LES COHOllTES. -
AVRtL
18!5.
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d•it de si grands scrviccs daos l'artillcric de la
gardc, avcc laqucllc se gagnaicut les bataillcs.
11
ne se borna pns
a
ménagcr des amis
a
sa fcn.imc
et" son fils, il cherchacncore
a
lcur épargncrdes
embarras. 11 avait rappclé d'Espagne le rnaréchal
Soult, et permis
a
M. Fouché de revenir rle sa
sénato1·crie.
11
ne voulutpas laisser oisifs
u
París
ces dcux pcrsonnngcs, surtout le seeond.
11
cm–
mena le maréchal Soult avec lui, se proposant de
fui donner un emploi dans sa garde, et il résolut,
des qu'il scrait rentré dons les pays allemands,
de confier a Al. Fouché le gouvcrnerncnt des
provinces conquises.
11
vennit
de lcrmincr, aprCs trois ou quntre
semaincs, la scssion du Corps législntif, et lui
avait fait voter la loi de finances, ainsi que la loi
relative a la rente des bienscommunaux. En at–
tendant que les nouveaux IJOns de la caissc d'a–
rnortissement cusscnt obtenu la confiance du
puhlic, il en a1·ait achcté pour la lisie civile et le
lrésor cxtraordinaire environ 70 millions, ce qui
était un grand sccours donné
a
M. Mollicn, nrnis
unenotablediminution des rcssourccs métalliqucs
rcnfermécs aux Tuileries. Suivant sa coutumc, il
cnvoya quelques millions
a
Mayencc, dans une
caisse inconnuc de tous ses ministres,
pou1·
qu'aucun d'cux ne complat sur· clic, et qu'il ptit
ytrouvcr les moyensde pourvoir extraordinairc–
mcnt
a
ce
CJUÍ
manquerait a
SCS
tl'OUpcs.
Avant de partir, il prit eneore quelques me–
sures relativemcnt au coneordat de Fontaine–
bleau. Le Pape, sans nier l'authentieité de ce
concordat, ni la réalité de la signature par lui
donnée, avait adopté le parti de ne pas exécuter
le nouvcau traité, en gardant du reste le plus
complet silcnce sur ses inlentions. 11 ne parlait
.pas de sa translalion
a
Avignon, pour laquellc
d'aillcurs ricn n'était encore pret; il
n'cxcr~ait
aueune des fonctionsdu pontifical; il n'avait pas
foit choix d'un ministre pour communiqucr
3\'CC
le gouverncment
fran~ais,
n'avait pas davantage
informélcs divcrses cours eatholiqucs qu'on pou–
vait lui envoyer a Avigoon des représentanls
acerédités. Quant aux famcuses bulles destinées
a
instituer les éveques nommés par Napoléon,
tant de fois annoncées et depuissi longtemps at–
tenducs, il n'cn disait ricn, de nrnniCre que le
gouvernement de l'Église restait toujours sus–
pendu. Sur ces divers objcls Pie VII, revenant
a
un systcmc de finesse
lJUÍ
n'élait pasa lui, mais
1
ses eonseillers, était loin de déclarcr qu'il vou–
lait rcnonccr au concordat de
Fontaineblctnt
et
rélraclcrsa signaturc, mais il scmblait indiqucr
que clans l'état eles ehoses l'cxécution de ce traité
n'avait rien de pressant, et affectait de soro1-
meiller plus que de coutull)e dans sa paisible
rctrailc. Sculcmcnt les
pcrson1rngcs
nctiís du
parti de l'Église fnisaient ;, Fontainebleau de fré–
qucnts voyages. Lehouillant Napoléon faillits'em–
porter , et gatcr pnr un éclat l'lmbilcté de son
ra¡i¡wod1emcnt avcc le Saint-Pcrc. Mais, micux
conscillé, il se horna
a
profiter de ses avantages.
Le Pape ayant signé le coneordat puhlique–
mcnt, librcmcnt., Napoléonn'nvait aucunc raison
ele le tcnir sec1·ct. A la vfrité, il avait promis de
ne le rcndrc public qu':1prCs Ja comrnunication
qui dcvait en Ctrc faite aux
ca1·dinnux ;
nrnis la
mauvaisc
foi
dont on usait envcrs lui, le rclard
qu'on mcttait
a
faire cellc commuuicalion :iux
cardinaux, qui étaicnt lous réunis
h
París, les
dénégfllions
de
bcaucoup de gens
d·É~lisc.
assu–
rnnt,
les
uns que le concordal n'exislnit
pris,
les
autres qu'il avait été exlorqué par la violence.
rlonnaicnt enfin
a
Napoléon ledroit dele publier.
En conséquence il le fit insérer au Oullctin des
lois,
cornme loi de l'État, dcvanl
rccevoir son
exécution
ii
partir de cette insertion.
11
prit cn–
suilc ses mcsurc:s pour que l'institut.ion des nou–
vcaux
prélats,
signiOéc officiellcmcnt au Pnpc,
pút avoir licu par le métropolitain, si le Pape ne
l'aceordait pas lui-rnerne dans les six rnois. En
outre il rcstrcignit le nombre des visiteurs
a
Fontaincblenu, et désigna ccux qui pourraicnt
Ctreadmisn11prCsdu Pape.Enfin ilordonna, mnis
sans bruit, l'arrcslation et la translation
i1
qna–
rantc licues de Paris elu cardinal di Piclro,
commc s'étant signalé par ses mnuvais conscils
en cetle dernicre circonstance.
11
ne laissa point
ignorer autour du Pape le motif ele celle nou–
vclle rigucur. Au surplus il ne l'étcndit
a
aueun
aut1·e des conscillcrs ele Pie VII. C'était un avcr–
tissemcnt qu'il voulait donner, mais point cncorc
un éclatqu'il vouloit faire.
Pcude jours avant son départ pou1· Maycnce,
survint le princc de Schwarzcnbci·g, qui élait
annoncé comme le confident des plus secretes
résolutious du cabinet autl'ichien. Napoléon avait
déja réexpédié a Vienne M. de Ilubna, dont il
:ivait gotité !'esprit, caressé l'amour-proprc, et
cncouragé autant que possible les bonnes dispo–
sitions pour la France. 11 s'élait fort appliqué a
lui inculqucr l'idée, qui en ce moment pouvait
eliffieilcmcntentrer dans une tele allenmndc, que
l'Autriche elcvaitchcrchcr
a
rcfaireavcc laFrance
sa fortune délabréc. JI tenta la mcmc chose au–
prCs du princc de
Schwnrzcnbcrg.
Ce
pl'inec,
qui ne ha'issait point Napoléon, eL avniL licu au
cont,rairc d'en etre perwnncllcmcnt satisfait,