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selon Garcilaso, sous le regne de CAPAC-YOUPANQUI que s'acheva cette
conquete. Cet historien, entre autres choses relativas
a
cette campagne,
dit ce qui suit : " Ils alierent de Cochapampa
a
Chayanta, traversant
trente lieues d'un pays afl'reusement désert, qui s'étend entre ces deux
localités; pas un pouce de terrain qu'on puisse utiliser; ce ne sont
partout que rochers et pointes aigués, que cailloux et roche vive.
Aucune plante ne vient dans ce désert, sauf quelques arbres
a
cire
qui portent des
épines
longues comme les doigts de la main, et dont
les Indiens faisaient des aiguilles pour coudre le peu qu'ils cousaient.
Ces ciriers croissant dans tout le Pérou. Ce désert franchi, ils entre–
rent dans la province de Chayanta, qui a vingt lieues de long sur pres–
que autant de large. L'Inca (CAPAc-YoUPANQUI) fit signifier au prin_ce
d'avoir
a
envoyer des ambassadeurs avec les formalités accoutu–
mées ,
(l).
Rien de plus intéressant que de comparer ce passage avec ce
que disent ÜLLANTAI et le CHEF-MONTAGNARD au sujet de l'arídité des
déserts qu'il faut traverser pour arriver
a
Chajranta, sans oublier meme
les
épines
qui, d'apres eux, meurtrissent au passage les pieds des
guerriers. Cette coincidence n'est pas fortuite, puisqu'aujourd'hui
ancore les détails rapportés par Garcilaso et par le poéte quechua
relativement aux inconvénients des chemins de Chayanta et autres
localités circonvoisines, sont passés en proverbe. Méme de nos jours,
la civilisation n'est pas parvenue, jusqu'ici du moins,
a
faire disparaitre
ces inconvénients. Or, cette conformité, qui nait de l'exacte reproduc–
tion de la vérité, pourrait etre considérée comme une objection
contre l'ancienneté de l'reuvre que nous analysons, si l'on suppo–
sait que l'auteur ait puisé
a
la source de Garcilaso. Néanmoins, quelques
rétlexions sur ce point nous améneront
a
reconnaitre l'impossibilité de
cette hypothése, et, tout au contraire, nous fourniront la preuve de
l'antériorité de notre drame par rapport
a
Los Comentarios Reales.
Si nous examinons de prés la série des conquetes dont
il
est fait men–
tion dans cet ouvrage de Garcilaso, conquetes au moyen desquelles les
Incas se rendaient peu
a
peu maitres de l'immense territoire qu'ils
arriverent
a
posséder, nous voyons l'Inca RoccA,
sia;i~me
souverain de
la dynastie, s'emparer des Chancas et de Hanco-Huaíllo, territoires
éloignés du Cuzco de quarante
a
cinquante lieues
a
peine. De meme
nous voyons que c'est sous le régne de l'Inca
YAHUAR-HUAccAc,septi~me
(1)
Garcilaso.
Comentarios Reales.
1• Part. Lib.
lli.
Cap. 15.