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-XXIV -

apparait

a

nos yeux dans des proportions colossales. Pleines de poésie,

coinme toutes les fables ayant trait a !'origine des peuples primitifs, les

diversas traditions relativas a l'apparition de ce grand homme sur la '

terre et

a

la fondation de la ville du Cuzco

(l)

se sont conservées jusqu'a

nous. La légende la plus populaire est la suivante (2). La vie des an–

ciennes tribus nomades était un chaos d'ignorance, d'immoralité et de

barbarie. Le Soleil, pere et Dieu de l'univers, et la Lune, son épouse et sa

sreur, pris de compassion a la vue de l'état malheureux des hommes,

résolurent de les tirer de ce chaos. Ils envoyerent a cet effet dans le mond·e

leurs enfants Manco-Capac et Mama-Ocllo, qui surgirent, comme par

enchantement, du lac de

Titicaca.

Ainsi ce lac, qui se trouve sur les

confins méridionaux du Pérou par 17 degrés de latitude australe; et qui

est le plus beau et le plus grand de l'Amérique du Sud, fut considéré

par l'imagination de·s aborígenes comme le lit nuptial du Soleil et de la

Lune, le lieu ou vinrent

a

la lumiere du jour les premiers-nés, fruit de

cet hymen divin. C'est dans une ile de ce lac, oti l'on érigea plus tard le

premier temple en l'honneur du Soleil, que Manco-Capac et sa sreur

Mama Ocllo, passerent leurs jeunes années, bercés par les fraiches

brises du lac, se livrant a la contemplation de leurs célestes parents,

sous les caresses des étoiles considérées comme des 'divinités inférieures

au service des grands astres auxquels elles devaient l'existence.

Arrivés

a

l'age de quatorze ans, le frere et la sreur s'unirent par les liens

sacrés du mariage, obéissaut en cela aux ordres du Soleil qui leur révéla

leur mission surnaturelle. Donnant a Manco-Capac une verge d'or, d'une

demi-aune de long et de deux doigts d'épaisseur, il dit auxjeunes époux:

" Allez la ou vous conduit·a la destinée, et partout oú vous vous

arr.~terez,

soit pour étancher votre soif, soit pour vous reposer et vous

abandonner au sommeil, plantez dans le sol cétte baguette, et a l'endroit

(1)

Le nom de cette ville est toujours précédé de l'article. Au Pérou, personne ne

parle autrement. On doit dire

le Cuzco,

malgré l'usage contraire de quelques écri–

vains frangais, comme on dit

le

Caire, la Haye,

etc.

(~)

On trouvera toutes ces diversas traditions relatées par Prescott, dans son ou–

vrage :

Conqu~te

du Pérou,

livre I, chap. 1; dans Lorente :

Historia Antigua del

Peru,

Lib. III, Cap. 2; et surtout dans Garcilaso de la Vega :

Comentarios Reales,

1• Part., Lib. I, Cap. 15, 16, 17, 18 et 19. La tradition que nous rapportons ici est tel–

lement répandue parmi les Péruviens et plus particuliérement parmi les Cuzcains,

que nous ne croyons pas que chez ces derniers elle soit ignorée de qui que ce soit;

d'autre part, c'est celle que Garcilaso avait entendue des levres d'un de ses oncles,