CHAPITRE IV. - DÉCOUVERTE DE L'HOMME, tiTC. 5$
mais dans l'action, témoin le célebre vingt-troisieme
ehant et les suivants, ou
il
décrit la folie et les fureurs
de Roland. Les histoires d'amour qu'il méle
a
son poeme
hérolque n'ont pas ces couleurs tendres dont un poete
lyrique les aurait revétues; c'est un mérite de plus,
quand méme on ne peut pas toujours les approuver au
point de vue de la morale. Par contre, elles ont parfois,
en dépit de la magie et de la chevalerie qui s'y métent,
un tel air de vérité et de réalité qu'on croit
y
trouver
l'hisloÍl'e du creur du poete lui-méme. Emporté par le
senliment de sa puissance,
il
a, sans
y
penser, introduit
dans son grand poeme bien des éléments contemporains;
e'est ainsi qu'il
y
a fait entrer la gloire de la maison
d'Esle sous forme d'apparitions et de prédictions. Tout
cela trouve place dans ses merveilleuses octaves, qui se
succedent ainsi que les ondes d'un fteuve s' avancent
d'un mouvement égal et continu
Avee Teofilo Folengo, ou, epmme
il
se nomme encore,
Limerno Pitoceo, la parodie prend la plaee
a
laquelle
elle aspire depuis longtemps
1;
mais avee le eomique et
son réalisme reparait en méme lemps la sérieuse peinture
des ·cal'aetéres. Au milieu des horions et des eoups de
pierres qu'échange la turbulente jeunesse d'une petite
ville de la campagne de Rome, grandit le pelit Roland :
ses débuts annoneent
a
la fois un héros, un ennemi des
moioes et un raisonneur. Jci s'évanouit ee monde fantas–
tique et conventionnel qui s'était formé depuis Pulei et
qui avait servi de eadre
a
I'épopée; I'origine ainsi que les
faits et gestes des paladins sont
b~rdiment
ridieulisés,
témoin ee lournoi du deuxiéme ehant, oilles ehevaux sont
remplacés par des Anes et oilles ehevaliers apparaissent
I
Son
Or/andino,
premiere édition, 1526.