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.

mélodie élégiaque et de la romance sentimentale, se mariait a merveille

avec leur poésie, généralement amoureuse, pleine de douceur, de simplicité

et de tendresse (

1 ).

Les poetes, qu'on nommait

harahuecus(Harawljkuna),

mot qu'on ne saurait mieux rendre que par celui de

Troubadours,

com–

posaient aussi des chants héroiques pour rappeler les hauts faits de

leurs rois, et les chantaient publiquement dans les grandes solennités.

· Les belles-lettres avaient fait de tels progres que les Incas parvinrent a

composer des comédies et des tragédies

(2)

que les nobles de la Cour

représentaient devant le monarque. Le drame d'Ollantai, mieux que

tout autre

spéci~en,

permettra de jugar de cette littérature. En dehors

du mérite historique et des nombreuses beautés qu'il renferme, ce

drame, étant l'unique monument qui nous resta du génie des Incas en

matiere de poésie, vautalui seul, dans mon opinion, toute une littérature.

C'est pourquoi, dans les chapitres suivants, nous avons cru devoir nous

étendre longuement sur son antiquité, de maniere a ne laisser aucun

doute a cet égard.

La branche des connaissances humaines dans laquelle les anciens

Péruviens réaliserent le moins de progres, est celle des beaux-arts.

Leurs monuments, construits d'énormes blocs de

pierr~,

révelent sans

contredit beaucoup de puissance, et l'aspect en est grandiosa, mais ils

. sont dépourvus de goú.t architectonique. Quant a la peinture et a la

sculpture, ces peuples étaient encore plus arriérés. Il est hors de doute

cependant qu'ils n'ignoraient pas complétement ces deux arts; la tradi–

tion évoque le souvenir de certaines peintures

(3),

et l'on paut observar

sur leurs vases antiqueset sur leurs tissus, de meme que sur leurs idoles,

une foule de dessins aux couleurs variées. Néanmoins, on peut affirmer

que la peinture et la sculpture étaient encore tout-a-fait dans l'enfance

parmi enx.

Ce qui a constamment appelé l'attention et mérité les éloges des his–

toriens péruviens, ainsi que de tous ceux qui se sont OCCUJlés de ces

temps reculés, c'est la pureté de mamrs de ces peuples. Pour eux, la

morale n'était pas uniquement un devoir, c'était un dogme. Les Incas

se regardant comme les fils du Soleil, cette origine divine communiquait

a

leurs lois et

a

leurs moindres commandements un caractere sacré. Ceux

,,

(1)

Garcilaso de la Vega,

Comentarios Reales,

1• Part., Lib. U, Cap; 26 et 27.

(2)

Prescott,

Conquete du Péro11,

chap. 4.

a¡ Garcilaso de la Vega,

Comentarios Reales,

1• Part., Lih. V, Cap. 23.