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ginité, au point de consacrer cet état au culte divin ; mais ils ne tenaient
pas en moins haute
estime.lemariage, lequel constituait un devoir im–
posé par les loi.s. Chaque année, en effet, on choisissait les jeunes gens
et les jeunes tilles qui étaient arrivés
a
l
'a.genubile, et on les mariait.
C'était l'Incas lui-meme, dans la capitale, et les Caciques, dans les pro–
vinces, qui doÍmaient aux maris leurs épouses respectiveiis (
1 ).
Ainsi, la
classe des célibataires, non moins·pernicieuse que les courtisanes quand
le célibat est érigé en systeme comme conséquerice de la licence des
mamrs et de la mollesse, ne se composait que des rares individus qui,
en raison de circonstances particulieres, telles qu'une mauvaise santé,
<:ontinuaient
a
rester gargons. Les femmes mariées, vouées aux soins de
-la famille, aux occupations domestiques et
a
la confection de vetements
pour leurs maris et leurs enfants, jouissaient d'une grande considéra–
tion
a
cause de leurs vertus (2). L'adultere passait pour un crime tres–
grave et celui qui le conimettait était condamné au gibet, ni plus ni moins
que le voleur, le meurtrier et l'incendiaire (
3 ).
Les veuves n'avaient pas
(1)
Apres avoir décrit les granda préparatifs de la fete consacrée au 'mariage, Mar·
monte! poursuit- ainsi :
«
Alors s'avancent les amants que l'áge appelle aux devoirs
d'époux, et ríen de plus majestueux que ce cercle immense, formé d'une fiorissante
jeunesse, la force et l'espoir de l'État, qui demande a se reproduire. et a l'enrichir a
son tour d'une postérité nouvelle. La santé, filie du travail et de la tempérance, y
regne et s'y joint avec la beauté, ou supplée a la beauté meme.
«
Enfants de l'État, dit
«
le prince, c'est
a
présent qu'il attend de vous le prix de votre I)aissance. Tout
«
homme qui regarde la vie comme un bien, est obligé de la transmettre et d'en mul–
«
tiplier Íe don. Celui-la seul est dispensé de faire nattre son semblable, pour qui c'est
«
un malheur que de vivre et que d'etre né. S'il en est quelqu•un parmi vous, qu'il
«
éleve la voix, qu'il dise ce qui-lui fait ha'ir le jour : c'est a moi d'écouter ses plaintes. .
«
Mais si chacun de vous jouit paisiblement des bienfaits du Soleil, mon pére, venez,
«
en vous donnant une foi mutuelle, vous engager
a
reproduire et a perpétuer le
e nombre des heureux.
»
On r.'entendit pas une p_lainte, et mille couples, tour a tour.
se présenterent devant lui.
«
Aimez-vous, observez les lois, adorez le Soleil, mon
pere, • leur dit le prince; et pour symbole des travaux et des soins qu'ils allaient
partager, il leur faisait toucher, en se donnant la main, la beche antique de Manco,
et la quenouille d'Ocllo, sa laborieuse compagne.
»
(Les Incas,
chap. 30.)
Cantu, dans son
Histoire universelle,
dit a ce sujet: «Les mariages se célébraient
a
des époques déterminées, selon la volonté de !'Inca ou des Curacas, et toujours entre
parents ou concitoyens. La femme, une fois mariée, sortait peu de sa ·maison, ou
elle s'occupait a filer et a tisser.
»
(Livre XIV, chap. 8.) - Voy. aussi Garcilaso de
la Vega,
Comentarios Reales,l•
Part., Lib. IV, Cap. 8.
(l')
Garcilaso de la Vega,
Comentarios Reales,
1• Part., Lib. IV, Cap. 13.
(3)
Garcilaso de la Vega,
Comentarios Reales,
1• Part., Lib. IV, Cap. 19.