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LES COHOl\TES. -

M.los

1813.

537

cmpirc en l'absencc ou

a

la morl du géant qui

l'avai! élcvé, il songcait

a

s'cnfonccr dans Ja rc–

trailc et la piété. 11 fut épouvanlé du róle qu,i Jui

étaitréscrvé, et plaida aupres deNapoléon la cause

de ses frercs. D'abord, avait-il <lit, il aurait fallu

les écartcr par une disposition constitutionnelle,

et l'histoir·e n'apprcnait que trop que lesdisposi–

tions des souverains défunts, établies constilution–

nellemeut ou non, ne prévalaient gucrc conlre les

passions que leur mort déchainait presquc tou–

jours. De plus, Joscph était bon, attaché au fond

a

Napoléon, n'avait pas d'enfant m<lle, et songeait

probablemcnt

a

unir !'une de ses filies au roi de

Romc. C'étaient des raisons de nepas le craindre,

et meme de se ficr

a

Jui. Jéróme élait tout

a

fait

dévoué

a

son frere, et d'ailleurs point en mesure,

par son agc, de disputer la régcncc. Louis avait

disparu de la scene. &lurat, si ce n'est comme mi–

litaire, n'avait aucune importancc. 11 n'y avait

done pas

a

s'inquiéler d'cux, et il fallait laisser la

régencca Joseph, dans lesmains de qui clic scrait

pcu conlestéc. Toutes ces raisons ne toucherent

poinl Napoléon, et il parut décidé

a

écartcr. ses

freres. JI ne voulait que sa fcmme conduile par

un habilc homrne. L'archichancelier parla ensuile

a

Napoléon du princc Eugenc, qui jamais ne lui

avait donné de mécontcnlcmcnt , sauf par un peu

de nonchalance, et qui, du reste, s'était acquis

bcaucoup d'honneur dans la dernierc campagne.

Au nom du prince Eugene, Napoléon, ordinai–

remcnt si affcctucux quand il s'agissait de ce

prince, s'arrcta tout

a

coupavec l'apparencc d'unc

réflcxion inquiete et ombragcusc.- Eugene, dit–

il, est un exccllent hornrne. Mais il cst bienjeune!

JI faut se garder d'allumer une arnbition exces–

sive dans ce coour si peu fait encore aux passions

du monde... Qui sait ce que le lcmps pourrait

amener! ... -

Tous les princcs impériaux ayant été ainsi

écartés, et Napoléon revenan! sans ccsse

a

son

idée, il fallut chercher pour le satisfaire les

formes les moins blcssanles. Pcrsonne , pour

trouve1· des formes, n'était plus habile que l'ar–

chichancelicr Cambacéres. 11 y avait, pour cx–

clurc la plupart des princcs de la famillc impé–

rialc, soit de la régcuce, soit

meme

du conseil

de régcncc, une raison des plus naturcllcs, et

des moins sujetlcs

a

contestation, c'était la pos–

scssiond'un trónc ét,rauger. Les princcs en cffct

qui régnaicnt hors de l'Ernpire pouvaicnt aroir

des intércts lcllcment contraires

11

ccux de Ja

France, que leur cxclusion du gouyerncwient,

en cas de minorité, allait de soi, et ne pouvait

paraitrc ni une de ces précautions de défiancc,

ni une de ces rigucurs cxccssivcs qu'un

rC~ne

elTacc imrnédiatemcnt en s.uccédant

i1

un autrc.

JI ful done convenu que, par un articlc du séna–

tus-consultc projeté, on exclurait de la régcncc

les princcs assis sur des tróncs étr:mgcrs,

n

moins qu'ils n'abdiquasscnt, ce qui était pcu

vraiscmblable , pour venir cxcrccr en Francc

leurs droits de princcs et de grands dignitaircs

de l'Empirc. Une aulrc disposition tout aussi

naturclle, c'étoit la p;·éférence accordée

a

la

mere pour gouvcrncr l'État pendan! la minorité

de son fils. La nature était ici une raison parlant

a

tous les coours. De plus la politiquc cxtérieurc

\'Cnait ajouter une autrc raison en favcul'

de

Marie-Louisc, c'était l'avanlagc de conférei· Je

pouvoir

a

une filiedes Césars, aimée de l'cmpe–

rcur son pCrc, et ayant ainsi des

Litres

s::icrés

Ola protcction de la principalc des

COlll'S CUl'O–

pécnnes. Les frercs de Napoléon cxclus sans in–

justicc et sans offense, l'lmpératricc constituéc

régenle de la maniere lamieux motivéc, il fallait

lui composcr un conscil de régcncc, et réglcr les

attributions de ce conscil. Napoléon déc:idaqu'il

scrait eomposé des princcs du sang, oncles de

l'Empereur, des princcsgrands dignitaircs (tou–

jours

a

la conditionqu'ils ne régneraicnt pas au

dehors), et dans l'ordrc suivant : J'archichance–

lier, J'archichancclicr d'État, le grand élcclcur,

le eonnétablc, l'architrésoricr, le grand amiral.

Cct ordre attribuait la premiere place au princc

Cambacéres, et lui assuraitla principalc inílucnec

sur les affaires. Napoléon se chargeait d'ailleur;

de la lui assurcr plus complélcmcnt par ses in–

structions secretes

i1

l'lmpératrice. Le conscil

dcvail ctrc consultésur loutes les grandes affaire•

dÜat, mais il n'avait que voix consultative.

Les chosesayant été ainsi réglécs dans un pro–

jet de sénatus-consullc, Napo)éon fit d'abo1'tl

présenter ce projct au conseil d'Élat avant de

l'envoyer au Sénat. 11 en exposa lui-mémc les

motifs de vive voix, avcc

p

écision et aulorité.

Tout le monde se tut, et parut approuver sans

réscrvc. Néanmoins un mcrnbrc demanda s'il ne

convicndrail pas de réparcr une omission du

futu1·

sénnlus-consulte, el

de

conférer

la

régence

a

la mere ele l'Empercur minem·, mcme lors–

qu'clle ne serail pas impératricc douairiCrc. Le

cas aurait pu se procluirc si Napoléon avnit pris

pour héritier un fils de son frerc Louiset de la

reine Hortense. Cctte prineessc, dcpuis que le

roi Louis avait abdiqué la couronne de Hol–

landc, vivait en Frunce séparée de son mari, et

trCs-airnéc

de

la société parisic11nc. Laréclama–

tion, évidcmment présentéc clans son intérét,