LES COHOl\TES. -
M.los
1813.
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cmpirc en l'absencc ou
a
la morl du géant qui
l'avai! élcvé, il songcait
a
s'cnfonccr dans Ja rc–
trailc et la piété. 11 fut épouvanlé du róle qu,i Jui
étaitréscrvé, et plaida aupres deNapoléon la cause
de ses frercs. D'abord, avait-il <lit, il aurait fallu
les écartcr par une disposition constitutionnelle,
et l'histoir·e n'apprcnait que trop que lesdisposi–
tions des souverains défunts, établies constilution–
nellemeut ou non, ne prévalaient gucrc conlre les
passions que leur mort déchainait presquc tou–
jours. De plus, Joscph était bon, attaché au fond
a
Napoléon, n'avait pas d'enfant m<lle, et songeait
probablemcnt
a
unir !'une de ses filies au roi de
Romc. C'étaient des raisons de nepas le craindre,
et meme de se ficr
a
Jui. Jéróme élait tout
a
fait
dévoué
a
son frere, et d'ailleurs point en mesure,
par son agc, de disputer la régcncc. Louis avait
disparu de la scene. &lurat, si ce n'est comme mi–
litaire, n'avait aucune importancc. 11 n'y avait
done pas
a
s'inquiéler d'cux, et il fallait laisser la
régencca Joseph, dans lesmains de qui clic scrait
pcu conlestéc. Toutes ces raisons ne toucherent
poinl Napoléon, et il parut décidé
a
écartcr. ses
freres. JI ne voulait que sa fcmme conduile par
un habilc homrne. L'archichancelier parla ensuile
a
Napoléon du princc Eugenc, qui jamais ne lui
avait donné de mécontcnlcmcnt , sauf par un peu
de nonchalance, et qui, du reste, s'était acquis
bcaucoup d'honneur dans la dernierc campagne.
Au nom du prince Eugene, Napoléon, ordinai–
remcnt si affcctucux quand il s'agissait de ce
prince, s'arrcta tout
a
coupavec l'apparencc d'unc
réflcxion inquiete et ombragcusc.- Eugene, dit–
il, est un exccllent hornrne. Mais il cst bienjeune!
JI faut se garder d'allumer une arnbition exces–
sive dans ce coour si peu fait encore aux passions
du monde... Qui sait ce que le lcmps pourrait
amener! ... -
Tous les princcs impériaux ayant été ainsi
écartés, et Napoléon revenan! sans ccsse
a
son
idée, il fallut chercher pour le satisfaire les
formes les moins blcssanles. Pcrsonne , pour
trouve1· des formes, n'était plus habile que l'ar–
chichancelicr Cambacéres. 11 y avait, pour cx–
clurc la plupart des princcs de la famillc impé–
rialc, soit de la régcuce, soit
meme
du conseil
de régcncc, une raison des plus naturcllcs, et
des moins sujetlcs
a
contestation, c'était la pos–
scssiond'un trónc ét,rauger. Les princcs en cffct
qui régnaicnt hors de l'Ernpire pouvaicnt aroir
des intércts lcllcment contraires
11
ccux de Ja
France, que leur cxclusion du gouyerncwient,
en cas de minorité, allait de soi, et ne pouvait
paraitrc ni une de ces précautions de défiancc,
ni une de ces rigucurs cxccssivcs qu'un
rC~ne
elTacc imrnédiatemcnt en s.uccédant
i1
un autrc.
JI ful done convenu que, par un articlc du séna–
tus-consultc projeté, on exclurait de la régcncc
les princcs assis sur des tróncs étr:mgcrs,
n
moins qu'ils n'abdiquasscnt, ce qui était pcu
vraiscmblable , pour venir cxcrccr en Francc
leurs droits de princcs et de grands dignitaircs
de l'Empirc. Une aulrc disposition tout aussi
naturclle, c'étoit la p;·éférence accordée
a
la
mere pour gouvcrncr l'État pendan! la minorité
de son fils. La nature était ici une raison parlant
a
tous les coours. De plus la politiquc cxtérieurc
\'Cnait ajouter une autrc raison en favcul'
de
Marie-Louisc, c'était l'avanlagc de conférei· Je
pouvoir
a
une filiedes Césars, aimée de l'cmpe–
rcur son pCrc, et ayant ainsi des
Litres
s::icrés
Ola protcction de la principalc des
COlll'S CUl'O–
pécnnes. Les frercs de Napoléon cxclus sans in–
justicc et sans offense, l'lmpératricc constituéc
régenle de la maniere lamieux motivéc, il fallait
lui composcr un conscil de régcncc, et réglcr les
attributions de ce conscil. Napoléon déc:idaqu'il
scrait eomposé des princcs du sang, oncles de
l'Empereur, des princcsgrands dignitaircs (tou–
jours
a
la conditionqu'ils ne régneraicnt pas au
dehors), et dans l'ordrc suivant : J'archichance–
lier, J'archichancclicr d'État, le grand élcclcur,
le eonnétablc, l'architrésoricr, le grand amiral.
Cct ordre attribuait la premiere place au princc
Cambacéres, et lui assuraitla principalc inílucnec
sur les affaires. Napoléon se chargeait d'ailleur;
de la lui assurcr plus complélcmcnt par ses in–
structions secretes
i1
l'lmpératrice. Le conscil
dcvail ctrc consultésur loutes les grandes affaire•
dÜat, mais il n'avait que voix consultative.
Les chosesayant été ainsi réglécs dans un pro–
jet de sénatus-consullc, Napo)éon fit d'abo1'tl
présenter ce projct au conseil d'Élat avant de
l'envoyer au Sénat. 11 en exposa lui-mémc les
motifs de vive voix, avcc
p
écision et aulorité.
Tout le monde se tut, et parut approuver sans
réscrvc. Néanmoins un mcrnbrc demanda s'il ne
convicndrail pas de réparcr une omission du
futu1·
sénnlus-consulte, el
de
conférer
la
régence
a
la mere ele l'Empercur minem·, mcme lors–
qu'clle ne serail pas impératricc douairiCrc. Le
cas aurait pu se procluirc si Napoléon avnit pris
pour héritier un fils de son frerc Louiset de la
reine Hortense. Cctte prineessc, dcpuis que le
roi Louis avait abdiqué la couronne de Hol–
landc, vivait en Frunce séparée de son mari, et
trCs-airnéc
de
la société parisic11nc. Laréclama–
tion, évidcmment présentéc clans son intérét,