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netns, triviales ou basses; rien qui n'eftt un but sérieux et moral; des
sentences et des saillies spirituelles permises en un tellieu. Ceux quise
rlistinguaient par le naturel avec leqttel ils remplissaient leur role, rece- ·
vaient en récompense des bijou:i et des distinctions qui étaient jugées
tres-fiatteuses. "
Dans le chapitre suivant, parlant de la culture intellectuelle des In–
diens, notre historien continue ainsi : " Ils ne se seraient ¡1as montrés
-moins habiles pour les sciences si on les lenr eftt enseignées, comme
cela ressórt des comedies qu'ils ontjouées en maints endroits; aussi est-il
arrivé que quelques amateurs, religieux de différents ordres et surtout
de la compagnie de Jésus, ont composé,
dans.lebut de prédisposer favo–
rablement les Indiens
a
l'égard des mystéres de notre religion, des
comédies
~es~inées
a
étre représentées par ces memes Indiens. Ces·reli–
gieux savaient, en effet, que ces _peuples en avaíent représenté au temps
de leurs rois Incas, et ils avaient remarqué qu'ils étaient doués d'habileté
et d'íntelligence pour tout ce qu'on voulait leur enseigner. C'est ainsi
qu'un pére de la Compagnie de Jésus composa nne comédie
a
la louange
de la Sainte Vierge, et l'écrivit en
aynw,ra
(
1 ),
langue qui différe de
l'idiome général du Pérou. Le sujet roulait sur ces paroles du troisiéme
Livre de la Genese: "Je mettrai inimitié entre toi et la femme, etc., et elle
t'écrasera la téte "· Cette piéce fut représentée par des enfants ou ado–
lescents, tous Indiens, dans une localité appelée Sulli. Au Potosi, on fit
réciter un dialogue sur la foi en présence de plus de douze mille Indiens.
Au Cuzco on en fit réciter un autre sur l'enfant Jésus, et toute lagran–
desse de cette ville y assista. On en donna un autre dans la ville de los
Reyes, en présence de la magistratura, d_e toute la noblesse, ainsi que
d'une foule innombrable d'Indiens; le sujet était le Saint-Sacrement, et
dans cette piece la langue espagnole alternait avec l'idiome général du
Pérou. Dans les quatre localités que nous venons de citer, les jeunes
Indiens remplirent leurs roles dans ces dialogues avec tant de grace et
de charme dans le langage, tant de minauderies et des gestes si décents,
que le public en était ravi et réjoui; leurs voix, dans les chants, étaient
(1)
Les historiens nous disent que, outre le quechua qni était la langue générale, íl
y
avait
a
la Cour du Cuzco une langue spéciale uniquement parlée par les memhres
dn gouvernement des Incas, et inconnus du vulgaire. Comme Muco·CAPAC, fon:lateur
dw la civilisation de l'Empire, était originaire d'une Ue du
lac
de Titicaca, nous pensons
que cette langue particuliere
a
la Cour dss Incas n'était autre que
l'.Aymara,
qui étatt
parlé et que l'on parle encore dans toute la contrée ou se trouve ce
lac.