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MOSCOU. -

JUILl.ET

1812.

231

sacrifier au bcsoin toutcs les richesses, tout le

sang de la nation, et n'admettait pas qu'un em–

pcrcur, patriole sans doute, maisdoux, huma in,

variable, vint arréter ses patriotiqucs furcurs.

Dans leur animalion, les principaux pcrson–

nagcs de ccttc aristocratie militairc convinrcnt

de lcnler une démarchc auprcs de l'cmpcrcur

Alexandrc, pour lui fairc abandonnc;. le plan

du général Pfuhl et l'établisscmcnt au camp de

Drissa, pour le décidcr

a

remontcr la Dwina jus–

qu'a Witcbsk, ou l'on scrait en mesure de rc–

joindre l'armée de Bagration par Smolensk. Ces

poinls une foisoblcnus, ils se promirent detenter

davantage, et d'inviter Alexandrc

11

c¡uiltcr l'ar–

méc. lis prircnt, pour colorer cetle invilation

d'unc maniere convcnablc , un prétexte non–

seulement rcspcctucux, mais llaticur. lis durcnt

alléguer que Ja dircclion de la gucJTc n'élait pas

aclucllcmcnt la principalc loche du gouvcrnc–

ment; que le soin d'cn réunir les moycns élait

plus importan! eneorc; que dcrricrc l'arméc qui

allait combattre, il en fallait une, et dcux au hc–

soin ; que pour les avoir il fallait les oblenir clu

patriotisme de la nation; qu'Alcxandre, adoré

d'cllc en ce moment, en obticndrait lout ce qu'il

voudrait; qu'il fallait done qu'il se rcndit.dans

les principales villcs,

il

Wilebsk,

a

Smolcnsk,

i1

Moscou,

a

Saint-Pétcrsbourg; qu'il convoqu:il

toutcs les elasses de la population, la noblcssc, le

clcrgé, la bourgcoisic, et lcur demanda! les dcr–

niers sacrifices ; que ce scrvice était

it

In fois plus

urgcnt et plus utilc que tous eeux qu'il pourraiL

rendrc en rcstant

a

l'arméc; que c'élait

a

ses

gé~

néraux

it

combatlre OU

a

JllOUl'il'

SUI'

Je seuiJ de

In

patrie, et

u

lui

u

s'cn allcr chcrchcr d'autres

cnfanlsdévoués de cettc meme palric, pour mou–

rir parlout ou il serait nécessairc, fftt-ce dans les

extremes profondeurs de l:i llussic. Et on doit

reconnaitrc

a

l'honneur de ccttc aristocratic im–

périeusc et dévouéc, qui douze ans auparavant

s'était débarrasséc violemmcnt d'un prince en

démence, et qui aujourd'hui éloignait de l'ar–

méc un princcgenant, on doit reconnaitrc qu'cllc

était sincere, et qu'en l'écartant elle ne voulait

qu'unc chose : verscr le song de l'arméc et le

sien, plus

a

son aise, et en plus grande abon–

dancc.

L'ancicn ministre de

la

gucrrc Araklchcjef,

hommcd'unecapacité

01·dinairc,

rn:-iisd'un carac–

lcrc énergique, leministre de la police llalacholf,

osCrcnt écrirc un avis qu'ils rcmircnt signé

a

Alexandre, et par lequel ils concluaicnt

il

son

départ immédiat pour Moscou, d'apres les motifs

que nous vcnons de rctracer. Les chefs de corps

Ilogowouth, Ostcrmnnn, suppliercnt Alcxandrc,

avcc une éncrgic qui dépassai·t. la simple pricrc,

d'ordonncr l'abandon immédiat du camp de

Drissa, et 1111 mouvcmcnt de clroitc

a

gauchosur

Witcbsk, pour déjouer, en se réunissant au

princc llagration, la manreuvre de Napoléon,

que l'on

commcn9~lit

a

soupgonncr.

Alcxandre, touché des obscrvations qu'on vc–

nait de lui préscntcr sur les inconvénicnlsde sa

préscncc

a

J'arméc, frappé éga!cment du dnngcr

de Ja position prise

h

Drissa, scntit s'évanouir

toulcs ses résolutions. 11 convoqua un conscil de

gucrrc oú

il

admit

ñ

siégcr non-seulcment son

proprc état-major, maiscelui du général Barclay

de Tolly.

JI

y

appcla l'ancien ministre delaguerre

Araklchcjcf, l'ingénic11r Michaux, et le colonel

Wolzogcn, confidcnt du général Pfuhl. Alcxan–

drc, aprcs avoir expliqué le plan rlansson ensem–

ble, chargca le colonel Wolzogcn de le justificr

clans ses détails. Cclui·ci, en convcnant que ccr–

tains travuux avnicnt été nsscz mal

con~ms,

dé–

fcndit cepcndant J'cmplaccment du camp de

Drissapar des argumcnts plusou rnoinsspécicux,

Ces argumcnts, :rn s11rplus,

<ltnicnt

sans

force

contre les objcclions que soulcvait le plan du

général PCuhL Si, en clfct, il s'ngissait d'un plan

de rctraitc calculéc, c'était lrop tót que de s'ar–

retcr

1

In Dwina, car on s'cxposnit

i1

etre assailli

par les

Frnn~ais

au rnomcnt oú ils disposnicnt

encorc de toulcs lcurs rcssourccs; de plus en se

rctirnnt sur Drissa on lcur laissait la faculté de

s'intcrposer entre les dcux armécs)lc la Dwina

et du Dniépcr; cnfin si des corps ngissant sur les

ailcs de l'cnnemi pouvaienl se concevoir, ce n'é–

tail pns un motif pour diviscr en deux la princi–

pnlc massc des forces russcs, au point de n'ctre

nullc p,1rt en état de faire face

u

l'cnncmi. Quoi–

quc ces raisons ne fusscnt dislinctemcnt cxpri–

mécs pnr nucun mcmbre de l'élat-major russc,

clics agitaient confusérncnl lous les esprils, Aussi

M.de

Wolzogen s'cmprcssn+ illui-mémc d'admct–

trc lanécessitéde quitter immédintemcnt le camp

de Drissa et de se portcr sur Wilebsk, ou l'on

donncrait la mnin

Bagration, qu'on cspérait

rcjoindrc

a

Smolcnsk. Cct avis, conforme

a

tout

ce qu'on désirait, ne pouvait rcncontrcr de con–

tradictcur, et il fut adopté unanirnemcnt.

Ainsi ful abandonnéc par une sorte de révolte

des csprits la pnrtic ridiculemcnt systématiquc

du plan du général Pfuhl, qui consislnit

a

chcr–

chcr

a

Drissa ce que lord Wcllington avait trouvé

aux lignesde Torrcs-Védras. ToutcfoisAlcxandre