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-LXVI-

selon Garcilaso, sous le regne de CAPAC-YOUPANQUI que s'acheva cette

conquete. Cet historien, entre autres choses relativas

a

cette campagne,

dit ce qui suit : " Ils alierent de Cochapampa

a

Chayanta, traversant

trente lieues d'un pays afl'reusement désert, qui s'étend entre ces deux

localités; pas un pouce de terrain qu'on puisse utiliser; ce ne sont

partout que rochers et pointes aigués, que cailloux et roche vive.

Aucune plante ne vient dans ce désert, sauf quelques arbres

a

cire

qui portent des

épines

longues comme les doigts de la main, et dont

les Indiens faisaient des aiguilles pour coudre le peu qu'ils cousaient.

Ces ciriers croissant dans tout le Pérou. Ce désert franchi, ils entre–

rent dans la province de Chayanta, qui a vingt lieues de long sur pres–

que autant de large. L'Inca (CAPAc-YoUPANQUI) fit signifier au prin_ce

d'avoir

a

envoyer des ambassadeurs avec les formalités accoutu–

mées ,

(l).

Rien de plus intéressant que de comparer ce passage avec ce

que disent ÜLLANTAI et le CHEF-MONTAGNARD au sujet de l'arídité des

déserts qu'il faut traverser pour arriver

a

Chajranta, sans oublier meme

les

épines

qui, d'apres eux, meurtrissent au passage les pieds des

guerriers. Cette coincidence n'est pas fortuite, puisqu'aujourd'hui

ancore les détails rapportés par Garcilaso et par le poéte quechua

relativement aux inconvénients des chemins de Chayanta et autres

localités circonvoisines, sont passés en proverbe. Méme de nos jours,

la civilisation n'est pas parvenue, jusqu'ici du moins,

a

faire disparaitre

ces inconvénients. Or, cette conformité, qui nait de l'exacte reproduc–

tion de la vérité, pourrait etre considérée comme une objection

contre l'ancienneté de l'reuvre que nous analysons, si l'on suppo–

sait que l'auteur ait puisé

a

la source de Garcilaso. Néanmoins, quelques

rétlexions sur ce point nous améneront

a

reconnaitre l'impossibilité de

cette hypothése, et, tout au contraire, nous fourniront la preuve de

l'antériorité de notre drame par rapport

a

Los Comentarios Reales.

Si nous examinons de prés la série des conquetes dont

il

est fait men–

tion dans cet ouvrage de Garcilaso, conquetes au moyen desquelles les

Incas se rendaient peu

a

peu maitres de l'immense territoire qu'ils

arriverent

a

posséder, nous voyons l'Inca RoccA,

sia;i~me

souverain de

la dynastie, s'emparer des Chancas et de Hanco-Huaíllo, territoires

éloignés du Cuzco de quarante

a

cinquante lieues

a

peine. De meme

nous voyons que c'est sous le régne de l'Inca

YAHUAR-HUAccAc,septi~me

(1)

Garcilaso.

Comentarios Reales.

1• Part. Lib.

lli.

Cap. 15.