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LIVfiE QUAfiANTE-QUATfilEME.
recouvré
a
peine dcux ou !mis mi lle; les aulres
étaicnt occupés
a
pillcr. La plupart, surtout
parmi les Allemands, repassaient le Niémcn.
Tout ce que la prévoyance humaine pcrmct–
taiL
de
fairc pour corrigcr les inconvénicnts
d'unc cnlreprise qui élait probablcment la plus
téméraire des sicclcs, ayant été prcscrit, Napo–
léon résolut ele partir clans la nuit du
1G
au
17
juillet. Avant de quitlcr Wilna, il ne put se clis–
penscr ele reccvoir les rcprésentanls ele la dicte
polonaisc, réu11ic cxLraordinaircmcnL UVarsovic.
On se souvient que
M.
ele Praclt, archcvéque de
Malines, avnit été, au défaut de M. de Talley–
ran<l , clrnrgé cl'allcr
i1
Yarsovie exciter et cliri–
gcr l'élan palriotiquc des Polonais. Ce person–
nagc, incapablc de se gouvcrncr au rnilicu d'unc
commotion populairc, étail arrivé
a
son poste'
et avait lrouvé les Polonais fort émus par l'icléc
d'unc
rcconstitulion
prochainc, disposés commc
decoutumc
a
se battrc vaillammcnt, rnais ruinés
par le bloeuscontinental, mRnquant de eonfiancc
dans le succcs de ccttc guerre et dans les réso–
lutions ele Napoléon
a
leur égard, proposant lous
une chosc dill'frente, et autant quejamais agités,
bruyants, désunis. Se fairc écouter au milieu clu
chaos des volontés discordantes, tcmpérer les
violents, exciter les ticdcs, concilicr les jaloux,
amuscr les cliimériqucs, nmcncr enfin
a
force
de souplcssc et devigucur la massc étourdissantc
et étourdic ;\ eles volontés sensécs, fortcs, uni–
formes, cst unart supérieur, que la naturesculc
ne sumt pos
a
<lonncr si l'expéricnce ne l'a pas
müri , et qui ne s'acquicrt que <lans les pays
libres. L'archcvéquc ele Malincs, surpris, décon–
certé, n'ayant que quelques saillics spiritucllcs
pour touL manégc, ne savail comment se tircr
de ce clwos. Mais, la passion suppléanL
i1
Lout,
les Polonais aboulircnl
a
l'idée d'unc dicte gé–
nérale, convoquéc immédiatcmcnt, et qui, sui·
vant l'antiquc usngc , proclamerait , out
re Ja
rc–
constitution de la Polognc, la confédération ele
toutes ses provinccs, et
i<I
levéc en mnsse de In
populalion conlrc la Russie. Le pauvrc 1·oi de
Saxc, sur la tete duque! était tombéc la cou–
ronnc de Polognc,
avait
pourvu
d'nvancc les
ministres du grand-duché dcs
11
pouvoi1·s néccs–
saires, et ccux-ci s'étaicnt prCtés :ivcc cmprcssc–
mcnt
i1
la convocation ele la dicte. Cctlc dicte,
asscmbléc cxtraordioaircmcnt, s'étnitréunic sur–
lc·champ, avait choisi pour présidcnt le rcspcc–
tablc princc Adam Czai·toryski, octogénairc, et
;jadiSmaréchal d0 l'unc des ancicnncs diclcs;
avait proclamé au milicu d'un enthousiasmc
universel le rétablissement de la Pologne, la con–
fédéraLion de loutes ses provinccs, l'insurrection
dccellcsqui étaientcncorcsousrles maitrcs étran–
gers, et une démarche auprcs de Napoléon, pour
le supplicr de laisser tomber de sa bouche souve·
raine ce grand mol : LA PoLOGNE Esr nÉTADLIE.
La dicte s'était séparée en instituant une com–
mission chargéc de la représcnler, et de remplir
en quelque sorte le rólc de la souveraincté na–
tionatc, landis que les ministres clu granel-duché
rcmpliraicnt celui du pouvoir cxécutif. C'était
une asscz grande difficulté que de faire marcher
ensemble ces rcprésentants de la souveraincté
nationalc et ces agcnls du pouvoir exécutif, les
UllS
et les autres VOUJant joucr les deux roles
a
la fois, mais ce n'étRit pas la plus grande. 11 au–
raiL fallu, sans pcrdre de lcmps, dirigcr leur ar–
dcur vcrs les dcux objets cssentiels, la levée des
hommes et la propagation de l'insurrcction en
Lithuanie, en Yolhynic, en Podolie. Si l'abbé de
PradL avait
cu
de l'argcnt , un mandnL étendu
et un véritable génie d'action, il aurait peut-élrc
réussi
a
tircr de ces éléments en fcrmentation
une force organiséc, capahlc cl'allcr insurgcr la
Yolhynie et la Podolie, tandis que Napoléon au–
rait organisé
la Litbunnic, qu'il
vcnait d'insur–
gcr par sa préscncc. Mais Napoléon ne lui avait
pas donné une obolc, lui avait fait compter
¡,
peineses appointemcnts, el lui avail accorclé un
mandat équi1·oquc commc la confiance qu'il avait
clans ses talcnts poli tiqueset nclministratifs. Aussi
toul ce que l'abbé ele Praclt avait pu et su faire,
avail été d'aidcr les Polonais
a
rédiger le mani–
fcstc qui
annon~ait
la rccoastitution de la Po–
lognc, documcnt écrit avcc quelquc talcnt, rnais
sans convenancc, el paruissant composé plutót
ii
Paris qu'i1Varsovic. Ccttc picce rédigéc , on
était tombé d'accord d'cnvoyer
a
Wilna une dé–
putation pour portcr
a
Napoléon !'acle de la
dicte, et provoqucr de sa part une déclaration
solcnnclle. M. de Pradl. a1•ait été forcé de con–
sentir
n
ccltc démarchc, fort cmharrassantc pour
Napoléon, mais iucvitablc et naturcllc, il faut en
convenir, de la
parL des Polonnis.
Les députés , qui étaient les sénatcurs Joseph
Wybiski et Yalcntin Sobolcwski, les nonces
Alcxanclre llcniski , Stnnislas Soltyk,
Ignr.eeStadnicki , Mallhieu Wodzinski, LRdislas Tar–
nowski, et Sianislas Alcxandrowicz, arrivcrent
i1
Wilna un pcu avanl le clépart de Napoléon ,
avcc mission de lui préscnlcr une adressc, et
<l'cn oblenir une réponsc qui pút ctrc commu–
niquée au monde enticr.