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THÉORI! \
DE LA
CER
TiTtmi~
C'ERTITVDE
Q.UEFONDE- LE TÉMOIGN.A.G.B DEs ·SE..vs:
. H9·
ÜBSER.VATION.
Un Philofophe célebre, le Púe
Malebranche, a compofé un
fort
long Ouvrage·,
&
a_fait
jouer tomes les reífources d'un tres-beau génie, pour éta–
blir un bizarre paradoxe, que dément
&
détruit la plus
~mple lumiere du fens commun : favoir, que
les Sens nort.s_
trotiJ,pent
&
nous abufent en tout.
Les fens nous trómpent
&
nous abufent évidemment;
dit Malebranche ,
&
fur la grandeur
&
fur la figure
&
fur
la
diíl:ance
&
fur le mouvement
&
fur les qualités fenfibles
des Corps. Les fens ne nous tromEent
&
ne nous abufent
pas moins fur l'exifience memé des Corps: puifque fouvent
ils
nous montrent des corps, la ou il n'y a abfolument point
de
corps.
.
Oµ
ne peut par con(équent, felon Malehranche , fondc;r
&
établir aucune connoiífance certaine, fur le térnoignage des
íens; de quelques conditions que foit revetu ce témoignage~
De
forte que malgré tomes les fenfations que j'ai éprouvées
en
moi, par exemple, depuis que j'exiíl:e,
&
qui font toutes
.relatives ,
&'
a
un corps qui m'appartienpe,
&
a
des corps
qui me foient étrangers; il peut
fe
faire que je ne fois moi•
meme qu'un
Erre purement fpirituel,
fans aucun corps orga•
nifé qui me foit propre;
&
que j'exiíl:e feul avec Dieu feul.,
dans un monde fantafüque, ou dans un monde purement
idéal
&
intelligible.
Par conféquent , felon Malebranche , nos fenfations ne
font
point un
.Moyen de démonflration,
qui puiífe nous donner une
complette certitud~, fur ce qui concerne l'exiíl:ence
&
les
phé~pmenes de la Na1:ure matérielle.
N
ous ·allons faire voir , c0ntre lui, dans toute cette troi~
:fieme Seétion , que .
nos Senfations, en tant que relatives
a
Jivers
Corps,
&
en tant que connexes avec l'indéfeElible véracit¿
d'11,n Dieu
,
font un
vrai
moyen de démonftration
;
qui nous
confl'ate, avec une entiere
&
conÍplette certitude,
&
l'exiflence
&
l,s phénomenes de
la
Nature matérielle, telle qu'elle r1ou,s.
efl
connue.
p
R O P O S .
I
T
I
O N
l.
360.
Les Sen(ations con.flantes
&
unanimes que nous éprou~
11ons en notre Subflance intelligente
&
fanfible
,
nous donnent
une
CYfrtitude
métaphyfique far l'exiflmce
d'un Corps qui
nous
appartienne.
·
DÉMONSTRATION
l.
II nous coníl:e par Ie fentimen-t
in.;
'.time, que nons éprouvons dans nous des Se.nfat-ions con
f–
tantes
&
unanimes , rclaci ves
a
différemes panies.
&
a
diffé;.
,I.