criminel en lu_i-meme, étant
fé–
paré du déréglement moral de la Volonté libre: pui[que ,
íi
ce mouvement quelconque étoit produit par la Créature,
en la fuppofant réellement caufe efficiente, ou en vert ~
d' une comrainte
&
d'une coaél:ion
a
laquelle · elle s'effor<;at
e n vain de réíi11er, ou dans un état de démence
&
de <lérai-
.... frm dans lequel elle n'eu.t aucune vraie liberté ; ce memc
M'ouvement n'auroit évidemmenr rien · de mauvais
&
de
crimine
l.
Un
Mou.vement phyfiqzte
ne clevjent done mauvais
&
crimi–
nel, que par fon rappon avec la
Vo!onré
libre
&
déréglée
! .
qu i en veut,
&
qui en determine l'ex::íl:ence , malgré la ,Loi
· divine ou humaine , laquelle luí cléfond
d'en
vouloir
&
<l'en
czl-éterminer l'exifience.
Le
fentiment
·que
nous adoptons, ainíi que
le
fentiment
qui adqpte le Concours imm~diat, attribue
a
Dieu les aél:ions
criminelles de l'homme: non felon ce qu'elles ont
del'1oral,
en
cp10i
conft,fie le trime; mais'felc>n ce qn'elles ont de
Phyfique,
en quoi il
n'y
a point de crime. Done le fentiment que nous
adopt0ns, n'attrihue rien
a
Dieu , qui foi~ indigne de Dieu.
787.
ÜBJECTION
II. Diel.J produit les aétions criminelies
ele
n-Iomm~, par le libre
exercice
de
fa
volonré. Done Oieu
eO: l'auteur du
Moral
qui
(e
trouve dans ces aét.ions criminel–
lcs de· l'homme.
R ÉPONSE.
Quand
l
'Homine veut
&
détermine
une aB:ion
défo ndue; il la veut
&
i_l
la dérermine par
l'a-xercice immédiat