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LIVl\E QUAl\ANTE-QUATRIEME.
n'abandonna pns In partic esscnlicllc du plan,
qui, dn reste, appnrlcnail
a
Ious les csprilsscn–
sés, ccllc ele se 1·ctircr dans l'inléricur.
11
confia
l'cxécution de cctle pensée au général llarclay ele
Tolly, sans lui elonnc1•lc litre de général enchef,
afin ele ménagcr l'amour-proprc du princc lla–
grnlion, et
il
lui laissa la qualité de ministre ele
la gucrrc, qui lui subordonnail tous les chefs ele
corps.
11
scnlil en oulrc qu'il fallail s'éloigncr,
cnr il gcnail les généraux par sa préscncc, assu–
mnit unercsponsnbilité cffrnyantc, et éprouvait
au milicu de tnnL d'avisdivcrs un tourmcnt d'cs–
pl'il insupportablc.
11
acccpta done volonticrs le
róle elonl on lui suggérail l'idéc, eclui d'allcr
a
Moscou soulcvcr les populalionsrusscs conlre les
Frnn~ais,
el il t¡tdtla sn ns eliffércr le quarticr gé–
néral, cmmcnanl tous les importuns conscillcrs
dont Barclay ele Tolly ne \'Oulnil poinl, et l'arméc
cncorc rnoins que lui. Le générnl Pfuhl partil
pour Snint-Pétcrsbourg arce l'ancicn ministre
Araklchcjcf, leSuéelois Armfcld el nutres. l}lla–
licnPaulucci,d'abord disgrncié pour sn franchisc,
ful nommégouvcrncur deRiga.
Barclny dcTolly, resté scul
i1
In tete de l'ar–
méc avcc la qunlilé de ministre de la gucrre,
élnil de tous les généraux russcs le plus cnpnblc
de la bien dirigc1'. Jnslruil, connnissant.
a
fond
les délails de son méticr, flegmaliquc el opinhi–
Lre, il n'avnit qu'un inconvénicnt:
c:élait
d'inspi–
rcr
a
ses subordonnés de vives jnlousics qu'il ne
pouvait foirc tairc par une supél'iorité rcconnuc,
el d'étrc responsable aux ycux de l'arméc d'un
syslcme de rctraitc qui, tout rnisonnablc qu'il
élail, la bless:iil profondémcnl. Pour le morncnl,
iJadhéra de grand COOllr UJa pcnséc d'évacucr Je
cnmp de Dl'issa, de rcmontcr la Dwina jusqu'i1
Witebsk, <le s'établir la en face ele Smolcnsk,
ou l'on cspé!'ait que Bagralion arril'Cl·ait bicnlót
en rcrnontant le Dniépcr, el de lcnelrc la rnain 1
cclui-ci en se portanl au bcsoin au milicu de la
lrouéc qui séparc les sourccs de la Dwina de
ccllcs du Dniépcr, Par ce moul'cmcnl, il allaiL
nous inlcrdii·c la routc ele Moscou; mais ccllc ele
Sainl-Pétcrsbourg rcslail ouvcrlc. A fin de la fcr–
rncr aulanl que possible, il résolut de laisscr en
posilion su1· la basse Dwina, entre Polotsk el
Riga, lecorps du comlc de WiUgcnsteiu, lcqucl,
al'cc
2~
millc hommcs. bicnlóL augmcnlés des
troupes de Finlandc et des réscr1·es du no1·rl ele
l'cmpirc, couvrirnit
1'importanl~
plocc ele Riga,
el rncnaccrait
!~
flanc gauchc des
Fran~ais,
lnn–
dis que l'armée elu Danube, si clic rcvcnnil de
Turquic
a
tcmps, mcnaccrait lc111· flanc droil.
Ces dispositions arrctécs, llarclay de 'folly se
mil en marche le 19 juillct, et remonta la Dwina,
l'infanlcrie sur la rire droite, In cavaleric sur la
rivc gauchc. Ccttc dcrniCrc,en rcrnontant larivc
gauchc
oc~upéc
par les
Fran~ais,
pouvait avoir
avcc cux plus d'un cngagcmcnt; muis elle avait
la rcssourccde rcpasscr la Dwina agué, ce qui,
elans celtc saison, el au-dessus de Pololsk, étail
fucile. Le général Doclo1·off dcl'ait formcr l'ar–
ricrc-gardc. Apres la séparalion du corps de
Wittgenstein el les perles résullanl de lamarche,
Ilarclay ile Tolly conscrl'ail cncore enl'iron
90 mille hommcs. L'adjonclion du princc Bagra–
lion pouvail lui procurcr
·150
millc hommcs.
Parli le 19,
il
marcha par les dcux rivcs de la
Dwina, les
20, 21, 22
jnillct, en se tcnant 11 une
assez grande dislance des
Fran~ais,
qui, dnns
lcur projcl de manrouvrc, avaienL résolu de ne
pas lrop s'approcher des Russcs.
Napoléon, qui, lorsqu'il étail en opération,
avaitlcsy<'uxconlinucllemenlfixés sur l'cnncmi,
UCl'ail llCpas tai·dcr a s'aperccvoir d'un te! mou–
,·cmcnt, bien que In cavalrric russc s'appliqwH
a
le couvrir, el a ledissimuler par des rcconnais–
sanccs dirigécs clans tous les sens. 11
1·cnrnrqua
bicnlól,
i1
travcrs l'agitation de ccltc cavalcric,
un mouvcmcnt vcrs la h;tule Dwina, qui pour
les
Fran~nis
étaiL de gauche
il
droilc, et de droilc
;1
gauchc pour les Russcs. Avcc son incompara–
ble disce1·11cmcnl, il reconnut
to~l
de suite que
Jla1·clay de Tolly rernontail la Dwina vcrs Wi–
lcbsk, pom· lcndre la 111ai11
a
llagration, qui ele
son cólé rcrnontcrail probablcmenl le Dniépcr
jusqu'i1 Smolensk. Cclle manrouvre de l'cnncmi
fuL loi11 de le elécouragcr de songrand dcssein,
bien auconll'nire. Si les Russcs avaicnl décampé
de Drissa pour s'cnfonccr direclemenl dans l'in–
téricur de
Ju
Russie, il aurÚil pu déscspércr de
les attcindrc;-mnisBarcia
y
s'élevanl sur laDwina
par un mou1·emcnl transversal, pcndanl que
llagrntion allnit s'élevcr su1· le Dniépcr par un
rnouvcmcnt scmLloblc
1
il
avnit toujours la chance
de s'interposcr culre l'un el !'nutre, pour cxécu–
terson plan primitil'. Le maréchal Daroust, aprcs
avoir obligé le princc llagration
a
dcsccndrc le
Dniéper, devail clrc bien avnnl cclui-ci i1 Smo–
lcn;k, et Napoléon 11'n1•ail c¡u·¡, rcmonlcr lui–
mCmc la Dwina. en s'élcvant vivcmcnt pnr sa
droilc, pour 11·011vcr le moyen de fairc
a
Wilcbsk
ce qu'il n'nvait pu fairc
a
Polotsk, e'cst-a-dire
de pnsscr la Dwina sur la gauchc de lforclny
de Tolly, de le déhordcr, et de le prcndrc
a
rcvers, pourvu loutcfois que les circonstanccs