TÉMOIGNAGE DES
S:rns;
effeél:ivement aucun corps
a
foíl:enter ,
a
conferver
,
a
gou–
verner ; aucun rcor:ps qui nous foir propre
,
&
qui nous
irítéreffe: quelle fin, digne de
fa
fageffe,
a
pu fe propofer
J'Auteur de la Nature ; en incorporanc en quelque
forte
avee notre fubíl:ance puremenc fpirituelle , ce ·deíir fans
ceífe renaiffant de divers alimens, dont elle ne peut avoir
-aucun befoin; ce penchant véhément
po.urune foule d'ob–
jets fenfibles, qui n'ont rien de com
mnn avec elle ; cette
affeél:ion indeíl:ruél:ible pour un corps imaginaire·, qui n'exiíl:e
pas; cette craime inquiete
&
permanente d'une déíl:rué'cion
&
d'une diffolurion, qui font chimériques?
Pourquoi a-t-il
fallu,
dans les vues du fage Auteur
de
]a
Nature, que pour avoir la fenfation de la lumiere
~
de
·· la
chaleur, des alimens, des odeurs,
de
la mélodie; je
fuffe perfévéramment dans lafau._ffe
Perfyafion,
que j'ouvre
mes yeux
a
la lumiere, que je me trouve place aupres
du
feu, que je broie des alimens dans ma bouche, que j'ap–
plique mon od.orat
a
un
corps odoriférant, que
je
rend~
mes oreilles attentives
a
uri
concert mélodietÍx?
11
efr évirlent que tour cela eíl: inntile
&
inepte ;·
{i ,
etres
purement fpirituels, nous n'avons point de corps qui nous
appartienne,
&
qui faffc panie de no-us-memes.
11
eíl: done
évident que l'Auteur
de la
Nature, qui ,ne fait rien d'inu–
tile
&
d'inepte '
a
uni notre etre intelligent
&
fenfible,
a.
un
erre matériel
&
organifé, d'ou réfülte un méme tout;
&.
.qt,1e prétendre ou fuppofer ,
avec Malebranche , qu'il
eíl: poffible que _nous ne foyons qu'nne fubíl:ance pur,ernent
fpiritµelle; c'~íl: avancer
ou
fuppofer
une
abfurdité mani·
f
cfte.
C;
Q.
F.
D...
PROPOSITION
II.
361~
Les Senfations conjlantes
&
unanimes que notts éprou-·
'f/Ons dans 11otre ame
,
nous donnent une
Certitµ.demétaphyfique
.
fur
l'exiftence de di'vers hommes
en
général, de divers corps en.
général,
áans
la Naw're.
DÉMONSTRATION
I.
Par le fe.ntiment inti~e , je fuis fur
d'une
certitude métaphyfique, que depuis que je penfe
&
que
je me connois,
il me paroít
que je converfe avec d'au–
tres
hommes; que je vois dans le ciel, des aíl:res brillans
de
lumiere; que j'0bferve dans l'atmofphere, divers phé'-
. nomenes intéreífans; que _j'admire fur la terre, une pro–
digieufe variété de plantes
&
d'animaux. ·
Sur quoi je raifonne ainú. Ces fenfations coníl:anres
&
imanimes ,
que je fen~ en mon ame, ces fenfat ions relatives