64 LA DÉCOUVERTE DU
1tl0NDH
ET DE L'HOMME .
lieu de cela,
i1
procede tout
A
fait comme les artistes
plasliques de son époque, et
il
devient immortel en
,'éLoignant de l'originalilé te1le que nons la concevons,
en reproduisant une série de figures connues, meme en
répétant, se10n les besoins de son reuvre, des détails qui
ont déja passé sous nos yeux. On peut obtenir
en~ore
de
grands effets poétiques en
s~y
prenant ainsi; mais e'est
ce que des critiques dépourvus du sentiment de l'art
auront peine
a
comprendre, malgré toute la science et tout
l'esprit du monde. Le but de l'Arioste, c'est de montrer
dans lout son éclat le " fait vivant
D,
l'aclion succédant
a l'action. Pour qu'n puisse I'attcindre,
il
faut qu'j¡ soit
dispensé non-seulement de l'étude approfondie des
caracteres, mais encore de l'obligation d'enchainer étroi·
tement les histoires qu'il raconte. II faut qu'i1 puisse
renouer. quand illui platt, des tUs oubJiés ou perdus;
iJ
faut que ses figures apparaissent et disparaissent, non
parce que leur nature propre exige qu'il en soit ainsi,
mais paree que l'allure du
po~me
le veut. Sans doute, en
ayant l'air de suivre une
~arcbe
irrationnel1e et toute
capricieuse,
il
atteint a une beauté complétement régll–
liere. Jamais
il
ne se perd dans les descl'iptions,
il
ne
s'attarde
a
peindre les hommes et ' les choses qll'autant
que le permettent l'hal'monie de L'ensemble et la progres-
- sion constante des faits;
il
se perd encore moins dans la
- conversation et daos les monologues
1,
et est loujours
...,
attentif
a
maintenir le noble privilége de la yérilable
épopée, qui consiste
a
tout traduire en faits vivanls. Chez
lui le pathétique ne se trouve jamais dans les mots·,
I
Les discours intercalés dans le tute ne sont encore que de.
récits.
.. Ce que Pulci
,'était
bien
permiso
Morqalllc . canto
XIX.
Uro20
55.