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-XXI

qui les violaient étaient regardés coinme coupables de sacrilége et irré–

missiblement condamnés au dernier supplice ('). Cette soumission, qui

s'étendaitauxenfants al'égard de leur pereetde leur mere, au.x inférieurs

a

l'égard de leurs supérieurs et aux' sujets a l'égard des autorités, bien

qu'impliquant tous les défauts inhérents a un systei:ne d'absolutisme

excessif, réussit

a

produire sous le gouvernement patriarcal de monar–

ques prudents et ayant a creur le bonheur de leurs sujets, des résultats

admirables. Dans les moindres détails, dans le simple salut que se font

les indigenes, on peut constat er cet esprit de haute rrioralité. Ama-suwa,

ama-llulla, ama-Iulla :

Ne vale pas, ne mens pas, ne sois pas oisif,

dit

la personne qui salue, et l'autre lui répond : Hinallataj h.anpas :

Qu'il

en soit ainsi de toi.

Voila comment l'un des actes les plus simples et les

plus fréquents de la vie renfermait t0ut un code de

morale.On

voit encore

par

la

que si l'oisiveté est considérée par les moralistes comme la

mere de tous les vices, les Incas ne l'envisageaient pas moins sévere–

ment, pu:Ísqu'ils la regardaient comme un crime au,ssl abominable que

le vol et le mensonge. Les femmes publiques, dont le genre de vie dans

leur opinion n'avait pas d'autre cause que cette oisiveté, étaient l'objet

d'un tel mépris et d'une telle répulsion qu'ils leur interdisaient le séjour

des" villes et desvillages, et les reléguaient dans les campagnes, d'ou leur

est venu lenom de: Pam:(lay-rnna, qui équivaut

a

Fernmes des liettco inha–

bités

(2).

Nous avons déja vu le respect qu'ils professaient pour la vir-

(1) Marmontel' dit en parlant des Incas :

«

Ce fut partout le caractere de la théocratie

d'exagérer la rigueur des peines; mais chez un peuple laborieux, occupé, satisfait de

son égalité,sur d'un bien-etre simple et doux, sans ambition, sans envie, exempt de nos

besoins fantasques et de nos vices raffinés, ami de l'ordre, qui n'était que le bonheur

public distribué sur tous, attaché par reconnaissance au gouvernement juste et sage

qui faisait sa félicité, l'habitude des bonnes mceurs rendait les lois comme inutiles :

elles étaient préservatives et presque jámais vengeresses.

»

(Les Incas,

chap. 2.)

- Cantu, en parlant de la morale des anciens Péruviens, s'exprime ainsi :

(<

Leur

morale se réduisait

a

trois défenses:

n'étre ni voleurs, ni oisi{s, ni menteurs.

Commc

ils étaient persuadés que les désastres publics et privés provenaient des crimes com–

mis,-!ls allaient dénoncer aux juges ceux meme que couvrait le secret; s'il fant en

croire'Vega,c'est tout au plus si, sur un territoire aussi étendu, il se trouvait dans une

année un -délit punissable. Il n'est done pas surp1•enant que d'Acosta regarde les Péru–

viens comme supérieurs aux Grecs et aux Romains en fait d'institutions politiques. "

(Histoíre Umverselle,

livre XIV, chap. 8.) -Garcilaso de la Vega,

Comentarios

Reales,

1•

Part., Lib.

II¡

Cap.

13.

( 3 )

Garcilaso de la Vega,

Comentarios Reales,

1•

Part., Lib. IV, Cap.

16.