CHAP1TRR VIII. - LES FETES.
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avait vu l'allégorie régner en mattresse
j
sa théologie
et sa philosopbie traitaient leurs catégories eomme des
étres réels·, au point que c'était, en apparenee, une
tAche faeile pour la poésie et pour l'art de Ieur donner
ce qui Ieur manquait encore pour constituer de véri–
tables personnalilés. Sous ce rap port, tous les pays de
I'Occident sont sur la méme ligne; Ieur monde idéal
peut produire des figures concretes, seulement leurs
attributs seront, en général, énigmatiques el impopu–
laires. C'est ce qui arrive fréquemment, méme en Italie,
avant, pendant et apres la Renaissanee. Il suffit pour
cela qu',une qualité passagere de la figure allégorique soit
chailgée
a
tort en attríbut dé fi nitif. Dante lui-méme
n'esl pas exempt de ces fausses interprétations
1
¡
on sait,
du reste, qu'i! s'est fa it un véritable honneur de l'obscu–
rifé de ses aHégories.'. Pétrarque, dans ses triomphes,
veut du moins décri re nettement, quoique brievement,
les figures de l' Amour, de la Chasteté, de la Mort, de la
Renommée, etc. D'autres, par. contre, surcha rgent
a
plaisil' Ieurs aHégories d'attributs manqués. Dans les
satires·de Viociguel'fa·, par exemple, l'Envie est repré-
I
II n'est pas méme néeessaire,
a
ee propos, de peoser au
I
éa–
llsme des seolastiques. Déjil vers 970, l'é'léque Wibold de Cambrai
presc1'ivait
a
ses cleres de remplaeer le jeu de dés par quelque
chose comme un jeu .d'échecs religieux, qui ne eomprenait pas
moios de einquante-six noms de persoonages abstraits et de
positions diverses. Comp.
GUCa episcoporurn Canurac. in Mon. Ge,....
SS. ,
VIl,
p.
433.
!
Par ex., quand
ji
ajoute des images
a
ses métaphores, quand
il
v·eut que le degré brisé du mílieu de la porte du purgatoire
¡ignifie la eontrition du creur
(Purgat.,
IX, 97), bien qu'en se bri–
unt la dalle de pierre perde sa valeur eomme degré ; ou bien
quand
(Purgac.,
XVIII, 94) eeux qui étaient paresseux sur la terre
expienl leur paresse en eourant éternellement dans I'a·utre monde,
bien f{ue l'aetion de courir puisse étre aussi un signe de fuite,
étc.
• lnferno,
IX, 61.
Purgac.,
VIII, 19.
• Pot,ie $/Zcil'iche,
ed. Jlfilan, 1808, p. 70 ss. - De la fin du qua–
torzieme siecle.