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206

LIVRE QUARANTE-QUA'fRIEME.

objels, Napoléon donna tous ses soins

1

une

alfnirc devcnue Ja plus urgente de loulcs ccllcs

qui pouvaicnt atlircr son attention, J1alfoirc des

virres et des conrois. D

1

abord, avec les m;:u;ons

de Ja gardc el eeux du maréchal Davoust, il

ordonna Ja conslruelion

a

Wilna de fours capa–

blcs de cuirc cent mille rations par jour. Les

charpenlicrs manquant po111· fo<;onncr eles ein–

lrcs, on les prit dans les corps.Les briques, scul

gcnre de matériaux qu'onpút cmploycr dans ce

¡rnyso

U

lapicrrcétait mrc, ne se trouvaicnt mal–

l1eurcuscmenl qu',\ quclque distanee de Wilna.

Adéfautdcs chevaux deJ'arlilleric, prcsque tous

épuisés, Nnpoléon n

1

hésita point U

rc1¡uérir

les

chcvaux ele voiture des états-majors, afin de

transporter les briques

11

picd d'reuvrc. Chaque

jour il allait Jui-méme examiner Je dcgréd'avan–

cerncnt de ces

lravaux.

La conslruclion des fours n'était pas Ja seule

des diffieultés

11

vainere pom· assurer

o

Wilna Ja

suhsistancc <le l'arméc. Les grains

1

malg1·é les

rnvagcs de l'cnncmi, étaicnt nsscz abondnnts.

Mais les Russcs, n'ayant pas toujours

le

temps

de les délruire, s'attaquaicnt parlieulicrement

aux moulins.

11

fallait done les réparer, ou

rcquérirccux qui étaient intncts, pour convertir

Je grain en farine. Pro1•isoirement, on prit les

forines du ·I" corps, toujours Je mieux appro–

visionné, snuf

a

Jui en tcnir comptc plus lard.

Quant aux boulangcrs pour pétrir et cuirc le

pain,

OH

en a\'Uit suffisammcnt, g

1•d.cc

h

CCUX

elont Ja gardc el le

1"

corps s'étaicnt pourvus.

Napoléon songca cnsuitc

a

créer de grands

nrngasins, tant

u

Kowno et

i1

Wilna que dans les

villes elonl on allaitsuccessivement s'ernparcr.

JI

résolut de fnirc en Lithuanie une réquisition

de 80 millc quintaux de grains, d'unc <JUantité

proporliun11éc d'avoinc, de paillc, de foin, de

foul'l'agc, etc. Quant

i1

la viandc, clic abondait,

gdcc au bétail qui avait étéamcné surpicd

n

Ja

suite des

lroupcs.

La dysscntcric mCmc, qui

commcn~niL

ú

se répandrc, tcnaiL en partic U la

grande quantiléde viandc mangéc saos sel, sans

pain

1

sans \'in. Napoléon ordonna qu'aprCs ces

prcrniCrcs

ré11uisitions

on se procurcrait, soit 3

cornptc des contributions ducs par Je pays, soit

1t

prix cfnrgent, un million de quintaux de grains.

Si Ja récoltc élait bonne, et que Ja moisson ne

ftl t point lroubléc par la gucrrc, il n'étail pas

impossiblc de rénliscr cct immcnsc approvision·

ncmcnt.

Les moyens de transport, i1¡dispensablcs

a

njoulcr aux :ipprovisionnements, réclamaient

une nouvclle intervention deJa puissantc volonté

de Napoléon. Les premiers convois, dirigés par

le colonel B.astc, qui en plus d'un endroit avait

été obligé ele fairc curcr les canaux, et auquel

il

en avait coúté des peines infinies pour appro–

prier les batirnenls

a

la nalurc des cours d'eau,

venaient de franchir Ja distance de Dantzig

a

Kowno. Napoléon en ressentit une vraie joic.

Mais

il

restait a faire remontcr ces convois ele

Kowno

a

Wilna par la rivicre sinueusc de la

Wilia. C'était un trajct de vingt jours, prcsque

aussi long que cclui de Dantzig

a

Kowno, bien

que la distancc ne fUL que d'un cinquierne ou

d'un sixieme. Napoléon fit reunir des bateaux

pour cssayer, avcc le sccours des marins de la

gardc, d'abrégcr cctte navigation. Son projet, si

cetessai ne réussissait pas, était d'y rcnonccr, et

de Ja rcmplacer par une grande cntrcprisc de

transports par terre, qu'il se

propos~it

de con–

ficr

n

une compagnic de juifs polonais. Les

grains n'élr1nt pus difficiles

1

trouver dans les

licux ou l'onétaiL, il limita les objets

o

transpor–

tcr nux farincs, et apres les farincs aux spiri–

tueux, au riz, aux cffcts d'habillcmcnt, aux

munitions d'artillerie.

L'organisation qu'on avait donnéc

aux

équi–

pagcs militaircs n'avait pas cu lesrésultatsqu'on

en atlcndait. On avait pcrdu, de l'Elbe au Nié–

mcn, une moitié des "oiturcs, un ticrs des chc–

vaux,

un quart des hommcs. Ainsi

que aous

J"avons <lit, les ehars légers

o

Ja comtoisc étaicnt

seuls arrivés.

JI

en restait toulcfois un certain

nombre en 31•rii:rc. Napoléon décida qu'on lais–

serait

a

Wilna les chars du nouveau modele

comrnc trop lourds;qu'on n'amCncrait

en

Russie

que les caissons d'ancien modele et les chars

o

la

comtoisc, muis que Je train d'artilleric ayant

pcrdu bcaucoup de cbcvaux, et les munitions de

gucrrc Jui scmblanl plus néccssairesque Jepain,

car si dans les champs on trouvait <;n et Jaquel–

qucs vivrcs, on ne trouvail nullc part des gar–

gousscs et des cartoucbcs, on oppliquerail

a

rartillcric unepartic des chcvauxdes équipagcs.

Quant

nux ''oiturcs

qui

rcstcrnicnl ainsi saos

attelagcs, il ordonna d'y attclcr des booufs, et,

lorsqu'on n'aurait pas de breufs, des chcvaux

du pays, cspcce pelitc, muis forle, et dure

i1

la

fatigue, quoiquc infcetéc eomrnc les hommcs de

l'horriblc maladiede la plique. Molhcurcusemcnl

ces ordres étaient plus fuciles

a

donncr qu'a exé–

cutcr,

car

il n'était pos aisé

de

se procurcr des

jougs pourattelcr les breufs, des fcrspour garan–

tir lcurs pieds, des boll\'icrs pour les conduire.