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LIVRE QUARANTE-QUATRIEME.
considércr ce canal comme la jonction de
la
mcr Noire avec la llaltique. Il s'y trouvait des
batcaux , et eles approvisionncmcnls que les
Russcs n'avaicnt pas cu le temps de détruire. Le
prince Eugcnc s'appliqua
a
les recueillir, et sur–
tout
a
vcillcr au mainticn d'unc navigation qui
pouvait étre fort utile1 l'arméc. Le21 ,
il
devait
ctrc rcnclu
a
Kamen, et n'avait plus qu'un pas 1
foirc pour touchcr
a
la Dwina, entre Oula et
llcschcnkowiczy,
a
un cndroit oú cettc rivicrc
cst si fucile
a
franchir, qu'cn été on la lraversc
agué.
Napoléonavait ainsi lousses corps
il
sa portéc,
et disposait de pres de 200 mille hommcs, ré–
panclus sur un cspacc de quclqucs licues. La
marcheavnit, il cst vrai, cncorc réduit le nombre
des combatlants; mais sans Macdonald, posté
a
gauchc, sans Davoust et le corps de Jérómc,
restés au loin sur Ja droitc, Napoléon avait au
moins
rno
mille hommes préscnls au drapeau'
et les mcilleurs de toutc l'armée.
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pouvait done
aceablcr Barelay deTolly, et se préparait en elfct
a
frnnchir la Dwina sur la gauchc de cclui·ci,
pour le lourner et l'cnveloppcr, eommc il en
avait formé le projct. Jusqu'iei, tout marclrnit
selonses clésirs.
11
n'altendait, pour cxécutcr ses
grands dcsscins, que J'arrivée de la grosse artillc–
rie, toujours un peu en retare!, et complait ctre
en mesure d'agir du 22 au 25 juillet. En atlen–
dant, il s'occupail avec son activité accoutuméc
de erécr
a
Gloubokoé une étape poun•ue de !out
ce qui cst néccssaire
a
une arméc.
11
avait trouvé,
outrc lecouvcnt qu
1
il occupnit, d'autres
couvcnls
asscz richcs. Le voisinage du canal de Lepe! of–
fraitaussides ressourccs. Avcc cesdivcrsmoycns,
il avait orclonné de préparcr des magasins, des
hópilauxet une manulcntion.Vingt·quatrcfours
étaicnt cléja en construction, et tout promcllait
entre Wilna et Witcbsk un point inlcrmédiaire
bien npprovisionné.
Tandisque Napoléon opérait son mouvcmcnl,
le maréchal Davoust eonlinuait lesien, qui, sans
avoir la mCmc importancc, en avait une fort
grande encare, puisqu'il s'ogissait d'arrCtcr
fü¡–
gration
a
Mohilew, et, en Jui inlerdisant lepas–
sngc clu Dniéper sur ce point, de le forcer ;, rc–
clesccnclrc plushas, et
a
cxécuter un long détour
pour rejoin<lre,par dcli1 le Dniépcr et la Dwina,
la grande armée de Barelay de Tolly. Le succcs
de la résistanee clu marécbnl
D~voust
importait
done au succcs de la manreuvre de Napoléon,
puisqu'clle devait retarde!"lajonclion de llagra–
tion avcc llarclay, et les obliger
a
se réunir plus
loin et plus tard. Si le maréehal Davoust avait cu
lout le corps du roi Jérómc sous la main, il cut
1101Hcu1cmcnt
arrCté,
mais
accablé Bagration.
Malhcurcusemcnt les troupes du roi Jérómc,
comme on l'a vu, des qu'elles ne passaicnt plus
par llobruisk, avaient six
a
huit jours elemarche
11 fairc pour le rcjoindrc, et
il
était avcc les divi–
sions Compans, Dcssaix et Claparcdc, et une di–
vision de cuirassiers,
i1
Mohilcw, oU il avait couru
en loute hale, pour barrer lechemin 11 llagration.
(Voir les caries n" 54 et 55.) Le reste ele sa cava–
Jcric élait répandu
a
gauche pour
Je
licr au
prince Eugcnc, et
a
droilc pour vcillcr sur les
troupes polonaiscs et wcst.phalicnncs actucllc–
mcnt en marche.
Quant au prinee Bagration, ayant lravcrsé
librcmcnt la llérézina
a
Bobruisk, sans
y
ctrc ac–
cablé par Davoust et Jérómc réunis, il se rcgar–
dait commc sauré, car en arriCrc il avait pour se
couvrir contre Jérómc la place forlcdc llobl'l1isk,
et par-clcvant il csperait atteindre le Dniépcr
a
Mohilew sans rencontrcr el'obslacle. Il "e croyait
pas y trouvcr cncorc le maréehal Davoust, et,
en tout cas, il
commcn~ait
a ne plus lecrainclrc,
étnnt rcnscigné asscz cxactemcnt sur les forces
de ce maréchal. Le 2'1 au soir, en elfct, il appro–
chait ele Mohilcw, avait ainsi franchi J'cspace qui
séparc la Bérézina du Dniépcr, et eomptait en–
viran 60 millc hommes prcts
/¡
combattrc.
Le maréchal Davoust, comme nous vcnons de
Jeclirc, occupait Mohilcw avce les divisions Com–
pans. Dcssaix, Claparcdc. Ses forces, réduitcs
par la marche, l'étaient aussi par les détaehc–
mcnts qu'il avait été obligé de laisscr dans plu–
sicurs postes. Il avait placé
a
Minsk le 53' léger,
pour s'y rallier et
y
tenir garnison, et il avait été
contraint de répanclrc sa cavalel'ie clans un cs–
pace immcnsc,pour se licr aux troupesdeJéróme
d'un colé,
a
ccllcs de Napoléon ele l'autrc.
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n'avait conservé sous la main que les cuirassicrs
V:ilencc, avcc la cavalerie légCrc des généraux
Pajo! et llordcssoullc, et pouvait préscntcr
a
l'cnncmi 22 millc hommcs d'infantcrie, 6 millc
de cavalcrie, c'cst-a-dire 28 mille combattants
r:ontrc 60 millc. Mais, gracc
a
Ja qualité de ses
soldals et
a
la nature des licux, il craignait peu
l'cnncmi, et n'était pas plus troublé
a
Mohilcw
qu'il ne l'avait été jadis
a
AucrstredL. Le 21 au
soir, ses troupes eurcnt une ehaude alerte. La
cal'alcric légcre de llordcssoullc élaiL sur la
roulc de Staroi-llychow, par lac¡ucllc arrivait
J'avanl-gardc de llagration. Un cscadron placé
aux avant·postcs fut assailli par le corps de Pla-