- XXVII -
civilisation née de son cerveau, ce peuple étendra, en peu de temps, son
empire e)l tous lieux, embrassant presque toutes les vastes régions de
l'Amé'rique du Sud.
Les hommes supérieurs qui, dans l'enfance fabuleuse des peuples,
apparaissent dans l'histoire invéstis d'un pouvoir surriaturel, qui
établiss'3nt les dogmes, qui créent une civilisation, quf constituent
tme natlonalité, ne m'ont jamais paru aussi . grands que lorsque,
le voile. du merveilleux une fois écarté, ils se montrent tels qu'ils
sont aux regards de la raison, avec le seul éclat de lem: génie qui
les place·si haut au-dessus de leurs
co~temporains.
Les armes humaines
ne leur su:ffisant pas pour lutter et vaincre dans ces siecles reculés, ils
eurent recours aux armes célestes en allant jusqu'a se donner eux–
memes pour des dieux. C'est ainsi que m'apparait Manco-Capac, grand
pontife,. grand philosophe, grand légishi.teur, un de ces hommes au
génie multiple, qui, dans l'enfance des sociétés, sont envoyés par la
Providence, pour jeter les peuples au moule, les animer de leur esprit
et leur donner jusqu'a leur nom. :Manco-Capac accomplitglorieusement
son ceuvre .de rédemption; il se fit, comme Mahomet, le prophéte d'un
nouveau culte; r.omme Romulus il fonda un empire, le moralisa comme
Confucius, et, en mourant déja octogénaire,
il
laissa pour heritage un
peuple dont le gouvernement
patriae~al,
les lois sages, les mceurs ver–
tueuses et laborieuses, sont sans exemple 'dans les anuales des nations
antiques.
Douze monarques se succéderent jusqu'a Huayna-Capac, qui fut le def–
nier empereur de la dyn,astie des Incas, et sous le regne duquell'empire
parvint a l'apogée de sa gloire, au point que ce souverain peut etre
nommé l'Auguste des Péruviens. Plusieurs auteurs, se livranta une sorte·
de calcul rétrospectif, au sujet du temps que chaque Inca régna, et de
l'age que la tradition assigne achacun d'eux, en tirent la conséquence que
la ville du Cuzco fut fondée en l'an 1043, et que Manco-Capac·mourut en
1088, apres 45 ans de regne (
1 ).
Huayna-Capac,
a
sa mort, en 1525, par-
(1)
Ces
d~es
sont données par le D• Mesa, dans
Los Anales del Cuz-co,
Tom. I,
Png. 3 et 7. Cependani. Lorente, dans son
Histoi1·e
dtt
Pérou,
(Pag.ll9), cite un manns–
crit du
XVI•
siécle, d'apres lequel Manco·Capac aurait régné
36
ans et serait mort en
1054. Mais le méme auteui· n'admet pas ces
dai.es, et
il
est évident que celles dn
D• Mesa, si elles ne sont pas tont-a-fait exactes, sont beaucoup plus rapprochées de
la vél'ité, cet écrivain étant
~n
investigateur enthousiaste et trcs-compétent des anti–
r¡uités de son pays.