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·108
'
THÉOR.IEGÉNÉRALE
DES
tTREs:
1°. On n@mme
Science, dans le premier [etzs,
une
Imnierd
;de
l'efprit 'par laqnelle nous
eíl:
préf.entée
&
maoifeíl:ée
~
ou
la
véri't:é de quelque príncipe-certain
&
évident, ou quelque
vérité
qui découle vifiblement
&
indéfeaiblement d'un prin–
cipe
reconnu pour cerrain
&
pour
évident.
La
Science exclut néceífairement le doute : parce qu'étant
fondée
&
établie fur
l'évidence,
elle
enrraine invinciblement
l'acquiefcement
&
l'adhéíion de l'efprit.
IIº. On
nomme
Scie-nce,
dans
le
fecond fans,
un
enchai–
nernent <le vérités fpéculatives ou pratiques, toures fondées
&
érab!ies fur l'évidence, tomes dédui res de príncipes in–
conteíl:ables
&
lumineux. Telle eíl: la Dialeétique, la
Ge0-
métrie, l'Arithmétiqne, l'Algebre, l'Opriqne, la Méchanique,
rI-Iydrofiatique,
&
a
certains égards la Morale;
&
ainíi du
reíl:e.
(:23).
147. REMARQUE
l.
Dans
prefque tous les fiecles,
l'exif–
tence d'une
vraie
Science,
a
été
mife en probleme
:
c'eft-a–
dire, que l'on a demandé ou que l'on a douté, s'i-l
y
aquel–
que chofe de certain dans les connoiffances humaines ;.
&
:fi ,
dans ce que nous regardons comme vrai
&
comme réel ,
tout n'eft pas pure illufion de notre efprir.
La Se&e Pyrrhonienne fir une profeffion ouverte , de
n'admettre aucune Science, de ne reconnohre aucune con•
noiffance c0mme certaine ; de révoquer rout en doute,
fans en excepter ni la vériré des premiers príncipes, ni la
certitude des faits les plus authentiques , ni 1'exi.ílence des
corps, ni l'exiftence de nos fenfations
&
de nos idées. Les
panifans de cette Seél:e, fe <lécorerent du nom de
Philofo–
phes Sceptiques
:
mais les tetes fenfées les condamnerent au
mépris que méritoit leur abfurde philofophie. ("")..
Le Sceptique Sextus-Empíricus, nous a confervé les pré–
tenti0ns
&
les raifonnemens de
fa
Seél:e, dans fon fameux
Livre'
contre
les
Mathématicie11s
:
c'eft le nom grf:néral qu'il
donne
a
tous ceux qui ·
fo111t
profeffion de qu~lque genre
. (*)
ETYMOLOGIE.
Sceptique :
~,w;c·,z-,x.o;
,
homme
indécis
&
in•
eertain'
fur
tous les objets des connoiífances humaines: cle
z~e'l'IJ'""
TOff,(Jf,I,
circumfpicio, delibero
,
nihil judico.
U~e telle indécifion peut
naitre ou d'un défaut d'idées & de jugement, oa d'une tumulmeufe
<1bondance d'idées fans jugement.
Un
homme qui
fe
donne pour–
Sceptiq_ue ou pour Pyrrhonien, ne pe\:lt etre ou qu'un impofteur–
effronte·, qui trahit 1mpudemment
fa
penfée ; ou qu'un imbécille
achevé, qui m<!-nque totalernent de la faculté de penfer & de ju~er.
·
·
La
Sea.e académique
étoit un
peu différente
de la
Seél:e fceptt q_ue.
Celle-ci
décid oit
qu'il
n'y
avoit
rien· de certain , qu'il
falloit
dou.. -:–
ter
de tout:
celle -la
J?ropofoit tout
avec doute,
"fans.
<lécider que
t out fut <leuteux, qu'il
n'y eut
rien. de
ce~tain..
_