THÉORIE
o:e
LA
C~RTit'uoi;
' 1
387.
REMARQUE
f.
Un
Témoin ifolé
peut prefque roujours
avoir quelque morif particulier , qui l'engage
a
trahir l~
vérite : mais
il
eíl
évi<lent qu'une
grande muLtitude de témoins
~
teLs que
nous
l.esexigeons
, ne p·euc jamais avoir un
m¿rne motif
de trahir
la
vérité.
Par exemple., apres
1a
bataille de
Fomenoy,
un Soldat
Franc;ois ou Anglois, pouvoit avoir quelqne morif ou d'efpé ..
rance ou de crainte ou de bizarrerie, qui le pordt
-a
affurer .
que cette bataille avoit été perdne par les Franc;ois. Mais
il faut néceíiairement que les mceurs des hommes ceífent
(l'etre ce qu'elles
font :
pour qu'il foir poffihle que la multi
4
tude
des foldats Fran~ois , des foldats Anglois , des foldau
Autrichiens , des foldats HoU~ndois; qui ont été fpeéhreurs
de cette bataille , s'accorde univer(ellement
&
unanimemem
a
trahir la vérité
&
a
fe déclarer pour le menfonge.
Daos cette permanente rivalité de prétentions
&
d'inté–
rets, dans cet!e dominante
&
roujours fubfifiél-nte oppoft.
1ion de caraéreres, de gouts, de ptincipes,
qui
regne chez
les hommes ; H'eíl:-il pas év idemmenr impoffible que le§
efprits aient jamais tous
,a
la fois
~
un
méme Mvtif général
~
qui
les porte
a
fe
declarer unanimement pour le menfonge;
&
qui décrui(e 1:1niverfellement dans eux, ce penchant naturel
qui les difpofe
&
qui les incline
a
remire hommage
a
la v-érité
connue
? (
381 ).
388.
REMARQUE
II.
Prétendre, avec quelques Philofod
phes modernes , que la certitude
eíl
exclufivemenr attachée
aux príncipes métaphyfiques
&.
géométriques; que les témoi..
gnages humains ne peuvent jamais fonder
&
produire qu'une
probabilité plus ou moins grande , qu'une probabilité
(uf.
ceptible
a
l'infini d'accroiífement ,
fans
pouvoir jamais
fon–
der
&
produire une vraie
&
complerte certitnde :
c'eíl
von•
loir établir 11n
Principe
qui
prouve trap;
un príncipe
d'0u.
réfulte quelque chofe d'évidemment faux ; un principe
qui
par...
la
fe montre fanx en lui-meme,
&
ne prouve rien.
-C
19),;
Car, d'un tel principe il réfulteroit que l'e.xiíl:ence
de
l'Italie
ou
de
1•
Angleterre ,
ne
feroir point certaine, mais
fimplement probable
,
pour un Frarn,ois inflruit
&
éclairé
9 .
<¡ni n'a po,int vu par _lui-meme ces deux concrées,;
& f!Ui
ne connoit leur exiíl:ence , que par les divers témoignages
-
des hommes qui la lui atteíl:em.
Or, il eíl: clair qu'on regarderoit
~
avec
raifon,
comme
un
infenfe ,
tout homme qui oferoit dire férieufeme.m
€11
France , que l'exiílence de l'ltalie ou de l'Angleterre, n'eíl:
que probabre : que cett_e exiíl:ence n'efi: point cercaine d'une
certirnde
emiere
&
complette ,
qui
tranquillife
entiéreme1~~