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LA DÉCOUVERTR DU lItONDE IlT DE L'UOlllMR ,
L'infinie variété des fictions par lesquelles Bojardo,
plus que tout autre, nous jette constamment dans de
nouvelles surprises, est un démenli perpétuel donné aux
définitions classiques de l'e-ssence de la poésie épique,
telles que nous les avons adoptées, A
cel.teépoque, c'était
la plus agréable diversjon a l'étude de l'antiquité j c'était
en méme temps la seule voie possible pour revenir a une
poésie narralive indépendante, Car,en poétisant l'histoire
de l'anLiquité, on en venait
a
se perdre dans ces sentiers
trompeurs ou s'était égaré Pétrarque avec son
Af1'iqtte
en hexametres latins, et, cent cinquante ans apres lui, le
Trissin avee son
ltalie délivrée des
GOtlls
en
versi leíolti,
vaste poeme dont la langue et la ver, ificalion sont irré–
prochables, mais dQnt on ne peut dil'e si c'est l'histoire
ou la poésie qui a le plus souffert dans cette malheu–
reuse union de toutes deux '.
Et dans quelles aberrations ne sont pas tombés ceux
qui ont imité Dante'? Les Triomphes
visioDUt~il'es
de
Pétrarque sont la derniere reuvre d'imitation qui ne peche
pascontl'e le bon got\tj la
u
Vision amoureuse» de Boccace
n'est déja plus qu'une énuméralion de personnages
historiques et fabuleux, rangés en catégories allégo–
riques
2,
D"autres débutent par une imilation baroque
du premier chant de Dante, et se pourvoient d'uo guide
allégorique qui prend la place de Vi rgile; Uberti a
choisi Solinus pour son poeme géographique
(Ditta–
monúo)
,
Giovanni Santi a pris Plutarque pour son
poeme a la louange de Frédérie d'Urbin', CeHe fausse
I
L'/talia liberata da Goti,
Rom., 1541,
• Comp, plus haut, p, .f8; LANDAU,
Boccae"
p. 64-69, Pourtant
iI
faut considérer que I'ouvrage de Bocc, dont
iJ
s'agit a été écrit
avant t3H, tandis que l'ou vrage de Pétral'que a été composó
apres la mort de Laure, par conséquent apres t348.
• V
AS41\1.
VIlI, 71, dans le com',Dentaire sur la
Vila di Rafael",