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VIII. - LES
F ETES.
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petit nombre de personnages qui tiguraient dans le
dl'3me , le peuple entier sanglotait tout haut. Sans doute
on employait dan ces occasions des moyens d'émouvoir
empruntés au naturalisme le plus grossier. On croirait
voir un pendant aux tableaux d'un Matteo da Siena, aux
groupes en terre cuile d'un Guido Mazzoni quand l'auteur
qui représenle le Christ parait sur la scene portant des
traces de meurtrissures, ayant l'air de suer du sang, le
ftanc percé d'une large blessure saignante '.
Indépendammenl de certaines grandes fétcs reJi–
gieuses, de mariage enlre des princes, ele., les circon–
stances particulieres qui donnaient lieu
a
des repré en–
tations de mysteres sont tres-di verses. Lorsque, par
exemple, saint Bernardin de Sienne fut canonisé par le
Pape (1450),
il
Y eut, probablement sur la grande place
de "a ville natale une sorte de tableau drama tique
(rappresentazione)'
de sa canonisation '. Duranl deux
jours on célébra dans la ville des fétes pendant lesquelles
on ne cessa de distritiuer gratuitement
a
tout le monde
des aliments et des boissons. Ou bien un moine savant
fetait sa promotion au grade de docteur en théologie par
la mise en scene de la légende du patron de la ville·.
A peine le roi Charles VIII était-il descendu en Italie,
que la duchesse douairiere Blanche de Savoie tit jouer
, Sur ce dernier point, voir
GRAZU:>II,
ainsi que
Pu 11
C01II77Un,.,
l.
VlIl,
p. 383, 386. - Méme la poésie du quinzierue
sii~c1e
donne
parfois de ces exemples de crudité. Une chanson d'Andrea da
Basso décrit, jusque dans les moindres détails la décomposition
du corps d'une femme qui avait été crueHe pour son amantoDans
un drame joué au douzieme siecle dans un couvent, on avait
méme vu le roi Hérode en tr ain d'étre maDué par les verso
Car–
mina Bural/a,
p.
80
ss.
On trouverait bien des scenes de ce genre
dans les drames allemands du dix-septierue siecle.
t
ALLBGRBTTO,
Diar;ii ,al/ts;,
MURAT., XXIII,
col. 161.
s
JlfATARAZZO,
Arch. 'tor"
XVI,
11, p. 36 ss. Le moine avait fait
d'abord un voyarre
l'l
Rome, afin de faire des études pour sa féte.