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208

LIVRE QUARANTE-QUATl\IEME.

M. de Balacho!T n'était pas nssez instruit des

faits pour répondrc

a

ces nsscrlions pa1· la simple

vérité. 11 se contcnla de répétcr que son maitrc

souhaiLail la paix, et que, libre de toul cngagc–

mcnt, il pouvait cncorc la conclurc aux condi–

lions

~ui

avaicnt, dcpuis 180i, mainlcnu la

plus parfailc inlclligcncc entre les dcux cmpi–

rcs. - Vous ctcs libre, dit Napoléon,

a

l'égnrd

<les Anglais,jc le crois; mais le rapproehcmcnt

sera bienlóL fniL. Un scul courricr suflira pour

se mctlrc <l'accord et pour scrrcr les nc.cuds de

In nouvcllc alliancc. Votrc empcreur a depuis

longtemps commcncé

á

se rapprochcr ele l'An–

glctcrrc; clcpuis longtcmpsj'ai vu ce mouvcmcnt

se produirc dnns sn politiquc. Que! bcau rcgnc

il aurnit pu a1·oi1· s'il l'avait voulu ! 11 n'avniL

pour cela qu'll s

1

cnlcndrc avcc rnoi.... Je lui ai

clonné In Finlandc (grande fnutc dont Napoléon

n'aurait pas

se vanter!), je lui avais promis

InMoldavieet la Valnchic, el il allniLles obtenir ;

mais loul

i1

coup il s'cst laissé

circo1wcnir

par

mes cnncmis,

il

s'cn cst mCmc cntouré cxclusi–

vcmcnt ;

il

a tourné contrc moi <les armes qu'il

dcvaiL réscrvc1· pour les Turcs, et ce qu'il aura

gagné, ce sera de n'avoir ni la Moldavic ni la

. Valachic... - On <lit mcmc, njouln Napoléon

d'un ton intcrrognlcur , que vous avcz signé la

paix avcc les Turcs sans avoir obtcnu ces pro–

vinccs.

-

M. de llalncho!T ayanL répondu nflirnrnlivc–

mcnL, Napoléon, vivcmcnt affcclé, snns le témoi–

gncr, continua l'cntrcticn. - Votrc

mailre,

rcpril-il, n'aurn clone pns ces hclles 1wovinccs :

il numil pu cepcnclanl les njoulcr 1 son empirc,

et

en

un scul rCgnc

il

aurait ainsi élcndu la

llus–

sie du golfc de llothnic aux bouchcs du Danube!

Calhcri11c In Grande n'cn avait pns fnil aulanL.

Tout cela il l'aurail clti

!i

mon amiLié , el nous

nurions cu, lui

et

moi,

la

gloire

de vninerc

les

Anglais, qui

cléjü

étaicnl réduits aux clcrniCres

cxlrémilés. Ah! qucl bcau rcgnc, répéla plu–

sicurs fuis Napoléon ' aurait pu cLrc cclui

d'Alcxandre

!...

Mnis il a

micux aimé

s'cntourer

1lc mes cnncmis. 11 a appclé nuprcs de lui un

Stcin, un Armfeld, un Winlzingcroclc,

1111

Jlcn·

ningsen

!

Slcin, chassé de son pnys ; Armfcld,

un inlrignnt,

un délrnuclié¡ Wintzingcrode, su–

jct révollé de In FPnnce; Bcnning5cn, un pcu

plus mililai1·c que les aut1·es, mnis incapahlc,

r1ui 11'a ricn su fairc en ·1807, el qui ne 1·nppcllc

11 votrc nrnilrc que cl'horriblcs souvcnirs 1 Jlc–

courir

~1

ele

triles gens, les mctl1·e si prC:; de sn

pc·1·.-onnr! ...

A lahonnc licurc,

s

1

ils

1~1nirnl.

rn-

pal,lcs; mais lcls qucls, on ne pcnl s'cn servir

ni pour gouvcrner, ni

pOUI'

coml>attre. Barclay

ele Tolly en saiL, clit-on, un pcu plus que les au·

tres; on ne le croirait pas

h

en juger d'aprCs

vos prcmiers mouvemenls. EL

!i

cux lous, que

fonl·ils? Tandis que Pfuhl proposc, Armfcld

contredit, Dcnningscn examine, Barclay,

clrnrgé

cl'cxéculcr, ne sniL que conclurc, el le temps se

passe ainsi

h

ne rien foire. IlagraLion scul est un

vrai mililairc; il npcu d'espril, mais il a ele l'cx–

péricnec, du coup d'roil , ele la décision.... EL

que! rólc fait-on joucr

a

volrc jcunc mailrc au

milicu de ccllc cohue? On le compromeL, on

foil pcscr sur lui la rcsponsabililé de loules les

faulcs. Un souvcrain ne doiL clrc

a

l'arméc que

lorsqu'il cstgénéral. Qunnd il ne l'csl pas, il doit

s'éloigncr, el laisscr agir en liberté un général

responsable, nu licu de se mcllrc

a

cólé ele lui

pour le conlraricr , el assumer toulc la rcspon–

sabililé sur sa tete. Voycz vos prcmieres opéra–

lions: il y a huit jours que la campagnc est

commcncéc, et vous n'avcz pas su défcndrc

Wilna; vous eles coupés en elcux et chassés de

vos provinccs polonaiscs. Vot1·c arméc se plaint,

murmure, el ellea raison. D'aillcurs je sais volrc

force; j'ai complé vos balaillons aussi cxaclc–

mcntque les miens. Ici,en ligne, vous n'avez pas

200 mi llehommcsu m'opposc1', cLj'cn ai trois fois

aulnnt. Je vousdonnc mn parolc d'honncur que

j'ai

~50

millchommcs clecc cótédc laVislulc. Les

Tures

ne

vous scront

d'aucune

utililé; ils ne

sonl bons

h

rien , et vicnncnL ele le prouvcr en

signant la pnix avcc vous. Les Suédois sont elcs–

linés :\ clrc menés par des cxtravagants. lis

avaicnt

un roi fou;

ils

le ehangent, et ils en

prcnncnl un qui dcvicnl fou aussilóL, car il faut

l'cLrc pour s'unir

il

vous qunnd on csL Suédois.

~lnis

que sont au surplus lous ces alliés ensem–

ble? que pcuvcnt-ils? J'ni ele bien aul1·cs alliés

dans les Polonais! ils so11l 80 mille, ils se bnt–

lenL nvcc rngc, et seronl bienlót 200 millc. Je

vais vous cnle\

1

C'r les provinccs polonaises; j'óte–

rai

a

lOllS les pare11ls de \'O[l'Cfnrnille régnanlc

ce qui lct11· rcslc en Allcmagnc. Je vous les rcn–

vcnni

tous snns couronne

el

sans palrimoine.

Ln Prusscelle-mcmc, si vousparvcncz

a

l'ébran–

lcr, je l'c!Taccrai de la carie el'Allcmngnc, el je

vous donncrni un cnnemi.juré pour \

1

oisin. Je

vais vous 1·cjclc1· nu dela ele la Dwinn et du

Dniépcr, el rélablir conlrc vous une barriere

que l'Europc n

été

liicn coupablc el bien avcuglc

de laissc1· abt1t.l1'c. Voilñ ce que vous nvcz gagné

;'1 l'Ompre :w{'e

moi rt ll qniltrr mon nlli:rncf'.