CIIAPITfiR PREMIRR . - LA MORALITÉ.
U5
Mais
d'au ~res
pe,uples, quand méme ils ne pardonnen t
pas plu facilement, peuvenl d\JJ mHins oubtier plus vite,
tandis que l'irnagination italienne tfarde dans toute sa
vivacité l'impression de l'iojure rec; ue
l.
En méme temfl ,
dans la morale du peup lc, la
velil~eance
est considél'ée
comme un devoir, etceUe idée harbare est souvent la cause
premiere d'bol'l'iblcs représailles. Les tfouvernerocnts et
les tl'ibllO ux des villes reconnaissent I' exi tence et la léB'i–
timité de €elte passion, et se bOl'nent
a
en prévenir les
el{Ct~s
par trop monstrueU11. Méme parmi les paysans, on
trouve des festin de TAyeste el des meurtres saas fin;
un seul témoignage suffira pour le prouver '.
Dans la carnpagne d'Acquapendeate tr@isjeunes péitrt!'S
gardaient le bétaH. L'un d'eux d1t : Nous aUons essaJyer
COmment on pcod les g·ens. Peodant que run
étah
assis
SU\'
l'épaule de l'autre et que le troisieme, apres avoir
passé le. nreud
caula.ntautour du cou de ce dernier, atta-:
chait la corde
il
un chene, un loup vint
a
déb.oucher;
aus
itót
les deux s'enfuirent, laissant Ieul' camarade
pendu. En revenant, ils le lrouverent mort et l'enter–
rerent. Le dlmanche, le pere du malheureux vint pour
lui apporler du paw; un des, enfants lui raconta ce qui
s'était passé et lui montra la tombc . Mais le pere tua le
jeune pAlre
a
coups de coutean, lui ouvrit le corps, en
arracha le foie , et le servit all pere de sa victime; ensuite
Ului
dit
a
qui appartenait te foie qu'il avait mangé.
LlI.–
de sus les deux farnilles se mirent
a
s'entl"égorger, et,
dan l'espace d'un mois, trente-six personnes, tant hornmos
que femlDes, périreut assas iuée!¡.
t
Ce raisonnement du spirituel Stendhal, qui a si bien peint l'épo–
qu.e de
la
~euaissanoe-
(la Cllarlreu,e de ParnlP.
éd. Delabays, p. 3S.')},
me semble r eposer sur une profonde observatiou psycbologique.
i
GnA.Zu.NI,
Cronaca
di
Perugia,
anuée 1437.
(Ilrch. Ilor.,
XVI,
l.
p,
416.)
.