SunsTANCES ET MoDIFICATIONs;
ro)
&
qu'il veur recouvrer. La fin de l'homme de Lettres, c'efl:
la
gloire; c'eíl:-a-dire, l'efi_ime attachée
au
mérite ·connu~
,La fin· du
Chrétien , c'eíl: la plénitude
&
la
perpétuité du
bonheur , dans l'éterne1le Patrie.
IIº.
On nomme
Moyen,
dans les opérations d'une Puiífan.
.ce intelligente, .tout ce qu'elle fait jouer de machines, tout
ce qu'elle emploie de manreuvres,
touc
ce qu'elle étale de
raifons, tour ce qu'elle
fe
donne de
fo
1
ins
&
de mouvemens,
{don l'exigence des chofes, pour parvenir
a
l_a fin qu'elle
a
en vue.
Par exemple _, le moyen
qpi
conduit le Commen;ant
afa
:fin
,
a
la fortune; ,c'eíl: la fc.ience de
fa
profeffion ,
~
l'ap-
1
plication
a
fes affaires,.
Le
moyen qui mene
le
Courtifan
a
fa
fin ,
a
la faveur di, Prince; c'efi l'art ou le talent
de
fe
rendre aimable ou néceífaire. Le rnoyen par ou l'A~bitieux
arrive
a
fa
fin, aux poíl:es les plus éminens; c~eíl: fbuvent
une longue fuite de baífes intrigue~ , de manrenvres téné–
hreufe~ dom rougit la grandeur
&
la vertu. Le flloyen
par ou parvient l'Homme de Lettres
a
fa
fin,.
a
la gloire;
c'eíl: le génie uni au travail. Le moyen par ou le Chrétien
atteint
a
fa
fin '
a
la plénitude
&
a
la perpétuité
du
bonheur
dans une nouvdle vie; c'eíl: la faite des vices qu'anathé–
matife
&
la pratique des _vertus qu~ commande l"Evangile.
142.. REMARQUE
l.
Il y
a une
mutuelle
réciprocité d'influence,
entre
la
fin
&
les moyens. ia fin fait naitre les moyens : les
moyens font naitre la fin.
·
1°.
Par exemple, la vue d'une grande fortune encore
a
faire, follicite
~
déter.mine un jeune Négociant,
a
mettre
en reuvre- tout ce
qu'il
a de talens
&
de r~ífources
,
pour
parvenir
a
cette
gran_de
fortune:
voila
une'
fin,
qU;i n'exifie
entore qu'en ,idée,
&
qui
fait naitre des moycos réels.
Les
talens
&
les reífources
du
jeune Négociant, mis habilement
en
reuvre, produifent enfin cette grande fortune qu'il avoit
en vue:
voila
des moyens quí cffeél:uent , qui'rendent réelle
&
exiíl:ame, la fin
qui
a donné lieu
a
leur e:x:iíl:ence.
IIQ.
La fin eíl: antérieure aux moyens,
dans
-l'intention:
puifque c'efi la
fin
qui
fait
nai\re les moyens. Les moyens
font
antérieurs
a
la
fin,
dans l'exécution-:
puifque '
ce font
les moyens
qui
effeél:uent
&
qui réalífent la fin.
..
143. REMARQUE
IÍ. 11
eíl: certain,
&
notre propre
ex–
péri_ence nous le confiate
&
nous le
fait
fentir , que
la
perf–
peflwe de la ftn ,
a
une influence réelle fur la Puiírance in–
rel_ligen~te :
que
!a perfpeétive
de
la
fortune,
par
exemple,
anime
&
meten
1eu
tomes les facultés
del'
Ambitieux; qlle
la perfpeél:ive de la
gloire,
fait
naitre des prodiges de cou•
\ 1