-LXIX-
SCENE VII.
Monologue d'CEil-de-Pierre
(867-913). - On ne peut, mame approxi–
mativement, calcular combien de temps apres la scene précédente ce
monologue a eu lieu. Si l'on tient compte de cette circonstance que le
roi PACHACOUTIC envoya CEIL-DE-PIERRE contra' ÜLLANTAlle lendemain
de la fuite de ce dernier, et que les préparatifs des rebelles de Tambo
pouvaient etre achevés en quelques jours, on ne se hasardera pas trop
en supposant que la déroute que subit CErL-DE-PrERRE ait pu avoir lieu
peu de temps apres le couronnement d'OLLANTAi. Cependant quand on
examine plus attentivement la marche du drama, on s'apercoit que
cette déroute d'CErL-DE-PrERRE a dt1 arriver apres un temps tres–
long, attendu que ce meme chef (v. 1105 et suiv.), environ dix ans plus
tard,-fait allusion asa défaite en des termes qui levent toute espece de
doute a cet égard. De cette allusion on déduit que cet événement a dt1 se
passer tres-peu de temps avant la mort de PACHACOUTIC, laquelle a eu
lieu alors que BELLA avait déja atteint sa dixieme année. La maniere
dont on a intercalé ce monologue dans le drame sans lien aucun, ne
peut que
pa~aitre
étrange. Peut-etre manque-t-i! dans l'reuvre quelques
passages qui expliqueraient mieux toutes ces circonstances ; peut-etre
aussi dans !'esprit de l'auteur quechua, ce monologue devait-il précéder
immédiatement la Scene X qui a trait au couronnement de TOUPAc–
YoUPANQUI, et ou évidemment il ellt été plus natural qu'il fllt placé. Ce
qui est certain, c'est que ces interversions non-seulement démontrent
l'insuffisance de la personne qui a transcrit ce drame, mais expliquent
pourquoi les autres traducteurs; dans beaucoup de cas analogues a
celui qui nous occupe, ont été induits en erreur sur le véritable sens.
Une circonstance tres-intéressante a noter dans cette scene, c'est
l'accord du récit d'CErL-DE-PIERRE avec la topographie des lieux. En
effet, le cM.teau d'Ollanta étant sur une hau teur escarpée,
il
fallait,
pour arriveraux portes, suivre un chemin d
'e.fi'yiron trois metras de
larga, taillé dans le
flan~
de la montagne et fai sant deux ou trois coudes,
qui existe encoreaujourd'hui. Pour quiconque connait les lieux comme
l'auteur de ce livre,
il
est trés-facile de se représenter la maniere dont
l'armée d'CEIL-DE-PIERRE a dt1 etre écrasée dans ces défilés SOUS la
masse de pierres lancées d'en haut par les défenseurs de la forteresse.