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LIVRE QUARANTE-QUATRIEME.
mida les nwu1»issujcls,et, sans rcndredes forces
a
ccux de sessoldalsquiétaicnt épuisés, ou de la
honnc volonté
it
ccux qui n'cn avaicnt pas pour
une tcllcgucrrc, rél'cilla le srntimcnt du dcl'oir
chcz les masscs, que le mauvais cxcmplc, legoUt
du pillagc, l'impunité nssurée dans la profondcur
des bois,
commcn~aicnt
¡,
corrornprc. Les appro–
l'isionncmcnts en céréalcs lroul'és
il
Minskétaicnt
hcurcuscmcnt sous forme de forinc: le rnaréchal
n'cut done qu'a fairc pétrir et cuirc du pain. 11
se procura des rations pour dix jour;, <lonna de
l'avoinc
a
ses chcl'aux, et rcmil tout en ordrc
parmi ses lroupcs, afin d'cntreprendre bicnlót de
noul'cllc! marches.
Entré
a
Minsk le 8 au soir avcc son al'ant–
gardc, n'y ayanl réuni ses divisions que le 9, il
les al'ait déja un pcu rétablics le
iO,
et il aurait
poursui\
1
i
sonmouvcmcnt, si la situation nutour
de lui n'était dcvcnuc des plus ambigucs, et
n'avait cxigé de nouvellcs lumiCrcs av:mt de se
portcr plus loin. Une fois
a
Minsk, on pouvait,
en faisant quclqucs pus de plus, arrivcr sur la
Bérézina, et, en inclinant un pcu
il
<ll'oitc, se
rcndrc sous les murs de llobruisk, place fortc
qui cornmandait le passagc de la llérézina, ou
bien, en
pcr~ant
droit dcvant soi, se l!·ansporlcr
jusqu'aux bords du Dniépcr
a
Mohilcw. (Voir la
cartc n' 51;.) C'était l'un ou l'autre de ces mou–
vements, le plus ou le moins allongé, qu'il fallait
cxéculcr, suivant que le princc llagration scrait
réputé avoir plus ou moins diavancc sur nous.
Or
il
résultait des détails rccucillis de la bouchc
desprisonnicrs,dcsjuifs,des curés,dcsscigncurs,
les uns désirant dirc lavérité, rnais l'ignornnt, les
aulrcs Ja connaissant, mais
la
voulanl tairc,
il
résultait confusémcnt que le prince Bagration
s'était d'abord avancé jusqu'uu Niémc11 , vers
Nikolajcf, pu is, qu'aprcs avoir rallié Dorokoffet
Platow, il s'était rcplié vc1·s la pctitc vi lle de
Ncswij,
SUI'
la routc de Grodno
a
!Jobruisk, qui
était la roulc naturcllc de l'arméc du Dniépcr.
11 était donepossiblc d'arretcr le princcllagration
a
llobruisk memc, surtout si on étail joint par le
roi Jérómc, dont on n'avait que des noul'cllcs
trcn•agucs, nrnis qui, aprcs tout, ne dcl'ait pus
tardcr
il
parailrc. Si, cffcctircmcnt, en marchant
sur Bobruisk par lghoumcn, on parrcnait
a
arrc–
tcr le princc Bagralion au passagc de la Bérézina,
tandisquc leroi Jérómcl'assaillirait pardcrricrc,
on poul'ait l'cnvcloppcr de tcllc
fa~on
qu'il n'cüt
plusque les marais de Pinsk pour
asile.Aucon–
lrairc, en courant jusqu'au Dniépcr pour inter–
ccptcr sa marche
a
Mohilcw, l'inccrtitudr du
succcs augmcnlait avcc la distancc. ll poul'ait se
fairc, en cffct, qu'arrcté
il
Mohilcw, le général
russc dcsccndit plus bas pour passcr le Dniéper
a
llogaczcw'et il élait doulcux qu'itcctlc distancc
le roi Jéróme se trouvílt exaclcment sur ses dcr–
ricrcs, et le scrr:it d'aussi pres. En un mot, le
ccrclc dans lequcl on chcrchait
il
l'cnl'cloppcr
étant agrandi, il lui rcstait plus de points pour
s'échappcr. J,c marcchal Dal'oust résolut done
d'attcndrc cncorc unjour ou dcux pour savoi1· ce
qu'il conl'cnait de fairc, en préparant au surplus
sa marche sur Ighoumcn, marchequi aVail l'avan–
lagc de le rapprocher égalcmcnt de Mohilcw et
de llobruisk, les dcux huis dont il fallait qu'on
atteignit !'un ou l'autrc.
Sa mauvaise humcur contrc le roi Jérómc,
aiusiqu'il arrive
a
tous ccux qui attcndent, était
extreme, et
il
ne se faisait fautc de la communi–
qucr
¡,
Napoléon, qui la rcportait ace princc en
termes l'iolcnts. Dans la vic communc, et plus
cncorc dans la vic militairc, on ticnt comptc de
ses proprcs embarras, et trcs-pcu des embarras
d'autrui. C'cst ce qu'on pratiquait
il
l'égord du
roi Jérómc et de ses troupes. On se plaignait de
lcur lcntcur, tandisque soldaIset générauxs'cx–
lénuaicnt pour ne pas manqucr ou rcndcz-l'ous.
Voici, en cffct, ce qui lcur était avenuau passagc
du Niémcn, et dcpuis.
Parlis des cnvirons de Pultusk, et obligés de
suil'rc la routc d'Oslrolcnka et Goniondz, pour se
rcndrc
¡,
Gl'odno,
a
l!'al'Cl'S un pays pauvrc oii il
fallail tout porlcr avcc soi, sur des chcmins oii
tont fardcau un peu lourd
s'cnfon~ait
profondé–
mcnt, les Polonais et les Westphaliens, précédés
par lecorps de cavalcrie du général Lalonr-Mau–
bourg, avaicnt cu la plus grande peine
a
gagncr
le Niémcn dans les dcrnicrs jours <lr.juin. Tandis
qu'ilsse dirigcaicnt vcrs Grodno pour y passcr le
Niémcn, le général llcynicr se porlait sur lcur
droitcal'CCles Saxons pour débouchcr par Bialy–
stok, et le princc de Schwarzcnbcrg avcc cnl'iron
50 rnillc Aulrichicns arril'ait de la Gallicic
il
llrczcsc-Litowsky. Ce princc, aprcs avoir hésilé
il
francbir le llug, marchait en talonnant sul'
Jlroujany, et s'y arrclait <le pcur d'ctrc compro–
mis del'ant les forces de Tormasoff, qu'il s'cxa–
gérait bcaucoup.
Prcssé par les ordrcs réitérés de l'Empcrcur,
le roi Jérómc, qui al'ait misen tele de sa colonne
les cxccllcntcs troupes du princc Poniatowski ,
avaitsacrifiéplusd'un millicr de chcvauxdc lrnit,
afin d'arrivcr plus vite
a
Grodno, et laissé en
outrc bcaueoup d'homrncs en arricrc, su1·Lout