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212

LIYHE QUAllANTE-QUATRIEME.

de secOUl'S

a

lui adrcssécs par le maréchal Da–

voust. Ces demandes élaient fondécs, car si arce

~O

mille hommcs d'infantcric et ·lOmillc de ca–

valcric, ce maréchal ne craignait pas d'cn rcn–

conlrcr le doublc dans un pays tres-fal'orablc

it

In défcnsivc, néanmoins réduit

a

de tcllcs forces

il élait obligé d'Clrc circonspect, de s'avanccr

nvcc précaution, d'cnvoycr des rcconnaissanccs

it droitc et

1

gnuche, de perdre ainsi un temps

précieux. Avcc deux divisions de plus, il cút

chcminé clroit clcv:mt lui, sans s'inquiétcr s'il

pouvait ctre rcjoint par le roi Jéróme; il eút

COUl'U

a

Minsk sans s'arrcter, de Minsk " In Ilé-

1·ézina, de la Iléréziua au Dniéper, jusqu'1i ce

qu'il eút débordé le prince Ilagration. Jérórne

venant ensuite, on cut cnveloppé le prince géor–

gien, et probablement fnit de lui ce qu'on avait

fait du générnl

~lack

1

Ulm. C'ét:iit lit un sigrand

résultat, qu'il valait la peine d'y sacrifier loutc

autre combinaison. Mais pour l'allcindrc surc–

mcut, il follait que le maréchal Daroust pút

marchcrvite, pour marchcr vite, qu'il pUt mar–

chcr sans précaulion, et pour rnarchcr sans ¡11·é–

caution, qu'il cut des forces sufiisantcs, et ne ful

pas obligé d'nttendre une jonction douleuse.

Napoléon, préoccupé de trop de combinaisons

ii

Iníois, nCgligcn malhcurcuscmcnt ces considé–

rntions. Couper Ilagration de Ilarclay de Tolly

lui semblait déja fait, ou

11

peu

JH'CS.

L'cnvclop–

per, le prend1·e, lui paraissait un désirnble et

bcau triomphc; mais il avait cliargé son frCrc

Jéróme de passer le Niémen avec 75 millc

hommcs

1

Grodno, et il pensait que, sauf dcux

ou trois jou1·s de rclard, lajonction du maréclrnl

Dnvoust avcc le roi de Wcslphalie élait prcsquc

infaillible; que ces dcuxchefsdevant réuni1·cent

millc hommcs, en finiraicnt de llagration, soiL

qu

1

ils réussisscnt

il

l'cnvcloppcr,

a

le prcnd1·e,

ou

i1

le battre

11

plnle couture.

11

crut done avoi1·

assez foiL pou1• ce coté de l'imrnense clrnrnp de

bataille sur lcqucl

s'cxer~ait

sa prévoyancc. En

ce moment il médilail une combinaisonqui élait

digne de son vastc génie, et qui clevaiL Jui livrer

;\ lui-mérnc Barclay deTolly, tandis que Ilagra–

tion serait liv1·é

i1

Davoust et

a

Jfróme, ce qui

pouvaitarnencrd'un seul coup la fin de !aguerre.

Entré le 28 juin

a

Wilna, ayant employé une

dizainc de jours ¡, y rallicr ses troupes, et

a

y réorganiscr ses équipagcs, il se llatlait de

pouvoir en partir le Gjuillel. ll al'ait done ima–

giné dese

di1'igcr

sur la

Dwina,

;'1

lahaulcur clu

eamp de Drissa (l'oir la carie nº 1í4·), et, tandis

qu'Oudinot et Ncy attircraicnt lesycux de Ila1·-

clny de Tolly avcc environ 60 millc hommcs, de

manreuvrer dcrricr.c cux, de se porlcr

a

droite

avcc les troisdivisionsreslanles deDavoust, avec

la gnrdc, avcc leprince EugCne, avec la cavalcric

de Mural, de franehir brusquemcnt la Dwina

su1· la gauehe de l'cnnerni, aux environs de Po–

lotsk par excmplc, point ou la Dwina cst trcs–

facilc

a

frnnchir, d'cnveloppcr la grande arrnée

russc dansson camp de Drissa, de la eouper

a

la

foisdes roulesdeSaint-Pétersbourg etdeMoseou,

et de ne lui laisser ainsi d'autre ressouree que

eclle de se fairejour ou de mcttre bas les armes.

Au plan d'unc rclrailc indéfinie qu'il avait par–

failcrncnt disccrné chcz les Russes, Napoléon ne

pouvait pas opposcr une eombinaison plus sa–

vantc et plus rcdoulable, et avcc les forces dont

il disposait, avec son arl de manreuvrcr dcvant

l'ennemi, toulcs les chances élaicnt en sa faveur.

En effct, mcrne apres les marches qu'on avait

exéeutécs, les désertions qu'on avait essuyées,

Ondinot el Ncy eomptaient bien eneore 1í0 et

quclques millc hommcs, les lrois divisions de

Davoustqu'on avaitrctcnues 50millc, lagardc2G

(en foisant unedéfaleation dont nous allons bicn–

tót dire le motif), le prince Eugcne70, Mural

11í,

C'élait une force tolale de pres de deux cent

millc hornmes, comprcnant ce qu'il

y

avait de

mcillcur dans l'arrnéc. Si Napoléonen cmployait

60 millc

a

masqucr son mouvcment, il lui en

rcslait ·140 millc pour passcr la Dwina sur la

gauche de llarelay de Tolly, pour cnveloppcr

cclui-ei et le détruire. Le résuliat semblait ccr–

lain, et oneomprcnd qu'il cnflammal la puissaule

imagination de Napoléon.

11

n'y avait ici qu'un lorl, e'élait de vouloir

poursuivrc tous les buts a la fois,

11

élnit possi–

ble, en cffet, que pour ntleinch·e Ilarclay on man–

quat llagration, eommc ilélait possiblc que pour

attcindre Ilagration on rnanquat Ilarclay.

JI

eút

done fallu oplcr, et s'assurcr d'abord de la dcs–

truction de l'un ,

saur :. s'ritlacher

cnsuilc

il

la

dcstruction de l'nu1re. Or, en se réscrvant

200 mille hommcs , ce qui n'élait pas trop pour

ropérntion principalc, Napoléon en aurait sans

doule accordé asscz au maréehal Davoust pour

l'opération sccondairc, en lui laissanL ·I00 milie

hommcs, s il les lui avait mis dans la main. Muis

de ces 100 rnille homrncs, il y en arait 70 con–

duils par le roi Jéróme, qui avaicnl dú passcr le

Niémcn

a

Grodno, et avaicnt

n

cxécutcr un trajct

de plus de cinquante licues pou1· joindrc le ma–

réchal Dnvoust,

á

travcrs un pays couvcrt de

forets et d'alTrcux marécagcs.