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MOSCOU. -

JUILLET

1812.

219

répondit enpersistantdanssarésolution, réponse

c¡ui ne devait arriver que Je ·18 ou le 19 au ma–

réchal. Des ce moment, Ja grande combinaison

de Napoléon était avorléc, car il aurait fallu etrc

tous ensemble sous Bobruisk le ·l7, et ce n'était

plus possiblc. Tout ce qu'on pouvait fairc désor–

mais, l'occasion d'arrCter et d'cnvcloppcr

Bagra~

tion sur Ja Bérézina élant rnanquéc, c'élail de

le devanecr sur Je Dniépcr, en allant oecupcr

Mohilew. Maisalors lesrésultats nedevaient plus

Ctrc les mCmes. En arrétant le princc llogration

sur Ja Bérézina

1

on ne lui laissait guCrc de rc–

lraite que vers Mozyr et les marais de Pinsk, oli

l'on a1•ait le moyen de l'assaillir, de l'cnvclopper,

de Je prendre tout entic1·. En l'arrclant seule–

ment sur leDniéper, on réussissait a l'empccher

depasser par Mohilew, mais il redescendait ulors

sur Staroi-Bychow (voir la carte n'

55);

si meme

on l'arrétait vers ce dcrnier point, il pouvait

descendre encorc sur Rogaczew, et daos le pre·

mier cas c'étaient cinq ou six jours qu'on luí

faisait pcrdre, etdix ou douzcdans le second. Ce

n'était plus, comme on l'avnit cspéré, sn ruin

ou sonannulalion pour toute la campagne; e'était

un résullat utile, mais nullcment décisif.

Le maréchal Davoust, sans attcnd1·c les dcr–

nicrcs réponscs du prince, avait résolu, sur la

nouvelle de quelqucs mouvernents de l'ennemi

au delade la Bérézina, de renonccr a une opéra–

tion combinée sur Bobruisk, et de marcher sur

Mohilcw, afin de ne pas laisser échapper tous les

résultats

a

la fois.

11

avait des le 16 acheminé ses

t1·oupcs par Jakzitcy au deln de la Bérézina ;

le 17, il suivit Jui-mcme avec Je reste de son

corps d'arrnéc, et se dirigen par Pogost sur· le

Dniéper, dans Ja direction de Mohilcw. Ayant

rc<;u en routc des lcttres du roí Jérómc <1ui lui

annon<;aient les résolutions définitivcs de ce

prince, il prit le partí de donner des ordres i1

tout le corps d'armée, qui n'avait plus que luí

· pour chef. JI ordonna aux Wcstplialicns de se

i·cndrc par Ouzda, Dukora et llorisow

a

Orscha,

afin de les placer sur

le

Dniéper, entre luí et Ja

grande arméc

1

qu'il savait en marche vcrs la

haute Dwi11a. En attcndant l'arrivée des West–

phaliens, qui nepouvait avoir lieu avant huit ou

dix jours, il dirigen sur Orscha Ja cavalc1•ic de

Grouehy, pour établir lepluslótpossiblcsa liaison

avce Ja grande arméc.

ll

prcseril'it aux Polonais,

corps sur Jeque! il comptait le plus, de s'nchcmi–

ncr vers Mohilew, par Ouzda, Dukora et Jghou–

men, en contournant Ja région marécagcusc et

boisée qui l'avait séparé de Jérómc. C'était un

lrajct de six jours au moins. S'il pouvait réunir

les Polonais

¡,

tcmps, il elcrait avoir cinquanlc et

quclqucs mille hornmcs, e'cst-3-elirc ele quoi ac–

cablcr Bagrntion. Quant

a

lacavalcricde Latour–

Maubourg, il Ja chargca d'cmcloppcr llobruisk,

et de harcclcr cctte place enayant soin de se tenir

su1· Ja Bérézina et de se licr avcc Mohilcw. Rcs–

taicnt les Saxons, et

a

Ja droilc des Saxons les

Autrichic11s, dont on vcrra bicnlót l'ernploi tcl

que l'ordonna Napoléon.

Ainsi ele la combinaison inrnginéc pour cnvc–

lopper et prcnelrc le princc llagration,

il

ne rcs–

tait

plu~

que la chance de l'arrétcr

a

Mohilcw,

et de l'oLligcr

a

passer Je Dniépcr au-elcssous, ce

qui rclarelait beaucoup, mais ne rcnelait pas im–

possiblc sa jonction arce Barclay de Tolly.

Lorsquc Nnpoléon apprit ccttc mésaventurc,

il

en coocut une vive irritation contrc

le uwré–

ehal

Dav~ust

et le roí Jéróme, mais bcaucoup

plus vive contrc ce dcrnicr.

JI

reprocha au ma–

réchal Daroust d'avoir pris lrop tót Je <;ommau–

dcmcnt (les dcux nrmécs n'élant pas

cnco1·e

vé–

ritablcmcnt réunies¡, et, Jecomnrnndcmcnt pris,

ele ne l'avoir pas excrcC avec une vigucur suffi.

santc.

11

reprocha au roí Jérómc de luí avoi1· fait

pcrdrc Je fruit deJ'unc de ses plus bcllcs manreu–

''res, et le laissa rctourner enWcstphalic en gar–

dant les Wcstphalicus. 11 ne se reprocha point

a

lui-mernc, ce qui cut été plus juste, d'avoir,

par une babitudc royale, digne tout au plus de

Louis XIV, confié

a

un jeune bommc dévoué,

bravc, mais sans cxpéricncc, une arméc. de

80 millc homrncs, puis, Jorsque ce jcuuc princc

n'avail commis cncorc aucunc fautc, de l'avoir

gourmandé,

humilié de

toutcs

les

maniCrcs,

eommc s'il av.ait été responsable ele la résistanee

des élémcnls, de s'et1·c cnsuilc brusqucmcnt dé-·

cidé

¡,

le suhordonncr

iJ

un maréchal, partí qu'il

aurait fallo prendre des !'origine, dans l'intérét

des opérations, et non aprcs eoup,

á

Litrede pu–

nition; <le n'al'oir prévu ni l'e5claudrc qui dc–

vail

en

ré5ult.cr,

ni In conséqucncc bien plus

g1·nvc de foil'c nrnnqucr une mnnreuvrc décisirc

et des plus savantcs qu'il cúl jnmais inrnginécs;

cnlin, et par-dcssus tout, de n·avoir pasaccordé

au

rnaréchalDavousL ic rcnfort d\mc ou de dcux

divisions,

rcnforL q11i

aurnit mis ce mai·échal en

mcsu1·c de ne pas faircdépcnd1·e sesmouvcmcnls

d'unc jonclion des plus prohlérnatiques. Voiln

ce que Napoléon ne se dit point, etce qui révclc

ehcz lui, non pas une eléchéancc de son esprit,

qui élait tout aussi l'aste, lout aussi prompt, tout

aussi fcrtile qu'i1aucunc autrc époquc, mais les