THÉORIE G:ÉNÉilALl! DES ÍTRES~
·objer que
des chofes impoffibles
&
conrradiél:oires dans
leµr
n :i ture.
llº. On nomme
E tres de raifo-n.,
des etres que n ::.tre efprit
con~oit, ou que norre i
magination
fe
repréfente ; mais
qui
n'ont jamais eu
&
qui n'
auro.ntjamais une exiflence réelle~
Tels fom les Efprits-follets, les Syrenes, les Fées, les Mu–
fes ,
des chevaux
ailés,
des taureaux
volans,
&
autres chofes
fomblables. Tels fom encore les objets de nos idées
abíl:rai–
tes,
par exemple , des idées qui nous repréfentent l'homme
en
général, la brute en général, la matiere ou l'efprit en
général; le(quels objets n'exiíl:ent nulle part dans cet
état
d'abfiraél:ion , ou ainú génér'alifés.
_
La chimere répugne: elle n'a
&
ne peut avoir aucune
exifience.
L'erre
de raifon ne répugne pas: íl n'a poiot
d'exiíl:ence réelle hdrs de notre efp•·it; mais il ne feroit
pa~ impoilible qu'il
eut ,
hors de notre efprit , une exifience
réelle.
11
n'exifi~ pas des Fées: mais il n'efi pas impoffi.ble
que des Fées exiíl:ent.
11
n'y
a point <l'objet dans la Nature,
qui
foit
purement
&
fimplement
ce
que repréfente l'idée
abílraite d'animal , fans rien de plus
&
ele moins : mais
il
ne répugl'le pas qu'im tel objet exifie dans la Nature.
Ill<i>. On nomme
auffi
quelquefois in<lifféremment
Etres
'de raifon
,'
t@us
les ecres quelconques qni n'ont jamais eu
&
qui ne doivent
jamais- avoir
d'exiíl:ence réelle hors de
nos idées:
foit qu'ils répugnent, foit qu'ils ne répugaent
pas. C'eíl:
ainfi
qu'on
dit:
un bceuf
1101,znt
&
un cercle quarré,
font des étres de raifon :
quoique le
dernier
répugne
&
que
le premier ne
répugne pas
en
lui-meme.
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1.\-J
O Y E N
,
C H E Z
L E S
S
U B S T
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N
C
E.
S.
IN TELL I GENTE S.
·141.
DÉFINITION.
Se propofer une fin
dans
fes opéra
0
tions .,
mettre
en reuvre des moyens propres
a
conduíre
a
la
fin qu'on fe propofe., connoírre le rapport eles moyens .
<}lle
l~on
emploie,
avec
la fin que
l'on
a en vue; tel eíl: le
fu~
blime @ifHnétif d'une Puiírance intelligente.
1°. On nomme
Fin
,
dans les opérations d'une Puiffance
intelligente, la chofe meme qu'elle a dire&ement
&
prin–
cip.lement en vue, en agifi'ant; la chofe meme dont la
períd
· peé'l:ive
la follicite
&
la
détermine
a
agir.
· Par exemple, la fin du Commefc;ant, c'eft la forcune ;·
c'el't-a-dire ,
l'aifance ou l'opulence ,
a
laquelle conduit
la
eommerce. La fin du Conrtifan , c'eft le crédit que donne
la
faveur du
Prinee.
La
fin de l'homme qui plaide, c'efr le·
gain de fon preces; c'eíl:-a-dire, la jouiífance du bien ·qu'il
poífede
&
qu'on.veut lni ratir,
au
du bien
qu'on lui a ravi