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222

LIVfiE QUAfiANTE-QUATfilEME.

recouvré

a

peine dcux ou !mis mi lle; les aulres

étaicnt occupés

a

pillcr. La plupart, surtout

parmi les Allemands, repassaient le Niémcn.

Tout ce que la prévoyance humaine pcrmct–

taiL

de

fairc pour corrigcr les inconvénicnts

d'unc cnlreprise qui élait probablcment la plus

téméraire des sicclcs, ayant été prcscrit, Napo–

léon résolut ele partir clans la nuit du

1G

au

17

juillet. Avant de quitlcr Wilna, il ne put se clis–

penscr ele reccvoir les rcprésentanls ele la dicte

polonaisc, réu11ic cxLraordinaircmcnL UVarsovic.

On se souvient que

M.

ele Praclt, archcvéque de

Malines, avnit été, au défaut de M. de Talley–

ran<l , clrnrgé cl'allcr

i1

Yarsovie exciter et cliri–

gcr l'élan palriotiquc des Polonais. Ce person–

nagc, incapablc de se gouvcrncr au rnilicu d'unc

commotion populairc, étail arrivé

a

son poste'

et avait lrouvé les Polonais fort émus par l'icléc

d'unc

rcconstitulion

prochainc, disposés commc

decoutumc

a

se battrc vaillammcnt, rnais ruinés

par le bloeuscontinental, mRnquant de eonfiancc

dans le succcs de ccttc guerre et dans les réso–

lutions ele Napoléon

a

leur égard, proposant lous

une chosc dill'frente, et autant quejamais agités,

bruyants, désunis. Se fairc écouter au milieu clu

chaos des volontés discordantes, tcmpérer les

violents, exciter les ticdcs, concilicr les jaloux,

amuscr les cliimériqucs, nmcncr enfin

a

force

de souplcssc et devigucur la massc étourdissantc

et étourdic ;\ eles volontés sensécs, fortcs, uni–

formes, cst unart supérieur, que la naturesculc

ne sumt pos

a

<lonncr si l'expéricnce ne l'a pas

müri , et qui ne s'acquicrt que <lans les pays

libres. L'archcvéquc ele Malincs, surpris, décon–

certé, n'ayant que quelques saillics spiritucllcs

pour touL manégc, ne savail comment se tircr

de ce clwos. Mais, la passion suppléanL

i1

Lout,

les Polonais aboulircnl

a

l'idée d'unc dicte gé–

nérale, convoquéc immédiatcmcnt, et qui, sui·

vant l'antiquc usngc , proclamerait , out

re Ja

rc–

constitution de la Polognc, la confédération ele

toutes ses provinccs, et

i<I

levéc en mnsse de In

populalion conlrc la Russie. Le pauvrc 1·oi de

Saxc, sur la tete duque! était tombéc la cou–

ronnc de Polognc,

avait

pourvu

d'nvancc les

ministres du grand-duché dcs

11

pouvoi1·s néccs–

saires, et ccux-ci s'étaicnt prCtés :ivcc cmprcssc–

mcnt

i1

la convocation ele la dicte. Cctlc dicte,

asscmbléc cxtraordioaircmcnt, s'étnitréunic sur–

lc·champ, avait choisi pour présidcnt le rcspcc–

tablc princc Adam Czai·toryski, octogénairc, et

;jadiSmaréchal d0 l'unc des ancicnncs diclcs;

avait proclamé au milicu d'un enthousiasmc

universel le rétablissement de la Pologne, la con–

fédéraLion de loutes ses provinccs, l'insurrection

dccellcsqui étaientcncorcsousrles maitrcs étran–

gers, et une démarche auprcs de Napoléon, pour

le supplicr de laisser tomber de sa bouche souve·

raine ce grand mol : LA PoLOGNE Esr nÉTADLIE.

La dicte s'était séparée en instituant une com–

mission chargéc de la représcnler, et de remplir

en quelque sorte le rólc de la souveraincté na–

tionatc, landis que les ministres clu granel-duché

rcmpliraicnt celui du pouvoir cxécutif. C'était

une asscz grande difficulté que de faire marcher

ensemble ces rcprésentants de la souveraincté

nationalc et ces agcnls du pouvoir exécutif, les

UllS

et les autres VOUJant joucr les deux roles

a

la fois, mais ce n'étRit pas la plus grande. 11 au–

raiL fallu, sans pcrdre de lcmps, dirigcr leur ar–

dcur vcrs les dcux objets cssentiels, la levée des

hommes et la propagation de l'insurrcction en

Lithuanie, en Yolhynic, en Podolie. Si l'abbé de

PradL avait

cu

de l'argcnt , un mandnL étendu

et un véritable génie d'action, il aurait peut-élrc

réussi

a

tircr de ces éléments en fcrmentation

une force organiséc, capahlc cl'allcr insurgcr la

Yolhynie et la Podolie, tandis que Napoléon au–

rait organisé

la Litbunnic, qu'il

vcnait d'insur–

gcr par sa préscncc. Mais Napoléon ne lui avait

pas donné une obolc, lui avait fait compter

¡,

peineses appointemcnts, el lui avail accorclé un

mandat équi1·oquc commc la confiance qu'il avait

clans ses talcnts poli tiqueset nclministratifs. Aussi

toul ce que l'abbé ele Praclt avait pu et su faire,

avail été d'aidcr les Polonais

a

rédiger le mani–

fcstc qui

annon~ait

la rccoastitution de la Po–

lognc, documcnt écrit avcc quelquc talcnt, rnais

sans convenancc, el paruissant composé plutót

ii

Paris qu'i1Varsovic. Ccttc picce rédigéc , on

était tombé d'accord d'cnvoyer

a

Wilna une dé–

putation pour portcr

a

Napoléon !'acle de la

dicte, et provoqucr de sa part une déclaration

solcnnclle. M. de Pradl. a1•ait été forcé de con–

sentir

n

ccltc démarchc, fort cmharrassantc pour

Napoléon, mais iucvitablc et naturcllc, il faut en

convenir, de la

parL des Polonnis.

Les députés , qui étaient les sénatcurs Joseph

Wybiski et Yalcntin Sobolcwski, les nonces

Alcxanclre llcniski , Stnnislas Soltyk,

Ignr.ee

Stadnicki , Mallhieu Wodzinski, LRdislas Tar–

nowski, et Sianislas Alcxandrowicz, arrivcrent

i1

Wilna un pcu avanl le clépart de Napoléon ,

avcc mission de lui préscnlcr une adressc, et

<l'cn oblenir une réponsc qui pút ctrc commu–

niquée au monde enticr.