SON
EXISTENC:E;
Athéifmt;
·473·
tend
a
prouver, par un frivole enchainement de miférables
Sophifmes , qu'il préfente fous fimpofant appareil de la
1
Méthode géométrique, que la Nature entiere, qu'on avoit
toujours regardée comme un immenfe aífemblage d'une
infinité de fubftances ,
toutes difünguées
les unes des
autres, n'eft réellement qn'nne
unique Subflance individuelle,
a
laquelle il donne le nom de
Subjlance univerfelle.
Il eft clair que l'op.inion de Spinofa eft diamécralement
cppofée
a
la fa~on de
penfer
&
de
juger, généralemenr
re~ue chez les hommes;
&
que pour réfuter complettement
une telle opinion,
il fuffit
de faire bien voir
&
bien
fen-–
tir que les Principes métaphyfiques d'od l'on cherche
a
la
déduire,
&
qui feuls pourroient la
fonder
&
l'établir,
ÍQnt
des
Principes en tou.t point mal vus
,
mal confUS
,
qui
ne
prouvent rien
&
n'établiífent rien de ce qu'on voudroit
leur fair~ prouver
&
érablir.
1°.
Le
grand vic~ de
Spinofa ,
en genre de
f
p~culations
&
de raifonnemens, fut de confondre toujours aveuglé–
ment la
Subflance généralifée
,
telle qu'elle exifte dans nos
idées précifives , ave.e les
Subflances réelles
,
telles qu'elles
exiftenr
en elles-memes
&
hors de nos
ldées.
Par
exemple,
Parce qu'il ne voyoit ríen dans l'idée générique de fubf–
tanc~, par
OQ
les différentes fubftances particulieres , com•
prifes fous cette idée qui les confond , foífent difünguées
entr'elles: il conclut qu'il
n'y
a
dans
la Nature
qu'une feule
.&
unique
Subftan.ce.Parce
que dansl'idée générique de fubíl:ance ,
il
voyoit
renferrnée quelque convenance eífentielle d'attrib11ts, quel–
que néceffité hypothétique d'eífence
&
4e nature ; ( car
l 'idée générique de fubíl:ance convient néceífairernent
a
la
matiere
&
a
l'efprit,
a
l'homme
&
au caillou;
&
s'il
exifte
une fubílance, elle exifte néceífairement en elle-meme
&
avec
tcls
&
tels attributs qui la caraélérifem ) : i.l conclut que
la
Subjlance
~fi
néceffaire, étemelle
,
immuable
,
t;,
dans fon ejfence
&
dans fon exiflence.
Uº.
Ceft fur ces ineptes principes, qu'eft fundé tout ce
Syfleme
philofophique
&
théologique ; qui
confiíl:e
a
faire
de
la
Nature
entiere,
une feu/e
f,,.
unique Suhjlanc.e néceffaire>
a
Jaquelle
on
donne le nom
cle
Dieu.
Cette fubftance unique, néceífaire , éternelle ,
efi
capable
ele deux modifications, favoir,
d'étendue
&
de penfée.
En
tanc qu'érendue, elle efi
Matiere:
en tant que penfante,
elle efl:
Efprit:
comme rnatiere
&
comme efprit, elle eft
Dieu.
Les parries ele cette Subftance univer(elle
&
unique ,
font
l'homme, la brute, la terre, l'eau, l'air,
le feu
a
la