MOSCOU. -
JUILl.ET·1812.
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et les ramcna en arriere, pour ne pas convertir
en une alterna tive de succcs etde rcversce bcau
combnt défcnsif, qui n'avait été jusquc-la qu'unc
victoirc non inlcrrompuc. 11 ne ful pas pour–
suivi.
le princc Bagration, épouvanté des pc1·tcs
qu'il avait faitcs (cnviron 4 mille morls ou blcs–
sés jonclrnicnt les bords de la Mischowslrn), et
informe que des 1·cnforts allaicnt arrivcr au ma–
réchal Davoust , crut dcvoir rélrogradcr sur
Staroi-Byehow, pour
y
passcr le Dniéper et se
portcr cnsuitc sur Micislaw.
Ainsi se termina ce gloricux combat, dans le–
qucl les 28 millc hommcs du
1"
corps avaicnt
arreté les 60 mi lle hommes de Bagration. II cst
vrai que20 111illc Russcs sculcmcnt avaientcom–
battu; rnais il n'y avait pas cu plusde 8
a
9 mille
Fran~ais
véritablemcnt engagcs, et pour 1, uiille
morlsou blessés perdus par les llusses, les Fran–
~ais
n'araientU rcgrctlcrqu
1
un millicrd'l10mmcs,
dont une ecntainc du 108° restés prisonnie1·s au
dela de la Mischowska. Si le princc Bagration
avait rnieux connu le tcrrain, il aurait pu cxécu–
tcr sur la droitr. si allongée du maréchal une
attaque dangercuse avcc le corps de Borosdin.
Mais il restait l'infanlcric desgénéraux Compans
et ClaparC<lc, les cuirassiers du général Yalcncc,
et il ne lui Cut pas élé facilc de passcr
SUI'
le
corps de parcilles troupes. On doit ajouter aussi
que si, dans cellc journéc du 25, le princc Po–
niatowski avait cu le lcmps de paraitre par Jak–
zitcy sur les derricrcs ou le llane du ¡ll'ince
On–
gralion , meme aprcs l'occasion de Bobruisk
manquée,
il
aurait pu faire encorc cssuyer
ü
cctlc arméc russe un sanglant désastrc. On a vu
plus haut lcs causes fatales qui enavaicnt déeidc
autrcruent.
Le maréchal Davoust cmploya la jouméc du
lendemain
a
ramasser ses blessés, et a recucillir
des nouvcllcs des Polonais et des Wcslphalicns,
ne voulant pasavant leur arrivée sortir de cctlc
cspcce de camp rclranehé qui lui avait été si
utilc. Il disposa lout pom· rcruonler le Dniéper
jusqu'oOrscha, afin de se rapprocher de l\'aJ!O·
léon, qui, comme nous l'avons <lit, atlendait
a
Gloubokoé l'instant propice pour tourner par
Polotsk et Witcbsk l'armée russe de Barclay de
Tolly. Empccher le prince Bagration de rejoindrc
l'armée J!rincipale était désormais impossible,
cnr on ne poul'ail le suil're indéfinimcnt au dela
du Dniéper ; mais on al'ait retardé sa jonction
n1•cc Barclay de Tolly, et re résultat, quoiquc
bien inférieur
a
cclui qu'on avait espéréd'abord,
suffisait
a
l'accomplissemcnt duprincipal dcssein
de Napoléon.
C'était le 22 ou le 25 au plus lard que Napo–
léon, dans ses profondscalculs, avait choisi pour
cxéculcr sa grande manreuvrc. 11 était UGloubo–
koé, ayant
a
Sa droilc
VCl'S
](amen Je prince
Eugime, dcvant lui, vcrs Ouchatseh, la eavalcric
de Mural, les trois divisions Mcrrand, ·Friant,
Gudin, asa gauchc enfin, Ney et Oudinol, vis–
a-vis du camp de Drissa. JI avait
a
Gloubokoé
meme la garde impérialc.
11
se lcnait ainsi nvcc
190
millc hommcs cnviron, pre!
a
traverscr la
Dwina .sur la gouchc de Bat'Clay de Tolly. Le
succcs du maréehal Davoust était une circon–
stancc heurcusc pour
l'c~éculion
desondesscin,
mais ence momcnt il se pnssait une ré\'Olution
singulicre dans l'état-major russc.
Barclay de Tolly, ainsi qu'on l'a vu, s'étail rc–
plié sur le camp rle Drissa, et ccltc manceuvrc
avait excité le méconlentcmcnt au plus haut
degré. Dílns les rnngs inféricurs de l'arméc, oU
prédorninaicnt les passions nalionales, le scul
fait de 1·cculcr dcvant les Francais avait blessé
profondément le sentimcnt génét:al. Dans la par–
tic plus élcvéc, capable d'apprécier la sagessc
d'un plan de rclraite continue, l'établisscment
au camp tic Dl'issa ne prcscnlait
¡,
l'cs¡ll'it de
personne un sens raisonnable. En effct, l'idéc
de se retirer
¡,
l'intériem· elait fondee sur l'cs–
péranec et la presquc ccrtitudc d'épuiscr les
Franyais par une longuc marche, et de tombcr
sur eux lorsqu'i\s seraient décirnés par la fati–
gue, la faim et le froid. Un carnp rclranché
.n'ajoulait pas beaucoup d'avanlagcs
1i
ce plan,
cat', ainsi que nous l'avons dit, l'cspaee indéfini
était le véritablc abri des Russcs, et ils n'avaient
pas besoin d'un Torres-Védras, n'élant pas ac–
culés
¡,
l'cxtrémité de lcur eontinent. Mais en
tout cas, un camp sur la Dwina, placé sur le
chcruin des
Fran~ais,
au début pou1· ainsi dirc
de lcur eourse, quand ils avaient cncore toulcs
leurs forces et toulcs lcu1·s ressources, élait un
nou-sens, puisque Napoléon pouvait ou fot·ecr
ce ca111p, ou le tourner, sans comptcr qu'il lui
était facilc, en profilant de l'imrnobilité obligée
de l'armée prineipale, de pénétrcr par sa di·oite
dans
In
lrouée qui sépare lessourcesde la Dwina
de ccllcs du Dniéper, et decoupcr en dcux, pour
le reste de la campngnc, In longuc lignc des nr–
mécs russcs. Le mouvcrncnt du marér.hnl Da–
voust conlre le princc Bagration, la conccntra–
tion de Napoléon
ii
Gloubokoé, révélaicnt déju
ectle intcnlion de la maniere la plus frappanlc.