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these, c'est que, de meme que les traducteurs et commentateurs du
drame, le docteur Valdez lui-meme
(il
sera plus loin question de
cet écrivain, qu'on a cru a tort etre l'auteur d'OLLANTAi OU tout au
moins le premier qui l'ait transcrit), ne comprit aucunement que dans
ce dialogue
il
s'agissait de la conquete de Chayanta: car dans le texte
qu'on lui attribue, ce passage se trouve mutilé et défiguré de la maniere
la plus facheuse.
Deua;ieme Dialogue (166-866).
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C'est ici que commence en plein la
rébellJon d'OLLANTAi. HANco-HuAILLO, qui est revetu du caractere de
pontife supreme, lui donne la marque distinctive de la royauté , le
llautu, et,
chose digne de remarque, ille fait, non pas au nom du Dieu–
Soleil, ainsi qu'on aurait du s'y attendre, mais au nom du peuple,
comme s'il eut craint, du moment qu'il s'agissait d'un rebelle, de profanar
le nom de la divinité. ÜLLANTAi nomme le CHEF-MONTAGNARD chef su–
prema de ses armées,
~t
celui-ci s'étend longuement sur les préparatifs
qu'il y a lieu de faire pour se retrancher dans la forteresse et la mettre
en état de défense contre les forces de PACHACOUTIC. Toutes les céré–
monies relativas · au couronnement d'OLLANTAi et a l'investiture du
CHEF-MONTAGNARD comme chef supreme, de meme que les formules en
usage dans ces actes solennels, sont-essentiellement remarquables par
leur originalité. Ce qu'il y a de plus important dans ce dialogue, c'est
la maniere dont le CHEF MONTAGNARD parle de toutes les localités qui
se trouvent dans le voisinage de Tambo. Il parait évident que-l'auteur
quechua a du passer plusieurs années de sa vie dans toutes ces contrées
et qu'il n'y avait pas un pouce de terrain q)l'il ne connut. Il n'y aurait
ríen que de tres-naturel
a
supposer qu'il était originaire de ce pays,
et que ce fut cette circonstance qui lui inspira la pensée de composer
cette ceuvre capitale, dont le sujet, déja intéressant par lui-meme,
devait l'etre pour luí au plus haut degré, puisqu'il avait eu pour thé!tre
les lieux memes qui avaient été son ·berceau. Dans tous les textes, ce
dialogue est joint au précédent,. comme si tous les deux n'en formaient
qu'un seul ayant trait a la r ébellion d'OLLANTAi. Cette grave erreur
dans la fagon de comprendre le drame, erreur qui ne saurait etre at–
tribuée qu'a celui qui le premier mit par écrit cette ceuvre, augmente le
nombre des preuves que nous donnons pour démontrer que son auteur
fut un autre que le quéchuiste qui, ayantnotremaniere d'écrire, le conila
pour la premiare fois au papier en faisan t usage des caracteres latins.