TÉMOIGNAGE
ots SENs;
Ía r;ifon ,
fe
faire un miCérable jeu de me tromper fans ceffe,
./;,{ de m'ind'uire capricieufement
&
abfúrdement en une
infiníté d'erreurs; d'efreurs permanentes, d'erreurs invin–
cibles
,
d'erreurs univerfelies , d'erreurs extra:vagantes
&
clans leur príncipe
&
dans leur objet
&
dans leur (ujet.
11
eft
clair q,ue ce que je dis ici de moi , peut fe dire éga•
lemenc de ehacun de mes femblables;
&
que l'induél:ion
particuliere devient générale
&
univerfelle.
·
Or, il e:íl: évidemment ~mpoffible, de· l'aveu meme de
Malebranche _, q~1e l'Auteur de la Nature , foit un charla–
tan
&
un impofieur: done
il
e:íl: évidemment imp.offible
que mes fenfations Joient perfévéramment trompeufes.
Done je Cuis métaphyfiq11ement ffir., par le motif de mes
fonfations , qu'il exi:íl:e o
n
qu'il a
e
xifié .,
da.nsla
N
atúre,
&
des hommes femblabJes
a
moi,
&
des corps de différenre
efpece. Done tout homme qui épro\1ve de femblables
fenfa~
tions, a la meme certitude.
C.
Q.
F. D.
DÉMONSTRA'rION
II.
Je fuis métaphyíiquemem fur,
pa_r
le
témoignage du fentiment inti1:ne, que
j'ai
cru
lire des
hijloires;
qui , en m'expofant les phénomenes de
1a
Naturc,
les révolutions des Empires
&
des Répuhliques , m'ont
~
appris qn'il y a eu , dans des fiecles antérieurs
a
mon
exifience , des tremblemens de terre , des écli p(
es
de folell
&
de 'lune, des orages
&
des tempetes , des villes facca~
gées
&
détruites , ;des campagnes ino~dées
&
déyaíl:ées,
eles Nations acharnées
a
fe faire
la
guerre,
a
s'égorger
&
a
fe
détruire réciproquement.
Sur
quoi je raifonne ainfi.
Ce
que j'ai appris
darrn ces hif ...
_.toires , réelles ou imaginaires , -0u eíl: vrai,
ou eíl:
fa
ux.
S'il efl 'Vrai:
done il
eíl:
inconteíl:ablement für
&
certain,
que
je ne
fois
pas l'urriqne ouvrage du Créateur ;
que
}e·
J}'exi!le
pas
feul, dans un monde purement
imelligible;
qu'il
y
a
ou qu'il
y
a
eu , dans la Nature intelligible,
~
d'autres hommes
&
d'autres corps, tels _que ceux que m'y
montrent ou que paroiíient
m'y
montrer maimenant mes
divers fens.
S'il efl
faux:
il eíl:
évident que ces fauífetés, que ces illt1·
íions, dont j'ai été imbu
~
&
perfuadé , ne me viennent que
de l'Etre incréé
&
créateur, feul auteur
-de
la féduB:ion
&
de
l'impo:íl:ure.
Or
~
il
eíl:
évidemment
abfurde
de füppofer que l'Etre
incréé
&
créateur puiífe jamais erre la
fo11rce
&
l'auteur
de la f~duélion
&
de l'imp<?ft11,r~
:
qu~
l'Etre, inc;;réé
~
~réateur ait pu ou voulu me perfuader ·fauffemcnr que
Je
renois
eh main des
volumes, que je1ifois des
hifioires,