CIÍAPITRE QUATRIEME.
L'ART MÉTRIQUE CHEZ LES INCAS. - ÉPOQUE DE LA
CO~!POSITION
D'Ollanta'i.
-
DEUX
VASES ANTIQUES. - ÉPOQUE DE LA TRANSCRIPTION DU DRAME EN CARACTERES LATINS.
Pour que notre analyse du drame soit complete, descendons a cértains
détails qu'il y a lieu de noter dans la versification et la formation des
strophes, ainsi que dans le dialogue.
Tous les vers du drame sont assonants ou
conso1~nants,
sauf un tres–
petit nombre de vers blancs, c'est-a-dire dénués de toute rime. Plusieurs
auteurs, faute d'avoir sutnsamment approfondi le sujet, ont émis l'opi–
nion que la rime était inconnue dans la poésie des Incas, et Garcilaso
lui-meme
(1)
dit : ·, Ils ne firent pas usage de c'onsonnances dans leurs
vers, qui tous étaient blancs, et pour la plupart ressemblaient
a
ces
strophes tres·communes chez les Espagnols, qu'on appelle
redondillas.,
On voit ici que cet historien était fort peu versé dans la connaissance de
la métrique : car, par cela meme qu'il écrit que la poésie indigene res–
semble en général aux
redondillas
espagnoles, dans lesquelles la rime
consonnante est de rigueur, il se trouve contredire immédiatement son
assertion que tous les vers quechuas n'étaient que des vers blancs.
Quant aux rares auteurs qui atnrment ce dernier point,
il
est hors de
doute, qu'outre qu'ils n'ontjamais entendu de la bouche des indigenes
les chants populaires, dont un grand nombre nous ont été conservés
tr~ditionnellement
depuis l'époque de l'Empire, ces auteurs n'ont fait
que suivre, sans prendre la peine de l'examiner, l'opinion de Garcilaso.
En ce qui concerne les
redondillas
ou quatrains octosyllabes, dont le
premier vers et le quatrieme sont consonnants entre eux, ainsi que le
second et le troisieme, l'opinion de Garcilaso est on ne peut plus exacte.
Notre drame nfeme est dans sa plus grande partie formé de stances de
ce genre. Toutefois, on
y
rencontre aussi d'autres combinaisons incon-
(1)
Com<lntm·ios Reales.
1• Part., Lib. II, Cap.
Zi.
g