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LIVl\E QUARANTE-SEPTIEME.
ful appuyéc par un jcune conscillcr d'Élat qui
jouissait de toute la faveur impérialc, M. le
c01nlc Molé. füpoléon la rcpoussa d'unc maniere
dure
et
pércmploirc, et il n'en fut plusqucslion.
En sorlant du conscil, il dit
¡,
Camhacéri:s : Eh
bien, avcz-vous vu s'agilcr les amis d'Horlcnsc?
que scrait-cc si j'étais mort !... - El il laissa
éclwppcr un soupir a la pcnséc de lout ce qui
pourrait arriver s'il disparaissait de
la
sccnc du
monde.
Le sénalus-consullc fut adopté par le Sénat lcl
qu'il avait été proposé. Par ses lcttrcs patentes
Napoléon conféra
a
larégcnlc la plénitudc appa–
renlc de l'aulorité souvcrainc, sauf l'intcrdiclion
de préscntcr des lois au Corps légis!atif, et des
sénalus-consultcs auSénat; mais dans la pratiquc
il rcslrcignit l'usagc de ccttc autorité par des
précautions bien calculécs, et il établit que la ré–
gcnlc ne fcrait ricn sans la signntm·c du princc
Cambacéres.
JI
tui donna en outrc pour sccré–
l<>irc de la régencc, dcvnnt rcmplir aupresd'cllc
les fonclions de ministre d'État, le sage duc de
Cadorc, M. de Champagny. 11 ne pouvait assu–
rémcnt l'cnlourcr de mcillcurs conscils.
Le 50 mars il invcstit l'Jmpéi-atricc de sa nou–
vclle dignité. Environné des grands dignitaircs
de l'Empirc, il la
re~ut
dans la salle du trónc,
et il tui fit prélcr serment de gércr en Lonnc
mere, en fidclc épousc, en honnc
Fran~aise,
les
augustcs fonclions qui lui étaicnt attribuécs.
Ccttc formalilé accomplic,
il
congédia l'asscrn·
blée, ne relint que les ministres, et fit assister
l'lrnpéralricc
11
un conseil oú l'on traita des plus
grandes afl'aircs. Elle y parut attcnlive , cu·
ricusc, et poinl dépour1·uc d'inlclligcncc. Pcn–
clant les jours qui suivircnt,
il
continua de·l'ap–
pclcr
¡,
chaquc conscil, discuta toulcs choscs
dcvant clic, et prit soin de l'initier lui-mcme au
gouvcrocment. Dans ce court opprcntissagc,
il
indiqua a ccux qui devaicnt la dirigcr ce qu'il
fallait lui montrcr ou lui cachcr. Parcouranl les
rapporlsde policc, il en écarta quclqucs-uns, et
dita l'archichancclicr Cambacércs : 11 oc l'aut
point salir !'esprit cl'uncjcunc fernmc de certains
détails. Vous lirrz ces rapporls, et vous fcrcz
choix ele ccux qui dcvront etrc comrnuniqués
a
l'lmpératricc ', - Pu is il cxclut encorc, pour se
1
\'oici une lcltl'e iutércssnntcauducdc Rorigo, qui révCJe
cegenrc<lesollicitudc.
•c Au.lli11islredelapolice
" Erfun,le?6anil 18U.
tt
Mou inlcnlion n'csl ras que \'OUS
remclliez <lircclcment
le réscrvcr, un genre d'affaircs, c'était la nomi–
tion des oflicicrs supéricurs de l'armée. - Ni
vous ni l'lmpératricc, dit-il
a
Cambacércs, ne
connaisscz le pcrsonncl de l'arrnéc. Le minis–
lrc de la gucrrc scul le connait, et je n'ai pas
confiancc en lui. Si je le laissais fairc, il rc1npli–
rait l'armée elesujctssu1· le déroucmcntdesqucls
je ne pourrais pas comptc1', et je finirais par le
dcslitucr. Vous aurez clone soin de me 1·envoycr
a
signcr
LOUS
lesbrcvcts. - Le ministre Clarke,
duc de l'cltrc, laboricux, assidu
a
ses fonctions,
a[cctant le dévoucmcnt' mais
commc·o~ant
a
doulcr ele la pcrpétuité de la dynastic irnpé–
riatc; ehcrchait volonticrs auprcs de lous les
parlis des appuis futurs. 11 était violcmmcnt
brouillé avcc le ministre de la policc. Napoléon
n'était pas fdché de fairc survcillcr la fidélité un
pcu suspcctc du duc de Fcllrc par la hainc du
duc de Rovigo, dans la sincérité duqucl il avaiL
loutc confiancc.
Au momcnt de partir pour l'arméc, Napoléon,
chcrchant a conciJicr des amis a son fiJs Cl
a
Sil
femmc, aurnit voulu fairc une promotioo consi–
dérahlc de sénalcurs, afin d'étaycr par des inté–
réts satisfoits le clévoucmcnt ébranlé d'un grand
nombre de pcrsonnagcs. Muis cctte mesure pré–
scntait un danger que le pénétrant archichancc–
licr lui signala.
JI
ne rcstait que trcize places
vacantes au Sénat, et treizc dolations disponi–
bles. Fairc plus de nominalions qu'il n'y avait de
vacanccs, c
1
ét.ait s'obligcr ou
a
diviscr davantagc
les rcssom·ces cxislantcs, ou
a
augmenlcr les
revenus du Sénat. La situation des financcs ne
pcrmcllant pas de rccourir a ce dcrnicr moyen,
et ne voulant pas uscr· du prcmier, de peur de
méconlcnlcr le Sénal, Napoléon ne nornma que
trcize nouvcaux mcmbres, qui n'ajoutCrcnt pos
bcaucoup, commc on le vcrra plus tard,
a
la
fidélité de ce corps.
11
prodigua en outrc les dé–
corations de l'orurc de la Réunion,
et
nomma
iluc le comtc Dccrcs, auqucl il avait fait atlen–
drc ce litre fort injuslcmcnt, car ce n'était pas
la foutc de ce ministt'C si la marine n'avait pas
cude grands sucees pcndant l'erc impériale.
11
choisil pour ses aides de camp le général Corbi–
neau, qui avait miraculcuscment lrouvé le pas–
sagc de la Dérézina, el l'illustrc Drouot,qui reo-
...
itl
1
lmpéralrice \'OS mémoires surlesaffafres depolice. Ce
11 ncpcuta1·oir::ucu11a1'anlagc,ctj'r1·oisdcs inconvénienls.
" J.!lmpéralricc esl tropjeuncpour lui
g~tc1·
l'esprit oul'in–
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11uiétcr parJcsdélailsJepolice. Vous nedc1·cz doncaúres–
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scrqu'il l'archichancclicl'la copicJi:srapporls!IUevousmc
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