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QU.\ílANTE-SEl'Tll~MF..
i1
investir Mr1l'ic-Louisc <le Ja régcnce, il avaít
cnLrclcnu de cct objct l'nrchiclrnncclicr Camba–
cércs, le sen! hommc dans lcqucl il
ctit
pour la
politique inLél'icurc une cnticrc eonfiance. Cou-
1·onner le roi de Home dons un momcnL ou les
csprils éLaicnt profondérncnt ;ittristés, atlircr 11
Parislespcrsonnages les plus influenls des dépar–
tcmcnts, dans un momcnt oú l'on avait besoin
d'cux pour les manifeslations patriotiqucs qu'on
chcrchait 11 provoquer, n'avait pas semblé une
cl1ose eonvenable aprcs un pcu de réflexion.
lleslait la régence dont il était foeile, sans y
mcttre beaueoup d'apparat , d'investir Marie–
Louise, afin que, dans le cas ou un boulet em–
porlerait Napoléon, on ptit rallicr les esprits
aulour d'un gouverncment tout eonstitué, etdéja
mcmc en foncLion. Or, Napoléon,qui avait fait la
eampagnc de 18·12 en empercur, voulait; comme
nous l'avons
<lit,
foire en général, mCme en
soldat, ccllc de
18'13. 11
en scntait le besoin, et
il lui plaisait, d'ailleurs, de redevenir simplement
hommede guerre, car la guerrc était son arl de
prédileetion, et une fois rnssuré sur le sort de sa
fcmmc et de son fils qu'il aimait véritablcment,
il se scntait presque hcureux de rctourncr sans
réscrve, et pour ainsi dirc sans souci, au mélicr
de so jcuncsse, au métier qui avait foil ses dé!ices
et sa gloirc.
JI
résolut done de donner la régenee
a
Marie-Louisc, et de la lui eonférer avant son
rlé¡rnrl. Cetle disposition avait aussi un avantage
de quelque voleur, c'élnit de ilatter l'cmpereur
Frnn~ois,
qui était fort ntlnché
a
sa filie, quoi–
qu'il le fut davnnlage" s• maison.
11
était
a
pré–
sumcr, en clfet., que si Napoléon suceombait sur
un clrnmp de bataille, et que Mnrie-Louise restdt
souverainc de Francc, eellc-ci aurnit son pcre
pour ami.
11
cst rncme probable que si ce cas
s'élait réalisé, la Francc n'étant pas alfaiblie,
comme elle lefut en
1811>,
on se scrait contenté
de luí arrnchcr cerlainssaerificcs, en lui lnissnnt
les Alpes et leHhin pour fronticre.
On comprend bien que ce n'étnit pos
a
Mnric–
touise, bonne et asscz senséc, mais profondé–
mcnt ignoranledes alfaires d'État, que Nnpoléon
songcait
l1
conficr le gouvcrncment de son vaslc
cmpire, mais
a
un homme dont le bon sensétnit
sans égnl, l'expéricnce eonsommée, et le carac–
lcre un pcu rnoins faible c¡u'on ne le supposait
généralemcnt. On devine c¡ue neus parlons de
i'arcl1icancelier Cnmhncéri:s. Napoléon voulnit
r¡uºil fut 11 coté de Marie-Louisc, et que, sous le
nom de celtc princcssc, il gourermit toulcs
choscs. Nnpoléon serait rnéme mort sans in–
quiétudc,
si,
In gucrrc tcrminéc, il avnit
étP,
certain de laisscr, pcndant dix ans encore, la
minorité de son fils et l'ignorance de so (emme
sous lo direelion de ce pcrsonnnge, chez Jeque!
la finesse, le tnet, In modération, le snvoir, se
réunissnicnt pour composer un homme <l'État
supérieur, non pos un homme d'État ferme,
hnrdi, parlant haut, comme on en voit dons les
pnys libres, mais un mnitre habile dans l'nrt des
ménagcmcnts, comme il en faut dnns un pnys te!
que la Franee, qui, rnéme lorsqu'clle n'cst pas
libre, ne pcut ctre gouvernée qu'nvcc in!iniment
de précautions. Pour une pareillc tache , Napo–
léon cmignnit ses freres , et se défiait de leurs
prétentions, de leur humeur inquiete, surtout
pendant une minorité.
L'~igc,
un commcnccmcnt d'infortune, un
long maniemcnt des hommes, l'nbaissement des
c~raetcres
sous le pouvoir absolu, les lectures
historiques qni avaient rempli sa jeunesse et qui
lui rcvenaient en mémoire dons son age mtir,
nvaicnt singulierement njouté
a
so définnee na–
turelle. Luí, si confiant pour les ehoses qu'il
dirigcait en ·pcrsonne, n'entrcvoynit, aprCs sa
mort, que sinistres aspects, surtout pour son fils
et pour sa femme. Plein cl'humeur contre ses
freres et benu-frcre c¡ui le contrarinient, et qu'il
mnltraitnit fort, il était convnincu qu'ils se dis–
puteraient le pouvoir s'il lnissait un fils enfant, et
qu'ils en troubleraient
In
minorité. 11 s'cntretint
longuement de ces inquiéludes avec le prince
Cambacércs, et se rnontra résolu 11 employcr les
précaulions mcmc les plus olfensnntes 11 l'égard
de ses frcres. Les constitutions impérinles rcfu–
saicnt la régcncc aux femmcs, pour la donncr
oux oncles de l'Empereur mineur. Nnpoléon dit
lrnrdiment au prinee Combaeércs qu'il nevoulnit
pas que ses frcres fussent investis de In régence,
et qu'il cntendaít la conférer
a
Marie-Louise, pour
que lui, Cnmbaeércs,
l'exer~at
en réalité sous le
nom de l'Impérntrice. Sa mort nu feu luí sem–
blait fort possible, l'cffrnynit peu pour lui-méme, '
et pouvait memc" ses yeux n'ctre pas I• pire des
fins. ll voulnit done laisscr un gouvernement tout
constitué , et en plcinc activité, nvant de pnrtir
pour l'Allcmagne. Ces vues, quoique si ílatteuses,
rcmplircnt d'elfroi le vieux Cambacéres. La pru·
dence avnit toujours chez lui comprimé l'nmbi–
tion , et, l':igc aidant, il était moim; ambiticux
qu'il n'avait jamaisété. Queh¡ucsjouissances sen·
suelles, peu dignes de so gravité, avaicnt distrait
pendant un tcmps son ame appesnnlie : nujour–
d'hui, qui l'aurait eru? cet esprit si peu dominé
par l'imaginntion tournoit
it
l'extrcnie dé1·otíon,
et bien loin d'aspirer
a
gouverner un immense