MOSCOU. -
JU11.1.ET18!2
2;;7
sur cux une décharge géoéralc, et abattit un
bon nombre decavalie1•s, mais pas asscz pour ar–
retcr Jeur impulsion. 11 ful done heurté vivc–
mentl et ramené en
arriCrc. Au mCme
instant,
la
plus grande partie ele la cavalcric russc s'é·
branla, et vint fon<lrc sur notregauche.Les trois
cents voltigeurs du 9° scmbli:rent pcrdus, et
commc cngloutis au milicu de ccttc multitudc de
sabres Jevés sur lcurs tetes. Ccpcndant ils se rap–
prochercot du ravin sans se désunir, se pcloton–
nercnt sous les ordrcs de dcux bravcs oilicicrs,
les capitaincs Guyard et Savary, et continuerent
a
faire un feu nourri contrc les nombrcux csca–
drons qui les chargcaient. Cctle nuéc de cava–
licrs poursui\•ant son mouvcmcnt en avant, ar–
riva presqucau picd du monticuleoi1se trouvait
Napoléon, et vint mcnacer notrc artillcric jus–
qu'it la hauteur de nos carrés. Mais le premier
de ces cal'l'és, formé par Je
55°
de lignc,
rc~ut
avcc J'aplomb des vicillcs troupes d'llalie les
chargcs de la cavalcric russe, et les arréta court;
puis s'avarn;ant, snns se romprc, dégagca le
·16°
de chasscurs et les trois cents voltigcurs du
9
11
,
qui étaient restés commc noyés au rnilicu
d'un flot d'assaillants. L'arméc, qui assistait
ii
ce
spectaclc avcc une vive émotion, vil avcc joic le
pclit groupc des voltigcurs du 9• sortir sain et
sauf de cctte clfrayante melée. Napoléon, qui
n'avait pas ccssé de l'obscrver avcc sa luncttc,
quilla Ja positionqu'il occupait, franchit le ravin,
et passant
a
chcval <lcvant ces bravcs voltigcurs :
• Qui eles-vous, mes amis? lcur dit·il. - Volti–
geurs du 9°de lignc et tous cnfants de Paris, rc'–
pondircnt ces vaillants jcunes gens. - Eh bien!
vous etcs des bravcs et vous avcz tous mérité la
croix. • lis le saluercnt des cris de
Vive l'Em–
pcreur
!
et
il
se porta cnsuitc aupres des carrés
de Ja division Broussicr. Cclle-ci
s'avan~.ait
dans
la plainc, ayant son artillcric dans l'inlcrvallc
des carrcs, et poursuivant
a
coups de canon Ja
nombrcuse ca1•alcrie de Pahlcn. Bientót arrivc–
rent, au centre lacavaleric Nansouty,
n
droitc la
division Delzons. Les Russcs ne croyant pas pru–
dcnt de tcnir contrc de pareillcs forces, rcpassc–
rentla pelilc riviere de Ja Loutchcza,dcrrierc Ja–
quelle lcur arméc était en bataillc. On avait ainsi
gagné Ja moitié du jour., et si toutcs nos troupes
avaicnt été réunics, Napoléon cut accepté sur
l'hcurc Ja bataillc qu'on.scmblait lui offrir. Mais
il
n'avait sous la main qu'unc partie t1·op insulTi–
sante de son armée.
JI
résolut done cl'cmployer
le reste de cctte journéc en rcconnaissances, en
étudcs du terrain, en conccntrations de forces.
CONSUU.T.
4.
Aprcs avoir observé la ligncenncmic, et assigné
dans son esprit la place que chacun de ses corps
occupcrait le lcndcmain , il vint !Jivnqucr nu
milicu de ses troupes, que les succes eles jours
précédcntset la pcrspcctivc d'unc grande bataillc
rcmplissaicnt de joic. Nossoldats souhaitnicnt un
événcmcnt décisif, quclquc sanglant qu'il
¡ait
ctrc. Ccttc marchcsans résultat les fatiguait. lis
chcminaicnt par une chalcur de27 dcgrés Réau–
mur; ils nvaicnt pcu d'cau-dc-vic, prcsquc pas
de pain, et mangcaicnt Ja plupart elu tempoele
la viandc cuitc sans sel. De braYcs soldats dans
une posltion qui lcur déplait, désircnl loujours
une bataillc, ne scrait-cc qu'3 titrc de changc–
mcnt. La fatigue avait fort éclairci nos rangs. Les
dcrniers combats nous avaicnt cnlcvé pres de
5,000
hommcs, sur lcsqucls
1,1
OOou
·1,200
morts
et
'i
,800
blcssés. Le départ des Jlavarois nous
avait affaiblis cl'cnviron -1 5 mille hommcs.
JI
rcs–
tait avcc les dcuxcorps decavaleric des généraux
Nansouty et Montbrun, avcc J'arméc d'ltalic,
avcc les trois divisions du
1"
corps, avcc la
garde et le maréchal Ney, cnviron
12:i
millc
hommcs, et des meillcurs. C'était plus r¡u'il n'en
fallait pour venir
n
bout de Barclay de Tolly. On
se promcttait de l'écraser Je Jcnelcmain.
En clfct, Ilarclay de Tolly avait pris l'auela–
cieuse délcrmination de livrer bntaillc.
J.csplainles ameres de ses soldats, lcurs oulragcs
memc (car·¡¡ s'cntcndait c¡uclqucfois insultcr par
cux,
¡t
cause de cctlc relraitc continuc dnns la–
quclle il s'ohstinait), n'auraicnt pas sulTi po111· le
faircchangcr de conduitc, si une puissnntc con–
sidération n'était vcnuc le décidcr. Un pos de
plus en orricre, et la communicaLion entre Wi–
tcbsk et Smolcnsk était intcrccptéc,et Bagration,
auqucl il avaitdonné rcmlcz-vous UIlabinowiczi,
élait arrcté dans sa marche, pcut-ctrc pris entre
Davoust et Napoléon, des lors détruit.
11
résolut
done, qucl que pitt ctrc le dangcr, de li1•rcr, en
al'l'icre de la petilc rivierc de
fa_
Loutcheza, une
bataille acharnéc, avcc ce qu'il avait de forces.
La séparation du corps de Wittgenslcio et les
longucs marches l'avaicnt l'éduit Umoins de
100
mille hommcs. Les trois elcrnicrs jours rlc
comba! Jui en avaicnt coúlé plus de 7 millc, en
morts, blessés ou prisonniers. 11 lui rcslait ainsi
90
millc
hommcs enviran, soutcnus, il cst
nai,
par le courngc clu déscspoir, contrc ·125 millc,
animés par Je couragc qui nait de !'esprit mili–
tairc
u
son plus haut <legré d'éncrgic, La chance
était périlleusc; mais le moment était de ce11x
01'1 J'on ne doiL plus calculcr, et oú il faul s:w-
lli