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&
a
des hommes qui converfent avec moi ,.
&
a
des.corps
, de différente efpece, animés on ina.nirnés, q;ui me fon~
préfens
&
qui m'enviro-nnen; ,.
ou font períevéramm~nt
trompel!lfes , ou ne font pas perfévéramment trompeu:fes.
1°. Si
ces fenfations confiantes
&
unanimes ne font pas.
perfévéramment trompeufes: done ces hommes femblables
a
moi,
done ces divers corps, animés
ou
inan-imés, am,..
quels eiles
font
relatives ,
&
donr eUes tr.'annoncent l'exif.
tence ,. font
réellement
exifians; du moins au
tems
oi.r elles.
ne
font point trompeufes. -
Done
il
eíl:
certai n pour moi, d'une certitude métaphy–
que, qu'il exifie ou qu'il a exifl:é., dans la N ature intelli–
gible, & des hommes
femblabl es
a
moi,
&
des corps de.
-différente efpece, dií½ingués du corps qu¡ m~appartient
~
&
qui fait partie de moi -meme. Done nos fenfations font:
un
motif
'irréfragable ,
un
vrai
Moyen
de démonflration,
qui–
nous confiare,
a-vec
une entiere
&
€omplette certitude , .
l'exifrence de divers hommes en g~néral, de divers c.orps
en
général.
Done il
eíl:
faux
que nous
n·ayons
a-ucune
certitÚde·mé..:
taphyíique de l'ex:iíl:ence des corps en, général, ainfi qu~.
le prétend Malebranche,
fi
ce_
n'efr par le. témoignage d~
la Révélation divine
:
puifque le témoignage de nos fenía•
tions,
indépendamment de toute révélation
divine,
nous.
donne u ne telle certitude métaphyíi.que;
fi.
on ne les fup..
pofe pas perfévéramment trompeufes. ll nous
refte
dp11c
~
faire voir qu,.on ne peut les fuppofer telles , fans
une.
abfur~·
diré manifeíl:e.
-
.
llº.
Si
ces
fenfations coníl:antes
&
unanimes
fon-t
perfé-...
véramment trompeufes; done Dieu, qúi feul pr.oduir
& .
peut produire en
moi
ces diverfes feqfations,
qui
me
trom–
pent perfé véramment,
&
dont je n'ai aucune raifo.n de me:
<4efier,
eft un charlaran
&
un impoíl:eur , qui me joue
&
qui
m'ahu{e
:
femblable
a
ces vils bateleurs , q-ui mettent:
leur
miférable
gloire
a
en
im
pofer
par de vaines
appa~
rences.
·
Car, pour que mes fenfations con!tantes
&
unanimes;.
,relatives
a
des- hommes·,
a
des
brutes '
a
des aíl:res '
a
des–
végétaux,
a
des
minéraux,
a
des corps d:e toute efpece;
me trompent fur leur objet; il faut évidem1nent, 'de l.'avelle
meme de Malebranche , que
l'
Auteur de la ~ature pro–
duife en moi par lui-meme, ces <lifférentes fenfations, re-–
latives
a
des objers imaginaires
&
fantafüques. 11 faur, pat·
conféquent, que l'Auteur de la Nature, par un charlata–
nifme éviclemmel'lt indigne
&
de
fa
grandeur
&
de
fa
fageffe ~–
ait
v011lu
follement
&
fans aucun
motif que
puiife avoue.i--