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2iiü

LIVRE QUARANTE-QUATRIEME.

que victorieux, de se

Lrop

cngager,

ca1·

ils ne

savaienl s'il com·cnail i1Napoléon de proroquer

une aclion générale. Mais toul

a

coup ils furcnl

lirésd'embarras par les cris de

Yivel'Empere11rl

qui signalaicnl ordinaircmcnl l'approchc de Na–

poléon. 11 parul en cITctsuivi de son état-major,

jeta un eoup d'reil sur le clrnmp ele bataille, qu'il

trouva jonchCde morls, mnis de morts russcs

hcaucoup plusque de mol·ts

frau~ais,

el rccounut

claircment l'intcntion de l'cnncmi, qui n'él.nit

pas cncorc de lil'l'e1· bataillc, mais de disputcr

fortement le terrain pour ralcnlir notJ·e mouve–

mcnt, 11 orclonna de le poursuivre sans rel,\che

jusqu'au soir.

Duranl eclte poursuilc, que la droitc était

loujours ohligéc d'cxécuter en se soulcmml sur

le flane de hautcurs boisées, le bra\'e général

l\oussel qui disputail le lerrain d'un bouqucl de

bois i1l'autrc, fut attcint d'un eoup de feu, et

mourut en cmportant les 1·egrcts de l'armée.

Cctle sceondc journée nous avail eoúté 1,200

hommcs, donl 1,00 morts, les aulrcs blessés. Les

Uusscs en avaicnl pcrdu en\'iron dcux rnillc.

Nous n'nvions pas pris de

cnnons~

el nous avions

l'ait pcu de prisonniers. Les troupes, du reste,

s'étaicnt conduitcs avec la plus rarc valeur.

· Napoléon passa cctle nuit au milieu de l'avanl–

gardc, résolu

ú

se mcllre des le matin i1 la tele

de ses troupes, car ehac¡uc pns qu'on faisail rcn–

dail la situalion plus grave, et pouvait amcucr

eles événcments importants. JI avail prcserit aux

trois divisions détacliécs du 1" corps, i1Jagarde,

et au nrnréchal Ncy de rcjoindrc la tete de

l'arméc leplus promplcmcnt possiblc, afind'étrc

en mesure de livrcr bat.aille, s'il trouvait l'cn–

ncmi disposé ¡, la reccvoir. Les Bavarois épuisés

de fatigue avaicnl été laissés en arricrc

¡,

Bes–

chcnkowiezy, pour couvri1· les communieations

avcc Polotsk, poste assigné

a

Oudinot, et avcc

Wilna, centre de toutes nos rcssources el de

toutcs nos communications.

Le lendcmain des la pointc du jour, Napoléon

suivi du princc Eugenc. du roi JluraL, se porta

en nvant,pour toutO!'llonncr lui-mCmc d:msccllc

journéc. On rtail fort pres de \\'itcbsk, donl on

déeouvrait déji1les clochcrs sur notrcgauchc, au

bord de la Dwina, et au pied d'un cotcau. Un

ravin nous séparail de l'cnnemi, el le ponl qui

scrvait

a

le passer avait élé brulé. Plus loin on

découvrait une plainc assez étenduc, dans ln–

r¡ucllc une nombrcusc arriCre-garde composéc de

eavalcric et rl'iníantcrlo légercs s'apprelail

o

dis–

putcr le passagc du rarin. Au fond de la plainc

cnfin, on apct·ccvait une pctitc rivicre, se jctant

dnns la Dwina pres de Wilcbsk, et au dela de

ccUc riviCre, l'armée russc en bataillc, préscn–

tant une ruassc qu'on pouvail évalucr

a

90 ou

100 millc hommes. Voulail-ellc cnfin livrcr ba–

taillc, pour nous empccher de nous établir entre

clic el Bagration, -et de pénélrcr dans la ti·ouéc

qui séparc la Dwina du Dniépcr? Son alLiludc

autorisait

ii

Je pcnscr, et aussitót Napoléon cn–

voya aidcs de camp sur aidcs de eamp, afin de

prcsscr l'arrivéc du reste de l'arméc. Pour la

journéc il ne fallail s'attcndrc qu'i1 un nouvcau

choc de notrc avant-gardc contrc

rarriCrc-gardc

russc.rnais pour le lcndemain la bataillc scmbiail

cerlainc. Napoléon l'appclail de tous ses vooux;

l'arméc partageail ses désirs el ses espéranecs.

En approchanl du ravin qui nous séparait de

rarriCrc-gardc cnneruic, il fallut s'arrCtcr pour

rétahlir le pont, et défilcr cnsuilc par ce ponl qui

étail fort étroit. Napoléon se

pla~a

un pcu

il

gauchc en nrriCrc, sur une émincncc d'oú son

regard embrassaiL Loule l'élcnduc du champ de

bataillc. Le; ehasscurs de la gardc se rangC..cnt

dcvant lui. La journéc étail supcrbe, le solcil

étincclant, Jaclrnlcur cxlrCmcmcnt vire. L'arméc

d'llalic formail commc les jours précédcnts la

tele de notrc eolonnc, de compagnic avec la ca–

valcric du général Nansouty. La dil'ision Dclzons

ayant cornballu la vcillc, a,·ait eédé le pas¡, la

vaillnnte di\lision Broussicr. Le général Drous–

sicr se hl\La de fairc réparcr le ponl, ce qui pril

un pcu de Lcrnps, apres quoi le '16' de clrnsseurs

ú

chcval, de labrignde Piré, pnssa le rnvin, suivi

de 500 voltigcurs du

Ü'

de Jignc. Ces troupes,

rléfilanl par la gauehc au pied de l'émincnce oii

était Napoléun, s'avancercnl dans la plainc pcn–

danl que les régimcnts de Jlroussicr f'rnnchis–

saicnt Je pont. Ces régimcnts vinrent !'un nprCs

r:.iutre se foumcr encnrré clnns laploine, le 53e en

tele, les nutres en échclonssueccssif's. En mémc

tcmps legénéral de brigadc Berlrand de Sivray,

avec le

'l8c

d'infnntcrie IégCre, se dirigen vers les

hautcurs boisées qui hordaient nolre droitc.

Pendant que ces rnouvemcnts s'opéraient sous

la prolcelion d'unc nombrcusc artillcric, le

·16° de chasscurs s'étanl trop avancé

a

gauchc,

arce les "oltigeurs du

9'',

aUira un oragc sur sa

tele.

Le

comtc Pahlcn

lan~a

sur lui les Cosaques

de la gardc impériale russc. Le 16° n'ayanl pcr–

sonnc pour Jesoutcnir sil chargcait, réoolut d'al–

tcndrc de picd fcrmc la chargc de l'cnncmi, en

l'amorlissant par ses fcux de carabinc.11 allcndit

en cITct les cscadrons russes avcc sang-froid,

fil