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-LXII-

en conférence au sujet de la conquete de Chayanta. Cette scene se lie si

peu aux précédentes qu'il est impossible de calculer de combien de

temps elle est postérieure. Toutefois, il semblerait conforme a la logique

de l'art dramatique de supposer qu'elle se place peu apres la précédente.

Ni Barranca, ni Markham, ni Tschudi lui-meme, n'ont compris la valeur

historique de ce dialogue, comme nous le verrons quand nous en arri–

verons a la révolte d'OLLANTAL Le roi expose iei qu'il est nécessaire de

profiter de la .saison seche pour entreprendre la conquete de Chayanta,

province qui, de nos joul's encore, garde le rneme nom et se

trouve dans la République de la Bolivie sur les confins de Cochabamba

et de Sucre; ces derniers pays formaient avec elle une partie de l'an–

cienne province de

Colla-Suyo,

c'esHi.-dire de la division méridionale

de l'empire. OLLANTAI et <ErL-DE-PIERRE prédisent en ter,nes enthou–

siastes l'heureuse réussite de la campagne. Déja ici

cornmen~'e

a se

dessiner ltl caractere empreint d'un dévouement absolu a la personne

du roí eten rneme temps plein d'une bonne foi allant jusqu'a la niaiserie,

qui distingue <ErL-DE·PIERRE. Le roi sans do ute connaissait sa bravoure,

de rneme que la courte portée de son intelligence et sa nature supersti–

tieuse quand illui dit : "Veux-tu déja sortir a la recherche des serpents

"terribles~

" La question qu'il lui adresse ainsi s'accorde avec une

tradition qui s'est conservée jusqu'a ce jour parmi les Indiens. Voici en

quoi elle consiste : On raconte qu'une fois l'armée d'un Inca, pendant

qu'elle était en marche pour une des conquetes si nombreuses que

firent ces rnonarques, étant venue a camper dans un endroit désert,

tous les guerricrs se virent assaillis et furent dévorés, dans la nuit, par

une rnultitude de serpents (amaru), sortis coinme par enchantement du

sein de la terre. Or, ces serpents n'étaient autres que les dieux des pays

que l'on allait conquérir, lesquels avaient pris la forme de couleuvres

gigantesques pour défendre les foyers dont ils étaient les génies pro–

tecteurs. On ne trouvera done rien d'étrange a ce que le roi ait

adres~é

a <EIL-DE-PIERRE une telle question, pour peu qu'on réfléchisse a la

tradition au sujet de laquelle nous croyons avoir trouvé quelques ren–

seignements dans nos historiens des premiers temps. Ce dialogue se

termine par le violentdésir que rnanifeste ÜLLANTAI de confé1·er en par–

ticulier avec le roi, faveur qui lui est accordée.

Deuxieme Dialogue

(

454-518).-

Rien n'est plus éloquent que la grande

tirade d'OLLANTAI oú ce chef épuise tous les artífices de la parole poúr