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,\CI-

glisses; on cite par exemple le mot

asnuta,

accusatif de

asno;

mais

plusieurs manuscrits donnent en cet endroit la forme

llamata,

llama,

qui est parfaitement péruvienne, et le contexte répond plutot au

llama

r¡u'á

l'une.

On y parle, en effet, tlu long con de l'animal nommé dans le

dialogue, et ce trait fort naturel

á

propos du llama ne peut nullement

s'appliquer

a

l'úne

(1).

An temps de la conquéte, l'usage des cho:mrs ly–

rir¡ues

r,

la maniere antique était entiérement inconnu en Espagne, et

a

plus forte raison en Amérique, oú les colons n'avaient poin t de théatre.

Qui done aurait eu l'idée d'imiter

á

chaque scéne l'originalité des formes

helléniques, surtout dans un pays oú l'on ne connaissait point la Htté–

rature grecque

1

Si l'APU-ÜLLANTAY est de VaJdez, et postérieur par

conséquent

á

la révolte de 'fupak-Amaru, comment n'y trouve-t-on

aucune allusion aux événements dnjour, aucun parallele entre la condi–

tion du pays sous le gouvernement des Incas et sous le despotisme

espagnol

~

"J'ai cherclle un mot qu'on pút appeler moden1e, et c'est

a

peine si

j'en ai trouvé un seul : IcHUNA (1), qui signifie la

{aux

ou faucille, et se

trouve employé comme embléme de la mort. Cependant l'action symbo–

líque exprimée clans ce mot est grecque et non catlwlique; l'iclée qu'il

rend était naturelle chez une race agricole. Pour le Quichua laboureur

comme pour le Pélasge, la mort est une moissonneuse qui fait cltaque

jour sa récolte. On ne peut done aífirmer r¡ue cette image soit venue pré–

cisément par le catlwlicisme clans un pays oü l'on tronve des vases, eles

édifices et tonte une langue analogues aux vases, anx éllifices et anx

langues pélasgiques.

" Quant au sujet

el

u drame, on ne peut douter qu'ilne soit rort ancien,

(') Voü· nos notes aux vers 264, GG9

et

1210, oü nous discutons les seuls mots

espagnols qui se soient glissés dans quelqucs manuscrits. Ces mots n'étant qu'au

nombt·c de trois, bien loin ele nous étonner rle lcur présence, nous avons plutüt lieu

d'iltrc surpris que ces manuscl'its, copiés par des Espagnols, n'en renferment pas

tiavan tage.

(') Ce mot est tout-á-fait t¡uechua. Yo ir le

T'ocabnlaire

linál. Ce que

Lopex

veut dire,

ce n'est done pas que le mot soit moclct·ne, mais que l'emploi quien est fait ponr si·

gnifier !'arme mise entre les mains de

h

mort personnifiée pourrait scmbler moderno.

Qnantúln raison qu'il rlonue pom· pron ve;· le contrair·c, et qui eoncluit a la meme conclu–

sion que celle que l'on ti'Onvc dans Tsclmdi (p. 33 ele son

Ollanta)

á

propos de la meme

qncstion,elle est tout-a-fait acceptable. A l'appui de l'opinion de ces auteurs, j'ajouterai

que les Indiens pet·somlifiaient la mort sous la figure d'uue femrne vétue de noir. Le

quatrain bien counu qui se troilve dans

Don Quichotte

(2'Part. Chap. 38): • Yen, muerte,