Uº. Si l'on
juge
des chof~s-~af¡>res une Philofophie· écla-ir-ée
&
réfléchie; on
fe
perfuadera -aifément qué
les Qualités fen ..
fibles des co-rps
ne
font
autre
chofe
que la m-atiere
&
le mouve–
ment
de
ces corps:
q_u-'une
Ma-tiere en tout homog·eny, avec
<lffé-renres co.nf.iguration-s qans fes élémens , avec différens
XJonvemens dans fes par~s fenfibles ou dans fes parties in–
feníible~-
~
eíl: comple~ume·nt·foffifante, fans le feco-urs d,.au–
cunes qualid:s occultes
(98),
pot1·r
/aire naítre en nous une
farde
de Sen,fation.s dijférentes;
&
par
coní'équent ,
ponr
ren–
o.reraifon de ce que
nous nommons amertume dans l'ab.
fynthe, douceur dans le fuere, couleurs dans la h1miere
,
. chaleur dans le feu, froidure ~ans la neige , mélodle oLt
harmopie <lans les fons , folidité ou fluidité dans les corps
(J.Uelconques : qu'ainfr on ne doic adrnettre , dans la
N
ature
J\latérielle , auc~nes
qualifé¡ fenfibles,
qui foient diíHnguées
&
d-e
la fubfiancc
&
de
la confignration
&
<lu mouvement,
des différens corps qui la compoíent.
(Phyf.
144
&
190.).
J5S.
REMAR(2UE.
Cette
Errwr affez. gérzér-ate,
par laq-uelle
nous atcribuons
aux <lifférens c<;>-rps
qui'. forment
la N
ature
vifible , des
Qua/,ités
fenfibl.esdiílinguées
&
de la configura-–
tion
&
du
mouvement de leurs parties matérielles, eíl:
née
dans no-us,
no.n du
témoignage de nos Sen-s,
m~is d'une fauífé
conféquence tirée du témoignage de nos fens.
1°.
Que
nous apprennent nos fens? Ils nous apprennent
qu'il
y
a dans les différens corps qui nous affeétent , une
Propriété permanente,
en
yertu 1e laquelle ils font c.apables
d'exciter en nous telle fenfation organique
&
mentale,
ou
d'a.mertume ,.
ou de
douceut , ou de froidur~ , ou de cha~
leur; telle fenfation organiqu-e
&
memale,. de couleur
gaie ou triíl:e , d'odeur gracieufe ou difgracieufe
,
de gofu:
appétiífant ou révoltant,
&
aio-íi du reíle : ce
q_u-i
eíl: vrai ;
&
en cela no.s fens ne· nous trompent point.
. Hº. De-la
que concluons-nous?
Nous
conduons
que
ces
<!J.·u-alité-s
fenfzbles
des différens corps
,
qualités. que- nous
n'avon-s jamais ·fenties
&
appen;ues en elles-memes,
font
quelque c~of~ dans ces corps , qui reífemble
a
nos
feníá–
tions mentales; font dans ces corps, quelque chofe de
plus
que leur matiere , que la con6guration
de
leur ma tiere,
rque
le mouvement de leu.r maiiere.
. Fauffe conféquence:.
qui
doit e.tre imputée
~
non
a
nas
org_anes, qui fencent
&
ne concluent pas , qui nous annon•
cent telles
&
telles propriétés réelles
&
permane.ntes
dans
les corps, fans décider en quoi confiíl:em ces propriétés
;
mcl:is
a_
noJre efprit qui, pa~ un· jugemeht porté fans motif
&
fans fondem.ent, tire d'un principe vrai, une conféquen~
q1.1i
n'efi
point renfermé.e dans ce príncipe•.
R
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