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-XCII -

plus ancien peut-etre que la dynastie des Incas

(1).

Le nom meme qu'il

porte est tres-significatif, si nous l'analysons philologiquement. Dans

ces races antiques et aujourd'hui encare parmi nos tribus indigenes,

tout nom possede un sens symboliqne. La denxieme partie du mot

OLLANTAY (ANTAY) signifie

des Andes, clwse venant des Andes;

mais en

quechua,il n'y a aucune racine qui soit OL ou OLL; cette syllabe était

dans la bouche des Péruviens, ULL ou UILL. La forme véritable du nom

est done UrLL-ANTAY, OU mienx UILLA-ANTAY; et comme UILLA signifie

légende, tradition, histoire, chronique, UrLLA-ANTAY signifie LALÉGENDE

ET L'HrsTOIRE DES ANDEs. Une preuve évidente de l'antiquité du drame

consiste en ce que toutes les traditions postérieures en ont personnifié

le titre et y ont vu un personnage appelé ÜLLANTAY. Je dais dire pour–

tant que plusieurs manuscrits portent la variante APU-ÜLLANTAY, c'est–

a-dire

la chronique du chef des Andes

e).

tan escondida- Que no te sienta

venir,~

Porque el placer del morir- No me torne

il.

dar la vida "• dont la traduction littérale cst :

Viens, mo1·t, en te cachant telle–

ment- Queje ne te sente pas venir,

-

Afin que le plaisir de mom·ir

-

Ne me

rende pas la vie,

a éte traduitc librement en quechua de la maniere suivante:

Upalla ama samaspa

Hamuwanlo waüuy onhuy

Pajta kawsarinman sonhuy

Hamnshuykita ya'haspa.

Silencicuse et retenant ton

lwteinc,

Appí'Ocllc 1:e¡·s moi, ?íWí'l,

Peut-ell·e mon ccem· revi–

DTait

En te voyant arriver.

Pour les Indicns, la pcrsonnirtcation de la mort serait évidcnte dans ce passage,

et si le poete qui a fait celte traduction, ct qu'on dit avoir été le curé

Dadrial, n'a pas hésité

h

donncr ;, la mol'l la faculté de retenir son haleine,

c'est paree qu'il savait r¡ue les Inrlicns se la représcntaient sous les traits d'une

fcmme. Aiusi

la

tt·aduction quechua a beaucoup plus d'éncrgie et de poésie

que le quatrain de Cervantes.

(l)

Cette idée de Lopez, en ce qui conccrne l'antériorité du drame

a

la dynastie

des Incas, n'est pas susceptible rl'etrc appnyée, meme par de simples conjcctures.

Il sufllt d'avoir !u la piece pour recouna!tre qu'il ne s'y trouve pas un seul dialogue

qui ne porte i'cmpreinte de la civilisation des Incas.

(') L'explication étymologique que Lopez donne ici du nom

Ollantay,

nous semble

absolument inacceptable: car

Antl,

qui est le vrai nom ancien des Andes, ne peut